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Mot de passe oublié ?En contre bas de la scène de l’opéra Corum de Montpellier, apparaît un visage révélé par un halo de lumière. Le baryton-basse Thomas Tatzl, accompagné au pianoforte par James Vaughan, se prépare à chanter l’amour et le désespoir d’un homme trahi par sa bien-aimée. Des sentiments que déclinent les vingt-quatre poèmes de Wilhelm Müller, mis en musique par Schubert dans son cycle de Lieder Wintereise (Voyage d’hiver, 1827). Le lien avec le public tient de l’intime, tandis que sur scène les danseurs du Ballet Preljocaj évoluent en tableaux. Après avoir conçu la pièce pour le Ballet de la Scala de Milan, qui fut créée en janvier 2019 accompagnée par l’orchestre symphonique du théâtre italien, Angelin Preljocaj a choisi de la transcrire pour douze des danseurs de son ballet, avec un pianoforte, instrument pour lequel a été originellement composé le chef d’œuvre.
Inspiré par l’opposition que crée l’énergie musicale de Schubert avec la langueur lyrique du poème, le chorégraphe s’est laissé emporter par la musique du compositeur autrichien. Les douze danseurs et danseuses évoluent avec une grande vigueur, ponctuée de rares enlacements. Les gestes sont vifs, les mouvements emportés puis vivement stoppés, les mains ne prolongent pas les corps vers l’infini, elles s’anglent pour barrer toute volupté. L’impression donnée est celle d’une lutte sans répit, menée dans le froid de l’hiver, sous les flocons de neige, par des duos habillés de noir, qui s’exécutent à l’unisson.
Winterreise. Chorégraphie : Angelin Preljocaj avec les danseurs du Ballet Preljocaj. Musique : Franz Schubert. Baryton basse : Thomas Tatzl. Pianoforte : James Vaughan. Création les 1er, 2, 3 juillet, Opéra Berlioz, Le Corum. Festival Montpellier Danse 2019.