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Mot de passe oublié ?Avignon Off : « Salti » ravive les mouvements bienfaisants de la tarentelle
Dans la pénombre, Jim, Louise et Lisa tiennent conciliabule. Aucun son ne sort de leurs bouches mais ils se parlent. Puis ils se séparent et s’avancent. Font quelques pas, disent leur ennui, leur mélancolie, adoptent des postures lascives, des moues boudeuses. Soudain l’un d’entre eux s’agite, se courbe, chasse de la main un être invisible auquel il veut échapper. Un autre vit la même chose, avec d’autres sauts, d’autres postures virtuoses qui font rire. À son tour, le troisième entame une curieuse danse de l’échappée avant de crier de douleur et de tomber au sol. Les deux autres l’entourent, genou au sol, tentent de le secourir, de le ranimer, avant de le porter à bout de bras pour former un trio quelque peu bancal. Leurs pas trouvent peu à peu un semblant d’harmonie jusqu’à, ensemble, entamer une chorégraphie qui ne dit rien d’autre que : soulage ton mal… en dansant, libère ton énergie… en dansant, redeviens celui que tu veux être… en dansant. C’est la tarentelle et sa musique ensorcelante.
Cette danse italienne, rappellent les deux autrices, Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna, a été inventée, est sortie de l’imaginaire, pour soigner les « tarantola » ou « tarantata », les personnes ayant été piquées et infectées par la venimeuse araignée tarentule. Prescrite pour soulager de la fièvre et tous les maux, elle est elle-même contagieuse, joyeusement contagieuse. Si vous regardez Jim, Louise et Lisa la danser au son de la musique, souriants et pleins de vie, vous serez contaminés par la joie et l’envie de danser. Tentant non ?
Prescrite de 9h30 à 10h à la Manufacture, la tarentelle de Salti est recommandée à tous les enfants de plus de trois ans. Les grands de plus de 6 ans pourront découvrir la version de 50 minutes en mars 2023.
Cultivant la complémentarité de langages et d’expressions venus de loin, Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna sont allées travailler en 96, 97, 98 en Afrique du Sud et appris beaucoup de danses, celles du mariage comme celles des luttes. « Nous avons promis de les apprendre et les faire perdurer, explique Roser. C’est pour ça que dans Salti on en parle, en fait on vient de là. Moi, en tant qu’Espagnole, la tarentelle, je pense depuis toujours à la tarentelle, elle me parle depuis toujours. La danse m’a permis et me permet d’exprimer l’inexprimable, le corps m’aide à dire autre chose, à libérer une énergie différente ». Cette danse italienne et son origine résument sa façon de voir la danse. « Je viens de la danse classique et du flamenco mais, par mon caractère, par ma culture, la danse c’est une respiration, c’est l’agrandissement de ma respiration, du battement du cœur. Du mien et celui des autres ».
Sur scène, les autres sont Jim et Louise, rencontrés il y a douze ans alors qu’ils étaient venus réclamer auprès de Brigitte et Roser un duo pour leur diplôme de fin d’étude au CNSM et qui depuis sont associés aux créations de la compagnie, et puis Lisa qui, à 21 ans, vient de sortir du CNSMD de Lyon. Trois belles rencontres, trois magnifiques engagements du corps pour exprimer l’inexprimable.
SALTI, de Brigitte Seth et Roser Montllò Guberna, Cie Toujours après Minuit. Avec Jim Couturier, Louise Hakim et Lisa Martinez. Jusqu'au 26 juillet à La Manufacture à 9h30.
