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The Jewish Hour, On ne badine pas avec Israël

par Véronique Giraud
Uns scène de The Jewish Hour, avec Stéphanie Aflalo et Gaël Sall. © Jeremie Bernaert
Uns scène de The Jewish Hour, avec Stéphanie Aflalo et Gaël Sall. © Jeremie Bernaert
Arts vivants Théâtre Publié le 11/10/2021
"The Jewish Hour", c’est le titre d’une nouvelle émission de radio, diffusée en Israël. Pour se lancer, l’équipe a choisi de débattre de l’antisémitisme. L’humour, présent de bout en bout dans cette pièce de Yuval Rozman, décline tout sa palette, jusqu’à devenir cruel.

C’est la première d’une émission, en direct d’une ville d’Israël. Le plateau est en place, la table de l’ingénieur-son aussi, le technicien et la présentatrice débutante s’apprêtent à recevoir les invités de The Jewish Hour. Avec quelques actualités, entrecoupées de messages promotionnels et d’appels au don, le ton est badin, l’humour reprend les clichés proclamés et autoproclamés de la société juive, dont l’humour atteint souvent les sommets de l’art.

Mais, imperceptiblement, les choses se mettent à déraper. D’un invité à un autre, rabbin, sportif, Bernard Henri-Lévy, le burlesque l’emporte mais le ton se fait plus mordant, jusqu’à devenir féroce, brutal. Peut-on parler de tout ? Y a-t-il des sujets qui provoquent des réactions dramatiques ? C’est ce que démontre l’auteur de la pièce, Yuval Rozman, qui a choisi comme cible BHL, adulé en Israël mais souvent la cible des entartreurs et de la presse en France. C’est aussi le parcours de Yuval Rozman qui, après avoir été emprisonné pour avoir déserté l’armée israélienne, après avoir subi l’opprobre dans son pays pour des œuvres jugées trop critiques, est venu vivre en France et, à sa grande surprise, s’est trouvé rangé dans la case du juif, confronté à l’antisémitisme et à la responsabilité du conflit israélo-palestinien.

 

Une tension électrique. The Jewish Hour tire sur les deux camps, les juifs et l’antisémitisme, sans laisser au spectateur le temps d’analyser ce qu’il voit et ce qu’il entend. Puis, comme si l’on ne pouvait pas parler d’Israël et des Juifs sans propos excessifs dans la célébration comme dans l’antisémitisme, la pièce va déraper. Jusqu’au bruit assourdissant du concert final, qui augmente la tension déjà très électrique.

Les trois acteurs servent sur tous les tons et toutes les grimaces cette pièce explosive. Stéphanie Aflalo, en animatrice de radio, exprime avec brio ce que l’on peut supposer d’ambition professionnelle et d’assurance en soi dans le milieu des médias. Sa silhouette gracile accusera la lente dégradation de l’entretien, que Gaël Sall perruqué en BHL assumera.

La pièce, lauréate du Prix Impatience 2020, est le second opus d’une trilogie sur le conflit israélo-palestinien, que Yuval Rozman appelle Trilogie de ma terre. Le premier volet, TBM -Tunnel Boring Machine, en abordait l’angle politique, et le troisième, Adesh, pour lequel l’auteur a obtenu une résidence d’écriture de deux mois en Cisjordanie grâce à l’Institut Français, traitera de son économie, du rôle que joue l’argent dans le conflit israélo-palestinien. Autant de thèmes que l’auteur traite sans se préoccuper du politiquement correct. Désarmant !

 

The Jewish Hour, texte et mise en scène de Yuval Rozman. Au Monfort Paris, du 30 septembre au 9 octobre / Au CentQuatre Paris du 19 au 23 octobre / Au théâtre du Nord à Lille du 2 au  4 maris 2022.

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