espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Oeuvre > « SAMO. A Tribute to Basquiat », les combats d’un artiste

« SAMO. A Tribute to Basquiat », les combats d’un artiste

par Véronique Giraud
SAMO. A TRIBUTE TO BASQUIAT. De Koffi Kwahulé.
Mise en scène: Laëtitia Guédon. De gauche à droite, Willy Pierre-Joseph, Yohann Pisiou, Blade MC Alimbaye.
©Tristan Jeanne-Valès
SAMO. A TRIBUTE TO BASQUIAT. De Koffi Kwahulé. Mise en scène: Laëtitia Guédon. De gauche à droite, Willy Pierre-Joseph, Yohann Pisiou, Blade MC Alimbaye. ©Tristan Jeanne-Valès
SAMO. A TRIBUTE TO BASQUIAT. De Koffi Kwahulé.
Mise en scène: Laëtitia Guidon. Le danseur et chorégraphe Willy Pierre-Joseph devant Yohann Pistou (à droite), et Blade MC Alimbaye, Nicolas Baudin (tous deux à gauche). ©Tristan Jeanne-Valès
SAMO. A TRIBUTE TO BASQUIAT. De Koffi Kwahulé. Mise en scène: Laëtitia Guidon. Le danseur et chorégraphe Willy Pierre-Joseph devant Yohann Pistou (à droite), et Blade MC Alimbaye, Nicolas Baudin (tous deux à gauche). ©Tristan Jeanne-Valès
SAMO. A TRIBUTE TO BASQUIAT. De Koffi Kwahulé.
Mise en scène: Laëtitia Guédon. Yoann Pistou incarne Basquiat, tandis que Blade MC Alimbaye dit sa poésie et sa rage. ©Tristan Jeanne-Valès
SAMO. A TRIBUTE TO BASQUIAT. De Koffi Kwahulé. Mise en scène: Laëtitia Guédon. Yoann Pistou incarne Basquiat, tandis que Blade MC Alimbaye dit sa poésie et sa rage. ©Tristan Jeanne-Valès
Arts vivants Théâtre Publié le 09/04/2017
La force critique des œuvres de Basquiat est restée intacte. Et rare. Et souvent incomprise. Ce fils d’une famille bourgeoise de Brooklyn a pris très tôt le chemin de la rue pour écrire et peindre sur les murs entourant les galeries de Soho. Revendiquant le statut d'artiste américain. Sa singularité complexe, qui a donné naissance à un art urbain aujourd’hui reconnu, est au cœur de la pièce de Laétitia Guédon.

« Je suis Américain », « Je ne tagge pas, je fais de la peinture depuis le début », « The same old shit » (la même vieille merde), Laetitia Guédon fait cogner les mots de Koffi Kwahulé, comme Jean-Michel Basquiat les martelaient sur les murs des rues de Soho en signant SAMO© et exister à la face du monde. Pour sa dernière création, intitulée SAMO - A Tribute to Basquiat, la metteure en scène a choisi un auteur et quatre créateurs et interprètes afin de donner sa densité à un artiste hors normes. Tour à tour ou ensemble, sa pensée combattive et son rapport difficile au père, son élégance d’infatigable danseur, son combat de boxeur de la survie et de l’injustice, la justesse de son intuition musicale. Laetitia Guédon nous fait d’emblée comprendre qu’il s’agit pour elle d’un sujet hautement sensible et que si elle se confronte avec une telle icône ce n’est pas pour peindre un portrait convenu mais pour aller au fond des choses. Et ramener sur la scène la complexité et la richesse d’un être trop souvent perçu à travers des clichés réducteurs.

Les phrases, répétées, déchiquetées, cisèlent la lointaine détermination de l’artiste, comme la souffrance de l'adolescent métisse né en 1960 dans une Amérique où les chauffeurs de taxi ne s’arrêtent pas quand un noir les hèle, où les artistes reconnus ne sont pas noirs. Koffi Kwahulé a su saisir les mots de Basquiat, ceux qui font écho à sa vision. Leur simplicité incisive, fragmentée, trouve écho dans les mouvements des corps et dans la musique. Les sons viennent de partout, des voix des comédiens, des instruments du musicien, les mots parlent, chuchotent sur la musique. La palette de Laetitia Guédon est riche, sans être brouillonne : un musicien, un danseur, deux comédiens, l’œuvre d’un artiste vidéaste sur écran. Le mouvement est permanent, du son, des corps, des images, des voix d’un micro à un autre, des peintures et des courts textes de Basquiat projetés par mapping.

La blessure est profonde. Restée béante, elle attise la création de Basquiat, le rend plus combattif pour rester celui qu’il veut être, un artiste américain génial. Alors que le monde veut le voir noir et haïtien. Le texte de Koffi Kwahulé, écrit en 2017 avec les matériaux d’une existence des années 80, résonne avec aujourd’hui. Cette Amérique, l’Amérique de Basquiat, a-t-elle changé ? La fureur semble intacte, la ligne entre les hommes aussi. La rue, entre survie et art urbain, est ce que nous a légué SAMO, Jean, Jean-Michel, Basquiat.

 

SAMO - A Tribute to Basquiat Cie 0,10. Texte : Koffi Kwahulé. Mise en scène : Laetitia Guédon. Avec : Yohann Pisiou, Willy Pierre-Joseph, Blade MC Alimbaye et Nicolas Baudin. Musique : Blade MC Alimbaye et Nicolas Baudino. Lumières : David Pasquier. Scénographie : Emmanuel Mazé. Vidéo : Benoit Lahoz. Au Théâtre de La Loge Paris, les 4,  5, 6, 7, 11, 12, 13, 14 avril à 21h00. Théâtre Victor Hugo, Bagneux, le 21 avril. Le Quai des Arts, Argentan, le 27 avril.

Partager sur
à lire aussi

Entretien avec Laetitia Guédon
Fermer