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Mathieu Vabre : « Interroger les nouvelles technologies par le regard des artistes »

par Pierre Magnetto
Mathieu Vabre DR
Mathieu Vabre DR
Arts visuels Numérique Publié le 30/09/2022
Co-directeur de Seconde nature et Zinc, les deux associations à l’origine de la création de Chroniques, la biennale des imaginaires numériques, dont le 4ème édition se déroule du 10 novembre au 22 janvier, Mathieu Vabre nous en dit plus sur la création numérique contemporaine.

Quel est l’objectif de la biennale ?

Il y en a plusieurs. Il y a des objectifs artistiques qui sont d’interroger par le regard des artistes, un regard sensible et critique, les nouvelles technologies et nos usages dans la société contemporaine. Il y a l’objectif culturel de faire partager tout ça au plus grand nombre. Et puis il y a un objectif territorial, contribuer à faire d’Aix un territoire d’innovation et d’expérimentation qui se place à la hauteur des grandes métropoles dans le monde, comme Montréal, sur ces questions d’innovation et de création numérique.

 

A l’origine de cet événement il y a Seconde nature et Zinc, comment les présenter ?

Zinc est basée à Marseille à la Friche de la Belle de Mai et Seconde nature à Aix-en-Provence. Les deux associations sont pionnières, nées toutes deux à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Nous avions des projets assez complémentaires autour de la culture numérique et nous avons décidé de nous rapprocher pour créer la Biennale des imaginaires numériques, dont la première édition a eu lieu en 2018, à la suite de Marseille capitale européenne de la culture à qui nous avions proposé un événement, Chroniques des mondes possibles, à l’échelle de la métropole. La biennale dépasse aujourd’hui l’échelle d’Aix et de Marseille pour s’étendre sur la région et proposer trois mois de parcours artistiques pluridisciplinaires, des expositions, des performances, des spectacles dans toutes les disciplines de la création numérique contemporaine.

 

Chroniques c’est aussi le nom d’une plateforme qui vient en aide aux artistes du numérique. Quel est son rôle ?

Tout ce qui précède est le point d’origine du lancement de la plateforme, qui a été créée pour pouvoir donner un élan à la création et soutenir les artistes. Nous avons rassemblé autour de nous des « chroniqueurs » dans tous les champs de la création contemporaine pour sélectionner les œuvres que nous accompagnons financièrement. Ces œuvres sont montrées en exclusivité lors de la biennale et circulent ensuite chez les partenaires.

 

Le thème de cette biennale est la nuit, pourquoi ce choix ?

Avec le Covid, les nuits nous ont beaucoup manqué. C’est une thématique qui nous semblait intéressante parce qu’elle vient questionner la place des technologies dans cet espace de la nuit qui normalement est un espace de repos et d’improductivité, et nous sommes de plus en plus alertés par des notifications sur les téléphones portables, à côté desquels on dort généralement. Les technologies viennent transformer cet espace normalement dévolu à l’improductif. Il nous a semblé intéressant de questionner tout ça.

 

Qu’y-a-t-il de notable cette année en termes production artistiques, de champs d’exploration ?

Il y a la création en réalité virtuelle très présente dans cette édition avec notamment le travail de Ugo Arsac qui nous plongera dans les centrales nucléaires qu’il a pu explorer. On voyagera à l’intérieur de ces centrales comme dans un documentaire et ce sera en même temps accompagné d’un discours d’intellectuels sur la question de l’énergie et notamment des énergies du futur.

Il y a aussi les parcours en espace public qui est l’événement de cette année. On entrepose des œuvres monumentales dans le centre-ville d’Aix-en-Provence et dans les espaces extérieurs de la Friche de la Belle de Mai. On verra des choses très différentes, des oeuvres monumentales donc, mais aussi des œuvres interactives. C’est un axe fort que l’on souhaite développer.

 

Comment les arts numériques interpellent-ils les individus, la société, dans un univers de plus en plus numérisé ?

Les artistes numériques abordent la technologie à la fois comme médium et comme sujet. Quand ils la questionnent comme sujet ils ne sont ni technophiles ni technophobes. Ils viennent poser des questions sur les usages. L’art vient apporter, du moins je l’espère, un décalage, un regard différent sur les technologies et l’idéologie qui est portée par les grandes entreprises du monde numérique. L’art vient nous décaler dans ce monde-là et nous poser des questions sur nos usages.

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