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Michel Ocelot de retour avec Le Pharaon, Le sauvage et La princesse

par Pierre Magnetto
Michel Ocelot en plein échange avec une jeune spectatrice lors de l’avant-première au cinéma Diagonal de Montpellier. © Naja
Michel Ocelot en plein échange avec une jeune spectatrice lors de l’avant-première au cinéma Diagonal de Montpellier. © Naja
Une conteuse en bleu de travail pour raconter des histoires. ©2022 Nord-Ouest Films-StudioO - Les Productions du Ch'timi - Musée du Louvre – Artémis
Une conteuse en bleu de travail pour raconter des histoires. ©2022 Nord-Ouest Films-StudioO - Les Productions du Ch'timi - Musée du Louvre – Artémis
Le jeune prince kouchite devra devenir Pharaon  pour épouser la belle princesse égyptienne. ©2022 Nord-Ouest Films-StudioO - Les Productions du Ch'timi - Musée du Louvre – Artémis
Le jeune prince kouchite devra devenir Pharaon pour épouser la belle princesse égyptienne. ©2022 Nord-Ouest Films-StudioO - Les Productions du Ch'timi - Musée du Louvre – Artémis
Le fils du seigneur du château avant qu’il ne devienne Le sauvage. ©2022 Nord-Ouest Films-StudioO - Les Productions du Ch'timi - Musée du Louvre – Artémis
Le fils du seigneur du château avant qu’il ne devienne Le sauvage. ©2022 Nord-Ouest Films-StudioO - Les Productions du Ch'timi - Musée du Louvre – Artémis
La princesse et le marchand de beignets enfin libres et heureux. ©2022 Nord-Ouest Films-StudioO - Les Productions du Ch'timi - Musée du Louvre – Artémis
La princesse et le marchand de beignets enfin libres et heureux. ©2022 Nord-Ouest Films-StudioO - Les Productions du Ch'timi - Musée du Louvre – Artémis
Cinéma Film Publié le 16/09/2022
Le nouveau long métrage de Michel Ocelot, compilant trois films d’animation courts, sortira sur les écrans le 19 octobre prochain. L’éternel père de Kirikou y propose trois contes aux origines culturelles diverses se déroulant à trois époques différentes. Au-delà de leur plongée dans l’imaginaire qui emporte petits et grands, les trois productions marquent par leur graphisme, leur esthétisme et peut-être aussi, par une certaine portée métaphorique.

À voir la salle comble et l’enthousiasme du jeune public ce mardi 13 septembre au cinéma Diagonal de Montpellier, il y a fort à parier que le dernier long métrage de Michel Ocelot connaisse un vrai succès. La sortie de Le pharaon, le sauvage et la princesse est prévue pour le 19 octobre, mais la tournée française d’avant-premières auxquelles participe l’auteur, avec à l’issue des projections un échange prolongé auxquels les enfants prennent part avec délice et jubilation, ne laisse pas trop planer le doute : le père de Kirikou reste une valeur très sûre du long métrage d’animation en France.

Trois contes, trois époques, trois univers. Comme plusieurs des précédents films du réalisateur, Princes et princesses et Les contes de la nuit notamment, Le pharaon, le sauvage et la princesse propose un enchaînement de plusieurs contes, trois en l’occurrence, présentés par une conteuse en bleu de travail dans un décor industriel, devant un public multigénérationnel tout ouïe, qui ne cesse d’en redemander. Une compilation dont les histoires se déroulent dans trois lieux et époques différents, l’Égypte antique, l’Auvergne médiévale et l’Istanbul du XVIII siècle. Comme souvent dans les contes, ce sont des histoires d’amours improbables entre jeunes gens que rien ne prédestine à se rencontrer. Pourtant à force de volonté et d’opiniâtreté ils y parviennent. Une fin un peu convenue qui ici ne dit pas pour autant si « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Mais là n’est pas l’essentiel. L’important, c’est les chemins empruntés par le cinéaste pour parvenir à ses fins à commencer par le choix des contes.

