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À Lille, le jeu vidéo fait son entrée au musée des Beaux-arts

par Véronique Giraud
Arts visuels Arts vidéo Publié le 26/05/2023
Première consommation culturelle en France, jusqu’à présent un peu snobée, le jeu vidéo fait son entrée dans un musée national, le Palais des Beaux-Arts de Lille. Jusqu’au 25 septembre.

Ne cherchez pas votre tablette, votre smartphone ou votre ordinateur, c’est dans le décor des trois étages du Palais des Beaux-Arts de Lille que le jeu vidéo déploie ses univers parallèles. Pour son 8ème Open Museum, carte blanche à une personnalité ou un genre inattendu dans un musée pour dialoguer avec les œuvres des collections, c’est à deux studios de jeu vidéo que l’invitation est faite.

Dès l’immense atrium, le visiteur se trouve immergé dans une cité virtuelle du 17e siècle projetée à 360° autour d’une statue antique. Un avant-goût de la collision des esthétiques et des personnages du studio roubaisien Ankama et du studio parisien Spiders avec les collections de peintures et de sculptures du musée. Fourmillant de détails architecturaux dans les décors, de lumières et de sons inspirants, de personnages en quête d’aventure, les univers du jeu vidéo sont des inventions débridées, et surtout sources d’immersion. « Le jeu vidéo est la synthèse de nombreux arts. On y fait de la sculpture, de la musique, de l’architecture, du dessin. Les recherches sur un thème sont mises à la disposition des illustrateurs, et sont partagées entre les collaborateurs pour le plaisir » explique Alexandre Leduc, le responsable communication d'Ankama, studio de Roubaix à l’origine du projet Open Museum. Créé en 2001, le studio définit son esthétique épico-burlesque, avec de nombreuses références à la pop culture des années 90 et 2000, cinéma, BD, musique… Les collaborateurs, qui ont entre 28 et 45 ans, préparent Waven, le prochain jeu Ankama qui puise dans le heavy metal du groupe Iron Maiden.

 

" Tout a commencé par un scénario du déroulement du parcours dans le musée " explique Alexandre. La narration, avec la création de personnages, est en effet le premier atout d’un RPG (Rôle Playing Game / jeu de rôle). Au musée, le récit trouve son origine dans la galerie des sculptures où débute la visite. Puis vient l’idée de la première quête, elle est ici symbolisée par un énorme point d’interrogation au-dessus de la tête d’un cavalier entouré de Bouftou, ces monstres DOFUS sortis du jeu à succès d’Ankama.

Dans la salle Napoléon, plusieurs univers aux inspirations historiques, constitutives des créations Spiders, l'autre studio, se côtoient. Au sous-sol, le visiteur entre dans la dimension immersive au jeu vidéo, du level design à l’immersion sonore, du character design aux recherches qui nourrissent l’imaginaire des concepteurs du studio parisien dont les aventures se réfèrent à l’histoire, alors qu’Ankama s’est in invente ses histoires, crée un univers entier. Après cette immersion dans le background du jeu vidéo, le premier étage accueille la dimension communautaire des joueurs. « Le jeu vidéo ça ne rend pas grand-chose s’il n’y a personne pour y jouer » souligne Alexandre. Au fil du temps les créations échappent aux studios, ce sont les joueurs qui les font évoluer. De façon associative, en organisant des tournois entre eux… « Nous voulions montrer l’effervescence du jeu, l’engagement de gens qui organisent des événements qui n’ont rien à voir avec les studios. » Une salle du musée a été entièrement recréée en 3D par Spiders. On y trouve une borne avec manette à la disposition du visiteur qui peut par exemple faire bouger un personnage d’un tableau exposé.

 

Les sensations de l'immersion. « Ce que nous cherchons à accomplir c’est l’immersion dans l’histoire qu’on raconte » poursuit-il. C’est elle qui va captiver le joueur, lui donner envie d’aller plus loin dans l’aventure des personnages. Dans le musée, on n’est pas dans le confort de son canapé, équipé d’un casque. Or le son, l’image, la mise en scène, les effets de caméra, les choix de cadrage, le doublage, d’invisibles éléments de gamedesign qui pourtant participent à l’immersion dans un jeu vidéo, déclenchent une sensation de ce qui entoure les scènes « donnent la sensation de participer à quelque chose de vivant ». À la différence des autres arts, l’art vidéo n’immerge pas dans l’espace mais dans l’action du jeu, dans l’incarnation de personnages. Et les registres, des univers et leurs gameplays, diffèrent d’un studio à un autre. Comme pour un tableau, il faut que la magie opère entre l’histoire, les décors et les êtres. Alors que les étapes et les intervenants sont nombreux avant que les créations prennent vie, les joueurs eux-mêmes y consacrent beaucoup de temps, sont nombreux à jouer en famille, et des communautés de joueurs se créent à travers le monde. Toutes ces étapes, de création et de partage, sont rarement montrées. Seul un artbook parvient à exprimer ce long processus de recherches, de dessins préparatoires, d’ébauches des personnages…

Et c’est là la gageure réussie par le musée lillois : rendre visible une expérience virtuelle qui a conquis en France plus de 37 millions de joueuses et joueurs. Et qui regroupe de nombreuses écoles et formations autour d’un écosystème grandissant. Des milliers de jeunes y font carrière. 39% des 15-17 ans l’envisagent, et 27% des 10-14 ans. Avec près d’une centaine d’écoles qui forment aux métiers du numérique et plus de 700 studios, la France est un terreau de créativité et d’innovation.

Et n’allez pas croire que ces gamers passent leur vie derrière leurs écrans. D’après une étude Médiamétrie, leur fréquentation du cinéma, du théâtre, des concerts, est supérieure à la moyenne nationale.`

 

Ankama est une société française de création, d’édition et de distribution d’œuvres de divertissement dans le monde. Depuis le succès encore vibrant du jeu de rôle en ligne DOFUS en 2004, Ankama est devenue un véritable groupe transmédia. Connue pour ses jeux multijoueurs DOFUS et WAKFU et ses séries animées éponymes, elle réalise aussi des films d’animation (DOFUS – Livre I : Julith, Princesse Dragon). Ankama conçoit aussi des jeux de plateau, des jeux mobiles (DOFUS Touch), des BD et mangas (Radiant). Elle déploie ses univers en plusieurs histoires, sur différents supports, offrant à sa communauté de joueurs, lecteurs, spectateurs, une expérience narrative immersive et complète sur l’ensemble des plateformes populaires. En 2020, elle lève plus d’1,5 million d’euros sur Kickstarter pour sa série WAKFU. Après de nouveaux personnages en jeu en 2022, Ankama dévoilera sa nouvelle série et son nouveau RPG en 2023 : La Dernière Aventure du Comte Lance Dur et WAVEN.

Spiders est un studio de développement créé en 2008 spécialisé dans le développement de RPGs dans des univers originaux (tels Bound by flames et The Technomancer). Après Greedfall en 2019, leur dernier jeu sorti est Steelrising en 2022, un action-RPG se déroulant à Paris en 1789 dans une version alternative de la Révolution française. Le joueur y incarne Aegis, une guerrière automate chargée par la Reine de retrouver ses enfants disparus. Leur prochain jeu, Greedfall 2, promet un retour vers cet univers unique pour une expérience de RPG toujours plus aboutie.

 

 

 

 

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