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« Je suis un lac gelé », le théâtre dès la maternelle

par Véronique Giraud
Arts vivants Théâtre Publié le 16/01/2023
Raconter ou lire une histoire à un enfant dans la pénombre de sa chambre est habituel. Mais interpréter, seul en scène, devant une trentaine d’élèves de maternelle, c’est une autre aventure. C’est même une première. Sophie Merceron en signe le texte, Matthieu Roy la mise en scène, et les Plateaux Sauvages accueille le « très jeune public » du 16 au 21 janvier.

Habituellement, les spectacles pour les enfants de maternelle sont musicaux ou danséx. Or, alors que la littérature jeunesse fournit de plus en plus d’albums destinés aux enfants avant même leur apprentissage de la lecture, le théâtre lui ne dispose pas de textes dramaturgiques pour les enfants de 3 à 6 ans. La question du texte, de la narration et de la dramaturgie est rarement posée. Ce constat a donné l’envie aux metteurs en scène Matthieu Roy et Laetitia Guédon de faire appel à l’autrice Sophie Merceron, dont ils ont découvert l’écriture quand ils étaient jurés du Grand prix de littérature dramatique en 2020 et 2021, pour se lancer dans cette aventure. « Elle écrit beaucoup pour les enfants de 8, 10, 12 ans. Nous lui avons fait la commande d’un texte qui s’adresserait aux tous petits. C’est une première pour elle et pour nous » explique Matthieu Roy.

Sophie Merceron, qui écrit beaucoup pour le jeune public, les 8, 10, 12 ans, a en effet relevé le défi et produit un texte intitulé Je suis un lac gelé. Pour l’adapter, Matthieu Roy a composé une équipe artistique et technique avec l’intention première de « suivre le cheminement naturel de l’enfant qui, dans sa chambre, se raconte des histoires ».

Les répétitions ont eu lieu à Alloue où, avec Johanna Silberstein, Matthieu Roy dirige la Maison Maria Casarès, et c’est dans une salle des Plateaux Sauvages, que dirige Laetitia Guédon, que le spectacle est créé ce 16 janvier devant une trentaine d’enfants.

Assis sur des coussins disposés au sol, au milieu d’oiseaux de papier disposés en hauteur, ils se sont retrouvés dans la chambre de Göshka. Incarné par la comédienne et musicienne Iris Parozot, le jeune garçon a hâte que le printemps arrive et lui ramène son père, un oiseau migrateur parti vers des températures plus clémentes. Mais c’est l’hiver, il fait encore froid, et Göshka est triste. Il s’endort et rêve, animé par le désir de ce retour tant espéré. Sa situation lui fait se poser maintes questions, qu’il pose à un fantôme dont on n’entend que la voix. Forte et profonde, cette voix vient des profondeurs d’un lac, un lac gelé qui s’est ouvert sous lui alors qu’il glissait sur la glace. Un dialogue s’instaure entre l’enfant et la voix de Milan-je-suis-un-lac-gelé. Göshka fait aussi parler Anatole, son alto, dont la musique livre aussi une pensée, une réponse, un sentiment. Les questions n’ont pas toujours de réponses, les réponses prennent parfois la forme de questions… Est-ce que les pères reviennent vraiment avec le printemps ?

 

C’est une première pour Sophie Merceron, une première aussi pour les enfants pour qui Je suis un lac gelé sera sans doute le premier texte de théâtre. À l’issue du spectacle, Matthieu Roy vient s’asseoir au milieu de ce très jeune public pour susciter les réactions de ces premiers spectateurs. Il leur présente chacune des personnes, autrice, techniciens, personnage, créateur de costumes et du décor, metteur en scène, concourant à la création, décrit leur fonction, bref les familiarise avec l’univers du spectacle. Il leur demande ce qu’ils ont décelé de magique dans la pièce, la réponse fuse : « il y a des voix de chaque côté ». Et de demander : qui est la personne qui joue Göshka ? « Dans sa tête » lance une petite voix.

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ENTRETIEN AVEC MATTHIEU ROY
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