Des contes aux origines diverses. Le pharaon est le fruit d’une proposition du PDG du Louvre, Jean-Luc Martinez, qui a l’occasion de la préparation de l’exposition Pharaon des deux terres, a proposé une collaboration au cinéaste. Incrédule au départ, Michel Ocelot s’est mis à étudier la documentation préparée pour étayer l’expo. « J’y ai lu la traduction de La stèle du songe », confie-t-il. « Il s’agit d’un roi kouchite originaire du Nord du Soudan, rêvant qu’il conquiert l’Égypte. À son réveil c’est ce qu’il entreprend et réussit. J’ai suivi ce périple d’assez près dans mon scénario et j’ai amplifié un élément sympathique de cette dynastie, les kouchites n’étaient pas cruels et savaient pardonner. » Le sauvage, pour sa part, est un conte issu d’un recueil d’un auteur contemporain, Henri Pourrat, Le conte du beau sauvage, sorte de Robin des bois, enfant de la noblesse auvergnate. « J’ai conservé du texte d’origine plus que je ne le fais habituellement », avoue Michel Ocelot. Enfin, La princesse vient d’un conte marocain, qui n’a pas été sans évoquer pour le cinéaste ceux des Mille et une nuits, la raison pour laquelle il a choisi de transposer l’histoire dans une Istanbul et un Palais de Topkapi plus flamboyants qu’ils ne l’ont jamais été.

Des univers graphiques parallèles. Trois contes, mais aussi trois univers graphiques distincts, et c’est là le deuxième chemin. L’animation des trois récits a été confiée à trois équipes différentes, « cette organisation a été dictée par le financement », tient à préciser l’auteur qui reste le maître des choix graphiques et esthétiques. Les personnages de Le pharaon sont dessinés comme sur des bas-reliefs égyptiens, tête et membres de profil, buste de face. « Cela fonctionne bien dans les peintures, nous avons réussi à le transposer en animation », se félicite-t-il. Dans Le sauvage, dont le décor sombre se limite à la salle seigneuriale d’un château fort et une cour intérieure située au-dessus des oubliettes, seule la silhouette noire des personnages est montrée, ce qui rappelle quelques souvenirs aux lecteurs de Tomy Ungerer et de son album Les trois brigands. « Jaime beaucoup la stylisation élégante de la silhouette noire, elle s’harmonise bien avec le côté terrible de la situation et avec le ton du Moyen-Âge. ». Dans La princesse au contraire, Michel Ocelot livre une explosion de couleurs avec des jardins luxuriants, des costumes chatoyants brodés de pierres précieuses scintillantes, des intérieurs chargés de mosaïques et de décorations d’une grande richesse, des marchés aux épices multicolores dont l’odeur monte aux narines. Histoire d’amour, histoire de gastronomie (le jeune homme amoureux de la fille du sultan est marchand de beignets), sont au menu de ce conte que l’auteur a voulu comme « une fantaisie »  .

Seulement pour les tout-petits ? Pas sûr. On pourrait se demander ce qui relie ces trois moyens métrages, pourquoi l’auteur a-t-il choisi de les assembler en un seul film. Les spécialistes des contes savent bien que quelle que soit leur culture d’origine, les contes présentent souvent des caractères « invariants », des composantes indispensables à leur construction. On les retrouve ici, notamment autour de ces histoires d’amour et de leurs éléments déclencheurs. On les retrouve avec les archétypes des personnages, la méchante régente dans Le pharaon n’est pas sans rappeler le seigneur et cruel père dans Le sauvage, qui n’est pas non plus très éloigné du propriétaire autoritaire et buté de la boutique du marchand de beignets dans La princesse. Et puis ces histoires ont quelques petites choses en commun autour de la transmission des savoirs, du libre arbitre, de la bienveillance dans des situations qui, dans la vraie vie sont les moteurs de la haine et de la guerre. Tout en conviant ses spectateurs au pays de l’imaginaire et des merveilles, Ocelot met l’accent sur des sujets forts qui secouent le monde. Un film qui n’est peut-être pas seulement fait pour les tout-petits.

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