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Festivals : un bon investissement pour les villes

par Jacques Mucchielli
Le Festival d’Avignon, c’est 52 millions d’euros de retombées économiques et 700 salariés dont 80% sont des locaux. © RivaudNAJA
Le Festival d’Avignon, c’est 52 millions d’euros de retombées économiques et 700 salariés dont 80% sont des locaux. © RivaudNAJA
Hors-Champs Société Publié le 19/06/2022
Un festival réussi est une belle image de marque pour une ville. Mais c’est aussi une manne en terme de retombées pour le commerce et l’emploi local.

Les acteurs économiques qui en doutaient encore l’ont appris à leurs dépens : en 2020, lorsque la pandémie a contraint à déprogrammer les festivals, l’emploi et le commerce local s’en sont durement ressenti. Ceux d’entre eux qui avaient vécu l’année 2003, où la grève des intermittents du spectacle avaient induit l’annulation de festivals tout entiers, en avaient déjà fait l’expérience.

L’actuel directeur du festival d’Avignon, Olivier Py, ne manque pas de le rappeler aux décideurs publics et privés qui pourraient faire la moue face aux subventions accordées et aux dérangements occasionnés dans la ville : le Festival d’Avignon, c’est 52 millions d’euros de retombées économiques et 700 salariés dont 80% sont des locaux. Si l’on prend en compte les compagnies invitées, c’est en tout 1 500 salariés qui vivent sur place.

 

Douze euros générés pour un euro investi. À quelques kilomètres du Palais des papes, le festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence défend son budget de 22 millions d’euros avec des arguments semblables. Mettant en avant son fort taux d’autofinancement, plus de 60%, son directeur Pierre Audi rappelle que pour un euro de subvention locale accordée, 11,93 euros retombent dans les escarcelles aixoises. Hôteliers, restaurateurs, commerçants, transporteurs et bien d’autres attendent d’ailleurs avec impatience le mois de juillet.

Les deux plus vieux et plus importants festivals de France donnent également à Aix et Avignon une notoriété internationale. La cité rhodanienne était certes connue en Europe pour avoir été cité papale, et Aix-en-Provence n’est pas visitée que pour ses scènes lyriques. Mais le festivalier est fidèle et dépense bien plus qu’un simple visiteur. Il fait partie des catégories sociales les plus aisées et séjourne plus longtemps que les touristes amenés par les tour-opérateurs. Pour l’art lyrique, 4,2 nuitées en moyenne, 3,2 pour Avignon.

 

Une renommée bien gagnée. Grâce à ses 800 000 spectateurs, le festival Interceltique de Lorient n’est pas en reste avec 24 millions d’euros de retombées sur les commerces de l’agglomération. Même chose pour Marciac qui, avec son millier d’habitants, était inconnu des Français avant son festival de jazz, dont les 20 millions de retombées font vivre une bonne part des commerces locaux. Gérardmer n’était guère plus connue avant son festival du film fantastique et Angoulême s’endormait un peu avant que la BD et ses 2,7 millions d’euros de retombées ne la réveille.

Créé par la jeune chambre économique avec le soutien de la collectivité, le festival du cirque actuel Circa Auch a également bouleversé la ville de d’Artagnan. La cité possède également un festival de films d’art et essai créé par Alain Bouffartigues et Daniel Toscan du Plantier. 30 000 entrées pour le premier, 15 000 pour le second. C’est certes loin des grands festivals mais, pour la ville un peu enclavée et ses 22 000 habitants, c’est une aubaine.

Et que dire de La-Roque-d’Anthéron, petit village provençal au bord de la Durance, dont les 6 000 habitants vivent l’été aux sons du festival international de piano ? Dans le beau parc du château de Florans, la municipalité a fait ériger un auditorium de 2 000 places et confié à René Martin, le créateur de la Folle journée de Nantes, la direction de la manifestation qui a vendu 43 530 billets l’an dernier.

 

Une activité toute l’année. Entre ces festivals, il faut cependant opérer une distinction qui va de ceux qui créent, et constituent un moment de débats et de marché pour les artistes et les producteurs, à ceux qui sont organisés par les majors du spectacle. Propriété à 100% de Vivendi, le festival Garorock est plus une grande scène où la multinationale invite ses artistes confirmés et ceux qu’elle veut lancer. Garorock n’a donc guère de retombées sur la vie de Marmande une fois les plateaux démontés.

En revanche, pour les festivals qui deviennent un peu capitale régionale, nationale ou européenne du théâtre, du cirque ou de l’art lyrique, les choses se passent autrement. Car l’animation culturelle et économique dépasse le temps de ces festivals. Elle s’étend toute l’année, avec des équipes pérennes, des programmations, des actions sociales, des associations. Mieux encore, certains festivals se sont prolongés par la création d’institutions, la cité internationale de la BD d’Angoulême, le pôle national du cirque d’Auch, les trois théâtres du Domaine d’O de Montpellier qui assument une programmation toute l’année. Ces festivals ont également généré des centres de formation et écoles spécialisées, comme l’académie d’art lyrique d’Aix ou le campus des arts de l’image d’Angoulême.

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