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Mot de passe oublié ?Porto a sans doute moins le vent en poupe que sa grande sœur Lisbonne. Mais, en parcourant ses rues, remonte en son cœur de ville un passé grandiose, aux parfums d’Inde et de Brésil, dans le sillage de riches colons revenus dans leur ville natale où ils ont fait construire de beaux hôtels particuliers décorés de trésors lointains. Son centre historique, le quartier de la Ribeira, aux ruelles pavées et aux maisons médiévales bordant le fleuve Douro, a été classé par l’UNESCO sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, ses églises sont recouvertes de l’or d’Amérique du Sud et, après des années de repli, la ville trouve un dynamisme nouveau pour mettre à neuf ses plus beaux atours et s’ouvrir au monde. Ses nouvelles constructions l’inscrivent dans la modernité européenne. Parmi elles, la Casa da Mùsica, dont la surprenante architecture a été conçue par le Néerlandais Rem Koolhaas pour accueillir depuis 2005 toutes les formes de musique, et le musée de la Fondation Serralves, imaginé comme une première fenêtre ouverte sur l’art contemporain.
Serrages, la maison, le musée. Installée dans un parc magnifique, la fondation réunit la Casa Serralves à un musée. La Casa est un exemple remarquable de l’architecture des années 30. Sa décoration intérieure et ses proportions reflètent en tous points l’harmonieuse élégance du style art déco, signée ici par ses plus grands contributeurs, dont Lalique, Perzel et Ruhlman. Quant au musée, signé Alvaro Siza Vieira, un artiste-architecte du fonctionnalisme radical, il épouse les inclinaisons du sol, interrompant l’horizon d’une simple ligne blanche par-delà les bosquets et les jardins à la française, avec la seule prétention de se fondre dans son environnement végétal. Depuis l’ouverture en 1999, musée et parc se prêtent aux expositions, aux concerts, représentations de théâtre et de danse, et autres festivités artistiques.
La collection de la fondation recèle quelque 4300 œuvres, 1700 lui appartenant en propre, le reste étant prêté par différentes collections privées et publiques. Outre la présentation de cette collection, qui s’étend des années 60 à aujourd’hui, le musée organise régulièrement des expositions temporaires. Donnant le la, l’exposition inaugurale de 1999 avait pour titre CIRCA 1868. Elle réunissait des œuvres réalisées dans les années 60 et 70 qui éclairaient une période historique des transformations politiques, sociales et culturelles, ayant traversé le monde. L’ère post-moderne est le point de départ d'une collection qui aujourd’hui se développe avec les créations du XXIe siècle, entre performances, architecture et contemporanéité, dans un contexte post-colonial et un présent globalisé.
Aux côtés des très connus, Tapiès, Arroyo ou Miro, dont une grande exposition a eu lieu en octobre 2016 autour des 80 œuvres de la collection d’une banque nationalisée, le musée donne l’occasion de découvrir de jeunes artistes du monde entier, dont les créations sont parfois peu accessibles au grand public. À la tête du Musée d’Art contemporain de la Fondation Serralves depuis 2013, l’Australienne Suzanne Cotter y a présenté plusieurs expositions ambitieuses, ponctuées de collaborations marquantes avec de grands artistes contemporains, dont Julie Mehretu, Philippe Parreno, Wolfgang Tillmans, Helena Almeida ou encore Yto Barrada. Elle a aussi ouvert le lieu aux performances chorégraphiques, de Boris Charmatz à Trajel Harrell ou Michael Clark.
Suzanne Cotter vient d’être nommée directrice générale du Musée d’Art Moderne de Luxembourg, elle prendra ses fonctions au 1er janvier 2018. Si on ne connaît pas encore le nom de son successeur, l’année 2018 débutera le 13 janvier par une nouvelle exposition de la collection du musée dont elle a assuré le commissariat : La collection Serralves : 1960-1980. Rappelant le contexte international de la collection d'un musée qui s’affirme comme un des haut lieux de l’art contemporain au Portugal.