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Mot de passe oublié ?Pézenas, Molière, Boby Lapointe… et les artisans d’art
Il suffit de s’aventurer dans une rue de son centre-ville, les rez-de-chaussée invitent à la visite et à la découverte des œuvres d’un peintre ou d’un artisan. Chapeaux, bijoux, foulards de soie, céramiques, vêtements, linge de table, objets déco, tableaux, sculptures… Il y en a pour tous les goûts, et leurs auteurs sont toujours heureux d’échanger sur leur technique et leur savoir-faire.
En son point central, la place Gambetta, la ville semble figée dans son riche passé. En témoigne l’imposant bâtiment de la maison consulaire, qui rappelle le prestige de Pézenas aux XVIe et XVIIe siècles. C’est en effet là qu’à l’étage se réunissaient les consuls de la ville, tandis qu’au rez-de chaussée l’immense salle grouillait de l’activité d’un grand marché couvert. À l’arrière du marché, une chapelle dédiée à Saint Roch fut édifiée au XVIIe siècle pour protéger la ville de la peste. En témoigne la voûte, unique vestige.
Aujourd’hui, les grands espaces voûtés du marché abritent depuis 2011 la Maison des métiers d’art, où l’exposition-vente d'objets d’art façonnés dans les ateliers, de Pézenas et d’ailleurs, exprime l’excellence du syndicat Ateliers d’Art de France, à l’origine de sa création. Si la maison des Métiers d’art fut la première à ouvrir en région, cela ne doit rien au hasard mais à une longue tradition artisanale des drapiers de Pézenas. La tradition fut réveillée au XXe siècle avec la création de l’association Mirondela dels arts qui, depuis 1967, réunit en juillet et en août métiers d’art, théâtre et expos. Peu à peu les artisans se sont installés dans la ville et alentour. Désireux d’encourager cet élan, un trio composé d’un épicier, d’un éditeur et d’un menuisier, a eu l’idée, et l’audace, de demander aux commerçants et aux particuliers du centre historique de libérer leurs boutiques et rez-de-chaussée pour les prêter gratuitement aux artisans. En 1972, 25 échoppes ont vu le jour. Ce fut un succès et, depuis, le commerce de l’artisanat, ouvert d’avril à octobre, forge l’identité de la ville. Aujourd’hui on compte quelque 43 ateliers à Pézenas, 26 sont installés à Agde. Leurs productions sont régulièrement exposées.
Du barbier Gély à Bobby Lapointe. Faisant face à la maison consulaire, la boutique du barbier Gély donnait elle aussi sur la place du Marché au bled, aujourd’hui place Gambetta. Au XVIIe siècle, la profession de barbier couvrait plusieurs activités, outre celle de coiffeur : celle de chirurgien, d’arracheur de dents, d’écrivain public. La population y venait, s’y retrouvait et c’est là que Molière, devenu ami de Gély, y passa quelques moments, assis dans un haut fauteuil, observant les attitudes et écoutant les conversations. Nul doute que cette expérience a nourri ses pièces, comme l’illustre le personnage de Lucette, servante dans la pièce Monsieur de Pourceaugnac (1666), présentée comme feinte gasconne, qui parle en occitan et dit : ce monsieur de passage à Pézenas /… Toul Pézénas a bist nostre mariatge (Tout Pézenas a vu notre mariage).
La boutique du barbier Gély est aujourd’hui occupée par l’A-Musée Boby Lapointe. On y trouve de nombreux témoignages biographiques de l’enfant de Pézenas. Photos, dessins, affiches, livres, CD, DVD et vinyles, objets, et bien sûr marinières, répandent l’humour et le talent du musicien que personne n’oublie ici. Son enfance et sa carrière sont retracées, ainsi que ses premiers moments de succès au cabaret parisien Le cheval d’or, sont projetés au fond de la salle. On s’y retrouve pour discuter, présenter des événements. Le lieu est ouvert au public du mardi au dimanche, de 11h à 12h30 et de 14h à 18h30.
