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Immersion dans le monde de Banksy

par Pierre Magnetto
Fouille au corps, mur de Béthléem
Fouille au corps, mur de Béthléem
Fille triste, porte du Bataclan
Fille triste, porte du Bataclan
La fille au parapluie Nouvelle Orléans
La fille au parapluie Nouvelle Orléans
Rage, the Flower thrower , L'homme au bouquet de fleur, Jerusalem
Rage, the Flower thrower , L'homme au bouquet de fleur, Jerusalem
Bataille de polochon, Walled Off Hotel
Bataille de polochon, Walled Off Hotel
Arts visuels Street-Art Publié le 30/04/2022
The World of Banksy, exposition regroupant une centaine d’œuvres du célèbre graffeur anonyme, est organisée simultanément à Paris, Barcelone et Bruxelles. Une pérégrination à travers les réalisations parmi les plus célèbres d'un artiste tout aussi poétique que politique.

« De toute façon, même si je vous disais son nom, vous ne me croiriez pas. Moi-même, je ne suis pas certain de connaître sa véritable identité. » L’anonymat de Banksy, le plus inconnu des graffeurs célèbres, est loin d’être levé. Et Hazis Varvar, l’homme qui organise simultanément trois expositions en Europe consacrées au street artiste (Paris, Bruxelles, Barcelone)*, fait tout pour entretenir le flou. Alors, on ne saura pas par qui ni comment il s’est procuré les pochoirs et reproductions de tableaux encadrés ayant permis de présenter une centaine d’œuvres originales de Banksy dans ses lieux d’expositions. « Je les ai reçus par courrier », dit-il sans vraiment convaincre. Quant au fait de savoir si l’artiste, dont les sources de revenu restent assez peu connues, touche des royalties sur les billets d’entrée, on n’en saura rien.

Expérience immersive dans le monde de Banksy. Mais il faut bien l’avouer, l’intérêt de cette exposition qui a ouvert ses portes à Paris en juin 2019 et qui jusqu’à il y a peu est restée plutôt confidentielle en raison de la crise sanitaire et de la fermeture des lieux de culture, réside avant tout dans le parcours spatio-temporel au cœur de l’œuvre du très poétique et très politique Banksy. « Nous avons regroupé les œuvres suivant les périodes et les zones géographiques de leur réalisation. Cela permet de les replacer dans leur contexte et de souligner l’engament de l’auteur », poursuit celui qui est tout à la fois le producteur, le concepteur et le scénographe de l’expo. On suit les pérégrinations de l’artiste à Londres, à Paris, à New-York, à Jérusalem… Avec à chaque fois le sentiment d’une plongée immersive dans son univers très subversif, lui.

La jeune fille triste sur la porte de l’issue de secours du Bataclan. Ainsi, le visiteur peut voir de près des graffs parmi les plus renommés de l’artiste, comme Rage, the flower thrower, le manifestant jetant un bouquet de fleurs comme on lancerait un cocktail molotov, peint en 2003 dans les rues de Jérusalem. La Jeune fille triste, peinte sur la porte de l’issue de secours du Bataclan dans le passage Saint-Pierre Amelot, par laquelle une partie du public piégé dans la salle a pu s’enfuir le soir de l’attentat du 13 novembre 2015, est visible dans un coin sombre de l’exposition sous un éclairage crépusculaire avec à ses pieds un bouquet de fleurs et des bougies. Volée en janvier 2019, la porte a été retrouvée récemment et les auteurs du délit mis en examen.

Pieds de nez aux voleurs. Faire un pied de nez à celles et ceux qui volent ses œuvres réalisées dans la rue sans contrepartie financière est un petit plaisir que s’est offert Banksy. Il n’est pas rare en effet que certaines de ses œuvres soient découpées à même leur support. En 2013 le street artiste avait installé sans le faire savoir un stand sur un trottoir de Central Park à Manhattan pour y vendre des œuvres originales et signées au prix de 60 dollars pièce. En tout et pour tout le vendeur aura fait 420 dollars de recettes pour des petits formats côtés en réalité à partir de 20 000 dollars (19 000 euros). Une vidéo surprenante rappelle cet épisode.

Kissing coppers et La fille au ballon. Kissing coppers, la peinture murale sur laquelle deux bobbies en uniforme s’embrassent à pleine bouche, un manifeste contre l’homophobie peint à Londres en 2004, est également reproduite grandeur nature. Parmi les œuvres emblématiques on peut voir La fille au ballon, peinte au pochoir à Londres en 2002. Reproduite sur un tableau vendu aux enchères en 2018, l’œuvre s’était partiellement autodétruite après l’adjudication, l’artiste ayant dissimulé dans le cadre une broyeuse ; une manière pour lui de dénoncer la marchandisation de l’art.

Le Walled Off Hotel. Une des installations les plus impressionnantes reste la réplique d’une chambre du Walled Off Hotel, ouvert par Banksy à Bethléem en 2017 face au mur de béton de neuf mètres de hauteur isolant le territoire de la Cisjordanie. On y retrouve une chambre, avec en tête de lit une bataille de polochons entre un soldat israélien et un combattant palestinien et, depuis le balcon des œuvres peintes sur le mur comme La petite fille et le soldat, une fillette en robe rouge fouillant au corps un militaire plaqué face contre le mur ou, un hélicoptère larguant des bombes de peinture. A noter que jouxtant l’exposition, s’ouvrent les portes de la réplique parisienne comptant 20 chambres du Walled Off Hotel, accueillant depuis 2021 le public pour de simples visites ou pour des nuitées dans des chambres privatives.

Vers la création d’un musée pérenne. Alors que l’expo devait fermer ses portes fin 2022, Hazis Varvar révèle qu’en réalité le lieu sera transformé en un musée pérenne. Un phare à la gloire de Banksy pour y retrouver les œuvres artistiques, parfois non dénuées d’humour, devenues célèbres de part leur message politique, les dénonciations de la guerre, de la violence, du racisme, de l’homophobie et des autres formes de discriminations. Des œuvres provocatrices, subversives, prenant parfois l’actualité à contre-pied, toujours porteuses d’un regard critique, à travers lesquelles Banksy cherche à faire réagir le public.

 

* The World of Bansky. Paris, 44 rue du Faubourg Montmartre. Barcelone, 34 carrer de Trafalgar. Bruxelles, 28 rue de Laeken.

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