espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Événement > Le cirque noir de Stereoptik

Le cirque noir de Stereoptik

par Pierre Magnetto
La dernière représentation de la trapéziste.
La dernière représentation de la trapéziste.
Dessins et musique mélangés par deux artistes en osmose.
Dessins et musique mélangés par deux artistes en osmose.
C'est la musique qui imprime le rythme de la narration graphique.
C'est la musique qui imprime le rythme de la narration graphique.
Arts vivants Théâtre Publié le 01/12/2016
Le duo de musiciens et plasticiens Stereoptik reprend "Dark circus" au Théâtre Monfort. La création a été présentée pour la première fois à Avignon en 2015. Un conte sombre, émouvant et poétique écrit par Pef.

Tout commence comme quand arrivent les cirques. Une voiture parcourt les rues de la ville haranguant les passants depuis son mégaphone fixé sur son toit : « venez nombreux, soyez malheureux ! ». Drôle de manière d’annoncer le spectacle mais il faut dire que le cirque auquel est convié le public n’est pas comme les autres. C’est le Dark circus, le cirque sombre, interprété par la compagnie Stereoptik jusqu’au 17 décembre au Théâtre Monfort à Paris. Dark circus c’est l’histoire d’un cirque dans lequel les artistes ont signé un contrat pour une représentation unique, et pour cause, le dompteur est mangé par le lion, le lanceur de couteau poignardé par son acolyte, l’homme-canon pulvérisé dans les étoiles, la trapéziste écrabouillée sur le sol… La mort ponctue chaque numéro.

Le fruit d’une rencontre improbable. Mais Dark circus, c’est aussi le fruit d’une rencontre improbable, celle de Jean-Baptiste Maillet et Romain Bermond, le duo composant la compagnie, avec l’auteur et illustrateur Pef. C’est lui, l’auteur du Prince de Motordu, qui en près de 40 ans de carrière a marqué l’édition jeunesse par ses textes et ses illustrations, qui a écrit ce conte finissant bien, qu’on se rassure. Un texte scénarisé, mis en musique et en dessins par le duo Stereoptik. « J’avais rencontré Pef bien avant de créer la compagnie et nous étions devenus amis, confie Jean-Baptiste Maillet. Il avait vu et aimé nos précédents spectacles. On s’était dit qu’un jour on travaillerait ensemble. Et puis le temps a passé et il nous a proposé cette histoire, c’était à un moment où nous voulions faire appel à un auteur extérieur mais nous ne sommes pas allés le chercher, les choses se sont faites naturellement ».

Le résultat, c’est un conte poétique, graphique et musical obéissant aux codes de Stereoptik qui mélange dessins et musique. Les dessins de Romain, réalisés en direct*, sont projetés sur grand écran au centre de la scène. Des images en noir et blanc puis en couleur, modelées sur un tapis de sable, projetées en ombre chinoise, dessinées au fusain, à la craie, à l’encre, avec des décors déroulants qui créent du mouvement. Jean-Baptiste, lui, joue l’homme-orchestre. Ses compositions musicales sont aussi interprétées en direct, parfois préenregistrées quand il prête main-forte à son complice pour manipuler des figurines devant la caméra qui filme et projette les images en live. « Nous ne sommes pas des spécialistes d’une technique, on en utilise plein, des différentes, il y en a même qu’on découvre en créant les spectacles. Mais la technique doit être au service de ce qui nous intéresse vraiment, raconter des histoires. »

Musiciens et plasticiens à la fois. La narration suit le tempo, c’est la musique qui donne le rythme. Il faut dire que les deux artistes ont suivi des chemins parallèles. Ils se connaissent depuis longtemps, ayant joué dans la même fanfare, l’un à la grosse caisse l’autre à la caisse claire, avant de se lancer dans un duo de percussions puis dans les arts plastiques. « Nous sommes tous les deux musiciens et plasticiens. On commence toujours par un travail rythmique très précis qui dirige tout le spectacle, poursuit Jean-Baptiste Maillet. Ce serait impossible de faire un spectacle comme ça avec un plasticien qui n’aurait pas le sens du rythme ou avec un musicien qui ne serait pas plasticien ».

Mais ce n’est pas d’un simple mélange formel d’expressions artistiques que naissent l’émotion et le merveilleux. C’est bien grâce à l’osmose entre les deux interprètes que fonctionne ce qui était leur intention initiale. Le soir de la première, le Monfort a fait salle comble. Il faut dire que le spectacle était précédé par sa réputation. La création a été montrée pour la première fois à Avignon en 2015, sélectionnée dans le In et présentée par Olivier Py cette année-là comme « un des quatre meilleurs spectacles du festival ». « C’est un vrai régal de voir le public réuni, épaté de la même manière qu’il devait l’être au temps des toutes premières projections du cinématographe », commente Pef. Assis sur les fauteuils et les strapontins, des spectateurs de toutes générations, enfants, ados, parents, grands-parents. Des rencontres avec le public, Jean-Baptiste Maillet s’est forgé une conviction, celle que « tout le monde peut avoir sa lecture du spectacle, quel que soit son âge, sa culture, son milieu social. Et ça, ça nous touche, ça nous encourage ». Et le spectacle de se terminer avec un dernier texte de Pef, poétique, lumineux, émouvant, projeté sur fond noir, qui éclaire toute l’histoire. Un texte à découvrir au Monfort à l'issue de la représentation.

 

*A chaque représentation, le spectacle de Stereoptic n’est ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, en raison de la réalisation en direct des dessins qui, bien que représentant la même chose, ne sont pas complètement identiques. Stereoptic en a réuni une cinquantaine à l’Espace Pierre Cardin, au Théâtre de la ville, avec des installations manipulables. Une manière de pénétrer dans les coulisses de l’univers de Stereoptic.

 

À Paris jusqu’au 17 décembre 2016, Le Monfort Théâtre. À Marseille du 17 au 21 janvier, Théâtre de La Criée. À Rouen du 31 janvier au 3 février, CDN Normandie. À Strasbourg du 7 au 10 février, Le Maillon. À Hong Kong du 23 au 25 février, Hong Kong Arts Festival. À Blois du 8 au 10 mars, Scène nationale La Halle aux grains. Pour les autres dates de la tournée, consulter le site de la Cie Stereoptik;

Partager sur
Fermer