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Qui est Tiago Rodrigues

par Jacques Mucchielli
Tiago Rodrigues aux côtés d’Olivier Py lors du bilan de la 76ème édition du Festival d’Avignon © RivaudNAJA
Tiago Rodrigues aux côtés d’Olivier Py lors du bilan de la 76ème édition du Festival d’Avignon © RivaudNAJA
Arts vivants Théâtre Publié le 15/10/2022
Qui est le nouveau directeur du Festival d’Avignon ? Ceux qui n’ont pas encore vu une de ses créations peuvent se rattraper en octobre en attendant sa présentation du premier festival qu’il aura programmé.

Février est le mois où est annoncée la programmation du festival d’Avignon. Elle est attendue avec d’autant plus d’impatience qu’après neuf ans de très bons services, Olivier Py a passé la main à Tiago Rodrigues qui présentera alors la 77e édition mais première signée de son nom. L’auteur, metteur en scène et comédien sera le premier étranger à diriger le Festival d’Avignon, mais il est loin d’être inconnu en France. Tout en dirigeant le théâtre national Dona Maria II, le théâtre le plus important de son pays le Portugal, Tiago Rodrigues qui maîtrise plusieurs langues parfaitement, dont le français, sévit depuis plusieurs années sur les scènes de notre pays.

En ce mois d’octobre, trois de ses pièces sont à l’affiche à Paris. Dans la mesure de l’impossible met en scène six humanitaires de retour de missions traumatisantes. Ce sera ensuite une création intitulée Catarina et la beauté de tuer des fascistes. On devine le sujet, au Portugal en 1954, sous la dictature d’Antonio Salazar pendant laquelle a été assassinée la journaliste et militante Catarina Eufémia. Le théâtre des Bouffes du nord reprend au même moment Chœur des amants, une des premières pièces du dramaturge à peine quadragénaire mais très prolixe.

 

Iphigénie, version Tiago. Ces pièces parlent d’aujourd’hui dans des contextes contemporains. Pour apprécier toute l’ampleur de l’écriture de Tiago Rodrigues, il faut aller assister à sa version d’Iphigénie. Écrite il y a dix ans, mais jamais représentée, elle a été créée cet été par la réalisatrice et metteuse en scène Anne Théron pour le festival d’Avignon. Cette pièce époustouflante met en cause le mythe de la soumission au pouvoir et à la guerre.

Euripide, puis Racine, se sont saisis du thème pour écrire deux tragédies qui occupent depuis des siècles le répertoire. Pour l’auteur grec, il s’agit d’interroger la culture tribale alors qu’Athènes construit la première démocratie. Racine fait le choix de mettre au premier plan une femme face à la barbarie. Goethe, lui aussi tenté par le personnage, la fait entrer au royaume très masculin des dieux.

 

« Choisir autre chose que le pouvoir, la guerre, le crime ». Tiago Rodrigues fait un choix bien différent. « Nous pouvons choisir autre chose que le pouvoir, la guerre, le crime, voilà ce que crient les femmes » dit Anne Théron. L’argument est renversé lorsque Clytemnestre propose à Agamemnon de remplacer le sacrifice de sa fille par celui du père : son mari doit renoncer à être un « héros grec ». Cette position invertit l’ordre social et met en cause l’ordre patriarcal qu’on peut soupçonner d’avoir élaboré des mythes à sa mesure. « Iphigénie et Clytemnestre sont des femmes qui disent non » note Anne Théron. C’est dire, bien sûr, que le théâtre de Tiago Rodrigues fait une grande place au texte.

 

Iphigénie à Strasbourg du 13 au 22 octobre, Neuchâtel le 27 octobre. En novembre Martigues le 8, Niort le 17, Bayonne les 22 et 23. En décembre, Brive les 1er et 2. En janvier 2023, Lyon du 18 au 22, Porto du 27 au 29. La Roche-sur-Yon les 8 et 9 février.

Dans la mesure de l’impossible, à l’Odéon à Paris, jusqu’au 14 octobre. Catarina et la beauté de tuer des fascistes au théâtre des Bouffes du nord à Paris du 7 au 30 octobre. Chœur des amants même théâtre du 8 au 29 octobre.

 

45 ans à peine. Tiago Rodrigues est sans aucun doute un auteur prodige, marqué par la dictature de Salazar et la Révolution des œillets à laquelle ses parents ont participé. Il est né trois ans après. Sa pièce By Heart, créée au festival du Printemps des Comédiens à Montpellier en 2015, évoque le lien intime qui le lie à sa grand-mère.

La même année, au Festival d’Avignon, il se fait remarquer par sa réécriture d’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare joué par un couple de danseurs et axé sur la relation amoureuse. Il reviendra à Avignon pour une pièce inspirée de la souffleuse du théâtre Dona Maria qu’il met sur le plateau en écrivant une pièce où le rapport au texte est l’un des thèmes. Toujours surprenant dans son écriture, Tiago Rodrigues est depuis quelques années joué ou jouant sur les scènes françaises.

 

 

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