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Love me, Marina Otero conjugue la violence au féminin

par Véronique Giraud
La performer Marina Otero © Nora Lezano
La performer Marina Otero © Nora Lezano
Arts vivants Performance Publié le 30/05/2022
En sondant sa violence de femme, la performer argentine Marina Otero lève un tabou et invite à partager une expérience éprouvante. "Love Me" fait sa première européenne au Printemps des Comédiens.

Seule sur scène, assise, la tête penchée en avant, ses pensées s’écrivent en blanc sur fond noir. La performeuse argentine Marina Otero reste ainsi immobile, et les épisodes de sa vie, les circonstances de sa violence, la qualification de son caractère, rendent cet être ramassé, qui ne jette pas un regard sur le public, de plus en plus familier, habité, à la fois dangereux et fragile. Parfois un geste ramène les cheveux en arrière, parfois la tête se tourne, les jambes se croisent puis se décroisent. La lumière se focalise sur cette femme qui raconte les femmes quand, poussées par la colère où la conscience de leur soumission, elles deviennent violentes. S’écrivent aussi les sentiments présumés du public qui attend sagement dans le noir que quelque chose se produise, qui s’interroge sur ce à quoi il assiste. Cet aparté fait sourire, apaise. Puis à nouveau un souvenir s’écrit, il est question de son père, de son exil, de ses ex, de son mensonge elle qui dit toujours la vérité.

Ces allers retours dans la vie d’une femme résonnent dans nos esprits et s’infiltrent au plus profond de notre être. Assise, immobile, Marina Otero déclenche une terrible sororité. Elle fait parfois sourire dans ce qu’elle écrit, mais sa souffrance est nôtre. Puis, alors qu’on ne s’attend plus à la mobilité de celle qui parle de danse mais ne danse pas, la lumière et la musique se répandent sur la scène. Elle se lève et évolue à pas rythmés, puis danse sa violence et sa rage, avant de les hurler.

L’émotion est à son comble lorsque le noir se fait, lorsque Marina Otero salue le public. Les applaudissements fusent, mais qui ou quoi est applaudi ? La violence féminine démasquée ? Le partage d’un besoin de violence ? La frustration de n’être point violente ?

Love me a été écrit et mis en scène avec le dramaturge argentin Martin Flores Càrdenas. Il prolonge le travail autofictionnel de Marina Otero qui ose livrer son intimité, tout en veillant à mesurer la précision de ses mots, les conséquences que la pièce peut générer, l’impact des mouvements de son corps. Ce subtil équilibre donne naissance à une expression qui ne laisse pas indemne.

Love me, avec Marina Otero. Texte et mise en scène : Marina Otero et Martin Flores Càrdenas. Première en Europe au Printemps des Comédiens de Montpellier, les 27, 28 et 29 mai 2022 au Hangar Théâtre - Studio 2.

 

Bio : née à Buenos Aires en 1984, Marina Otero s'est distinguée comme performer, metteuse en scène, auteure et enseignante. Elle crée le projet Ricordar para vivir, basé sur la construction d'une pièce sans fin sur sa propre vie.

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