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Art des îles Féroé, un éclat de soleil à la Maison du Danemark

par Véronique Giraud
Kinna Poulsen, commissaire de l'exposition Un éclat de soleil, Art des îles Féroé. © Rivaud/NAJA
Kinna Poulsen, commissaire de l'exposition Un éclat de soleil, Art des îles Féroé. © Rivaud/NAJA
"Un éclat de soleil, l'art des îles Féroé", inaugure Le Bicolore, lieu d'exposition de la Maison du Danemark à Paris. © Rivaud/NAJA
Ingalvur av Reyni. Intérieur Printemps, 1947.DR
Ingalvur av Reyni. Intérieur Printemps, 1947.DR
Hansina Iversen. Sans titre, 2021. DR
Hansina Iversen. Sans titre, 2021. DR
Rannva Kunoy. Untitled, 2021. DR
Rannva Kunoy. Untitled, 2021. DR
Arts visuels Arts plastiques Publié le 17/01/2022
La Maison du Danemark à Paris inaugure son espace Le Bicolore avec l’art méconnu des îles Féroé. Les quatre peintres choisis, issus de trois générations différentes, ont en commun de capter la lumière. Éblouissant !

La salle d’exposition de la Maison du Danemark des champs-Élysées à Paris s’est refait une beauté. Conduit par l’agence Cobe, l’espace devient en 2022 Le Bicolore. Car, comme l’explique en souriant son directeur artistique, « le drapeau danois est comme le drapeau français sans le bleu ». Et d’ajouter que « dédié à un art danois contemporain plus pointu qu’avant, Le Bicolore souhaite refléter les dynamiques créatives et polémiques au Danemark ». Une nouvelle ère s'annonce donc pour le lieu et, pour l'accompagner, une nouvelle plateforme digitale propose podcasts, films, articles, avec un design très caractéristique et une fonctionnalité innovante créés par l’agence danoise Urgent Agency car « Nous souhaitons toucher tous les Français et tous les francophones avec l’art et la culture danoise » poursuit le conseiller culturel Klaus Ib Jorgensen.

 

Inaugurant ces nouvelles perspectives, l’exposition Un éclat de soleil, et les événements programmés qui l’entourent, doivent permettre de lier l’art et la culture des îles Féroé avec la scène artistique française. « C’est ce genre de liaisons que nous souhaitons développer avec La Maison bicolore ». Kinna Poulsen, à qui a été confié le commissariat de l'exposition, a choisi la lumière comme élément fédérateur. « La lumière joue un rôle essentiel dans l’art féroïen, explique-t-elle, tout en précisant que, si elle a choisi de présenter des peintures, « nous avons bien d’autres expressions artistiques, des sculptures, des installations très engagées dans l’art du climat et le féminisme, et Steinprent, un grand atelier graphique devenu au fil du temps un centre d’art et de culture des îles Féroé. »

 

Un art très jeune. La production artistique féroïenne date seulement des 100 dernières années, et tout a commencé avec la peinture. C’est aujourd'hui l’expression artistique dont le pays a le plus d’expérience, et c'est à quatre peintres que la commissaire a proposé de participer à l'aventure. L’un d'eux, Nielse Kruse, est un pionnier. Autodidacte, il a peint uniquement des paysages dans un style qui peut s’apparenter à un romantisme national. Samal Jonson est lui le premier peintre professionnel des Féroé. Formé à l’académie des Beaux-Arts de Copenhague, il initie un nouvel élan à la peinture. Depuis lors, la tradition est d’aller se former au Danemark, où domine l’influence de l’art français. Le tableau Intérieur, Printemps (1947) d’Algebur Akenin en témoigne. Son professeur, féru du post impressionnisme, et de Cézanne en particulier, utilisait beaucoup les théories d’une peinture coloriste en aplats. « Ces références françaises influenceront l’art féroïen naissant et jetteront les bases d’un colorisme étincelant qui continue d’animer la peinture féroïenne ». Zacharias Heinensen a lui-même revendiqué Paul Cézanne comme modèle artistique de ses premières productions. Son tableau, Paysage libre (1993), décompose en facettes colorées les paysages des îles Féroé. De ses aplats bleus et verts, de ses superpositions de glacis, il traque la sensation opérée par la lumière de l’eau et du ciel, tandis que de petits aplats blancs et orange vif font émerger l’idée d’un bateau, d’une maison. « Il capte non pas ce qu’on voit quand on est dans la nature féroïenne mais le sentiment qu’elle peut nous inspirer. En Féroïen, il existe cinquante mots pour exprimer la pluie, de l’humidité aux gouttelettes et à la forte pluie. Avec ses paysages, Heinensen a l’art de capter l’humidité dans la nature » commente la commissaire. Cette abstraction colorée fera école, comme l’illustrent les œuvres de Hansina Iversen. Chez elle, la courbe remplace l’angle, et une circulation s’opère entre les formes organiques. Dans les tableaux qu'elle a réalisé pour l'exposition, sa palette étincelle de lumière et de douceur, ses teintes pastel jouant avec des aplats rouges vifs. Ses créations s’éloignent d’une représentation abstraite du paysage pour couvrir la toile d'une sorte de nuée apaisante, produisant une lumière extrême.

Rannva Kunoy, la plus jeune, a choisi de vivre à Londres, mais c’est bien de la lumière de son île Féroé dont font état ses deux grands tableaux réalisés pour l’exposition. Foisonnant de signes sur des fonds changeants, ils sont réalisés avec un pigment spécial et donnent l'impression que la lumière et ses particules sont perçues à travers un microscope. « Ses tableaux ne décrivent pas la lumière, ils la donnent. Il faut bouger pour apprécier ses tableaux » commente Kinna Poulsen.

 

Une vraie découverte. En France, et à Paris, cette irruption de l’art féroïen est une grande nouveauté. Et le choix du motif de la lumière pour le montrer vient à point nommé, surgissant dans l’atmosphère grise de janvier, et dans la période sombre que vit le monde aujourd'hui, mais surtout définissant un art insoupçonné de l’extrême nord de l’Europe. Avec seulement quatre artistes, la variété d’une production à peine centenaire fait entrevoir la richesse et la singularité d’une culture dont tout est à découvrir. Exposés quasi uniquement au Danemark (très peu), parfois à Londres, les artistes ne sont pas montrés ailleurs en Europe. Un constat étonnant tant la qualité des œuvres est grande.

 

Un éclat de soleil, Art des îles Féroé. Du 14 janvier au 13 mars 2022, Le Bicolore, Maison du Danemark, 142 avenue des Champs-Élysées - Paris.

 

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