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Roger-Viollet : l’histoire photographique des femmes du XXe siècle

par Véronique Giraud
Arts visuels Photographie Publié le 08/12/2022
La galerie Roger-Viollet accueillait le 24 novembre le lancement du livre "Une histoire photographique des femmes au XXe siècle" légendée par la journaliste Agnès Grossmann. L’occasion de renouer avec l’histoire de l’agence photo fondée en 1938 par une femme, Hélène Roger-Viollet.

Ce beau livre offre un récit en images de la condition des femmes, depuis la belle époque aux années 80-90, leur place dans la société, leur condition asservie à l’homme, leurs luttes sociales, leurs mouvements d’émancipation… Les textes d’Agnès Grossmann introduisent, dans sa chronologie, le contexte historique et social des photographies sélectionnées dans le trésor des archives de l’agence Roger-Viollet.

Loin de se composer uniquement des poses des célébrités de ces époques dont la biographie et le fait d’arme sont connus, les pages font resurgir maints instants de vie anonymes, de scènes de rues, synthétisent en une image la condition miséreuse, les années de guerre, l’exode, l’insalubrité, les visages déterminés des luttes féminines, et les sourires d'une jeunesse libérée. Entre poses et instantanés, entre images de reportages et clichés artistiques, la femme est racontée. Épuisée par la misère et les nombreuses maternités, se livrant nue à l’objectif, s’accordant des moments d’oisiveté, se hissant au premier plan des scènes artistique, politique, philosophique. Écrivaines, comédiennes et danseuses sont adulées, la photo les rend iconiques. Dans les années 50, la bourgeoisie et la nouvelle classe moyenne témoignent en souriant à l'objectif de la fierté de posséder, de consommer, incarnant celle qu’on a appelé la ménagère. Les jeunes filles se libèrent de leurs aînées, dans leur intimité puis en s’organisant pour manifester et conquérir les droits de toutes les femmes.

 

Dans l'ouvrage, la femme occupe la première place et la photographie est célébrée comme témoignage d’un instant suspendu, du quotidien et de l’histoire d'un siècle déterminant à la fois pour la condition féminine et pour la démocratisation du médium. En parcourant les images de la famille et de l'espace public, magnifiées par la pleine page, on ne peut s’empêcher de comparer les quatre cents photos argentiques qui, en noir et blanc puis en couleur faisaient alors événement, à la profusion contemporaine des productions numériques.

Les photographies de l’ouvrage ne renvoient pas directement aux violences faites aux femmes et aux féminicides que notre société du XXIe dénonce à corps et à cri. Ce n'était pas un sujet. Mais le destin d’Hélène Roger-Viollet, qui fut égorgée par son mari en 1985, scelle tragiquement l'histoire d'une photographe passionnée.

L'exposition Parisiennes citoyennes organisée au même moment au musée Carnavalet, qui présente une synthèse inédite sur l'histoire et la mémoire des luttes pour l'émancipation des femmes à Paris, a bien sûr eu recours aux archives Roger-Viollet.

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