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Marseille s’expose en ville rock

par Pierre Magnetto
Robert Rossi, alias Robert Rock leader du groupe Quartiers Nord, commissaire de l’exposition Marseille ville rock. © Naja
Robert Rossi, alias Robert Rock leader du groupe Quartiers Nord, commissaire de l’exposition Marseille ville rock. © Naja
Arts visuels Installation Publié le 08/11/2022
Jusqu’au 31 décembre, la bibliothèque de l’Alcazar de Marseille accueille une exposition dédiée à la scène rock marseillaise de 1956 à 1980. Un événement qui s’inscrit dans la continuité de l’Histoire du rock à Marseille, ouvrage publié en 2017 par Robert Rossi, commissaire de l’expo.

Qui se souvient qu’en novembre 1956 le disque rock le plus vendu en France fut l’œuvre de l’ensemble musical Henri Cording and his original rock and roll boys, devançant ce mois-là d’un micro-sillon un certain Elvis Presley avec Love me tender, à moins que ce ne fut Blue suede shoes ? Qui se souvient que derrière cet Henri Cording se cachait un jazzman de renom, adepte des caves du quartier Saint-Germain-des-Prés à Paris, ami de Boris Vian, auteur de chansons humoristiques et qui plus est joueur de pétanque invétéré et talentueux plus connu en tant qu’Henri Salvador. Personne, ou presque, et alors ? Et alors ? Robert Rossi est arrivé, sans se presser, et c’est le moins que l’on puisse dire puisqu’il lui aura fallu dix années pour écrire son Histoire du rock à Marseille paru en 2017*.

 

Ce sera comme si on n’avait jamais existé. « Au début des années 2000, avec Marie-Ange Jannuccillo, alias Marie Demon lorsqu’elle était la voix du groupe Leda Aotmica, nous nous étions rendus au Disquaire Day, une manifestation qui regroupait tous les éditeurs de musique de la région PACA, où l’on pouvait se procurer des vinyles. C’est alors que nous sommes tombés sur le stand de l’éditeur Le mot et le reste qui vendait exclusivement des livres sur le rock, des bios de groupes et d’artistes qui ont bercé toute notre adolescence. On avait envie d’acheter tous les bouquins. Mais après on s’est dit - et nous, où sommes-nous là-dedans ? Et Marie-Ange a dit, si on ne s’en occupe pas nous-mêmes ce sera comme si on n’avait jamais existé. » Après ça, il aura fallu que l’idée fasse son chemin et, en 2006, Robert qui espérait que quelqu’un finirait un jour par se mettre à la tâche, se résolut à s’en occuper lui-même car comme dit l’adage, « on n’est jamais mieux servi que par soi-même ».

 

Une décennie pour mettre un point final à son livre. Commence alors un travail de fourmi, fait de recherches documentaires, de rencontres avec des musiciens de rock marseillais ou anciens musiciens, d’écoutes et d’auditions d’enregistrements, avec dans l’idée de raconter une histoire qui couvrirait l’épopée du rock marseillais de 1960 jusqu’aux artistes apparus avant le début des années 1980. Il faut dire que question rock-and-roll Robert touche un peu sa canette. Depuis 1977, il est surtout connu à Marseille sous son nom de scène, Robert Rock, leader du groupe Quartiers Nord qui a aussi flirté avec l’opérette et la comédie musicale sans jamais renier ses fondements ancrés dans le rock progressif de Frank Zappa. Il lui aura fallu une décennie pour mettre un point final à son livre. Non pas que ce jeune papi du rock soit un brin paresseux, mais parce durant cette période il aura mené des activités diverses, en premier lieu celles liées à sa démarche artistique et à son groupe. Finalement après qu’un ami l'ait relancé il se décidera à terminer son récit.

 

L’expo dans l’ancien music-hall de l’Alcazar. « En fait, dit-il, les archives les plus anciennes que j’ai pu trouver sont celles sur Henri Cording en 1956, mais après il y a un trou jusqu’au début des années 1960 », date à laquelle débute véritablement son livre d’historien du rock. Il aura fallu attendre encore cinq années quand après avoir frappé à de multiples portes, la ville de Marseille accepte de le laisser monter une exposition à la bibliothèque de l’Alcazar, ancienne salle de music-hall créée au XIXe siècle, qui vit passer sur son plateau dans la période contemporaine de jeunes artistes, dont certains parfois débutaient à peine : Yves Montand, Tino Rossi, Dalida, Maurice Chevalier, Fernandel… Et même si aujourd’hui le lieu est devenu la pièce centrale du réseau de bibliothèques de la ville de Marseille, on peut dire que d’une certaine manière, en montant cette expo dans ce lieu, la boucle est bouclée.

 

Le rock, moins un style de vie qu’un état d’esprit. Marseille ville rock, 1956 - 1980, l’exposition proprement dite s’intéresse moins à la chronologie qu’aux divers virages et tendances pris par les artistes rock durant ces trois décennies disséquées, mais au fond ça revient un peu au même. « Même si le rock est apparu dans les années 1950, les années 60 donnèrent un signal, celui d’une révolution culturelle qui mobilisait toute une jeunesse. Les années 70 c’est l’époque de Woodstock, des Hippies, de la révolte contre la guerre du Vietnam. Elles furent plus politiques. A partir des années 1980 le rock est devenu un phénomène de résistance. Le rock, c’est moins un mode de vie qu’un état d’esprit », résume-t-il. Pop rock, rythm’n’blues, pop psyché, blues rock, Rock fusion, rock progressif, hard rock, rock parodique, punk, new wave, Marseille ville rock explore toutes ces tendances portées au niveau international par des artistes de renommée mondiale mais qui ont aussi influencé la scène marseillaise avec une galerie de plus de cinquante groupes ayant jalonné cette histoire. Certains rockers ont connu leur heure de gloire, comme Rocky Volcano « monté » à Paris dans les années 60, ou encore le chanteur Henri Sanchez et son groupe Why Not qui en 1966 assurèrent la première partie du tout premier concert des Rolling Stones à Marseille. Henri Sanchez et son groupe ont ouvert l’expo par un concert reprenant de vieux standards dans une ambiance très rock garage. A tout seigneur tout honneur, c’est Quartiers Nord qui donnera le dernier spectacle le 28 décembre, à trois journées de la fermeture de l’exposition.

 

*Histoire du rock à Marseille – 1960-1980, Robert Rossi, éditions Le mot et le reste, 2017.

 

Marseille ville rock, 1956-1980, bibliothèque de l’Alcazar, 58 cours Belsunce, Marseille, jusqu’au 31 décembre. Entrée gratuite. Pour retrouver l’expo sur YouTube

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