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Printemps des Comédiens, toutes les couleurs de l’art vivant

par Véronique Giraud
La pinède du Domaine d'O se transforme pour accueillir les rendez-vous du Printemps des Comédiens. ©Tréviers/NAJA
La pinède du Domaine d'O se transforme pour accueillir les rendez-vous du Printemps des Comédiens. ©Tréviers/NAJA
Arts vivants Théâtre Publié le 30/05/2023
L’histoire du Printemps des Comédiens continue de s’écrire avec ce que les arts vivants révèlent du monde et des cultures. Fort de 36 années d’existence, de la fertile présidence de Jean-Claude Carrière, et de la direction de Jean Varela, le festival s'ouvre le 1er juin avec Ivo van Hove, Julien Gosselin et Boris Gibé. Suivent des invités Sylvain Creuzevault, Laetitia Guédon et, en clôture le Russe Kirill Serebrennikov.

Se diriger vers la tranquille pinède, s’asseoir dans un transat pour accueillir les premiers frissons du soir, observer les allées venues des familles et des générations mêlées, s’installer à une table pour se restaurer, feuilleter les livres de la librairie éphémère, arpenter les allées boisées, le site est grand ouvert à tous les vents et tous les appétits. C’est ce qui fait le charme unique du Domaine d’O, qui s’ajoute aux sensations promises d’un spectacle. Merveilleuse salle d’attente du théâtre, du cirque, de contes, de performances, qu’on découvrira dans une salle, sur le siège d’un gradin de l’amphithéâtre ou celui installé sous les micocouliers, et même sur une chaise en plein air. Aujourd’hui, le festival a noué des partenariats avec des théâtres de la ville et des salles de la métropole. Là encore l’atmosphère est bonhomme, conviviale.

 

Des œuvres ambitieuses. Alors que le festival précède d’un mois l’autre grand événement théâtral qu’est le festival d’Avignon, à quelques kilomètres de là, Jean Varela, son directeur depuis 2011, annonce pas moins de 50% de créations et de coproductions. Un chiffre qui témoigne d’une évolution significative de l’engagement de l’institution départementale à ancrer dans l’Hérault la naissance ou la première venue d’œuvres ambitieuses. De quoi convaincre aussi les plus grands metteurs en scène du moment, de France et d’ailleurs, de compter avec le Printemps des Comédiens pour les accompagner. Mais, et c’est ce qui fait toute la différence avec d’autres manifestations, le festival fait grand cas des productions de compagnies locales, de celles de l’école du Conservatoire de Montpellier, auxquelles il réserve ses scènes. Depuis quatre ans, le Printemps poursuit même le dialogue avec les Héraultais à travers son programme Campus. Et, pour la première année, l’antenne montpelliéraine du Collège des sociétés savantes académiques de France est lancée. « Le Printemps des Comédiens, c’est aussi un lieu de recherche, d’échange des savoirs, des compétences et des expériences » affirment les organisateurs.

 

En ouverture. Après La répétition / Persona, deux œuvres d’Ingmar Bergman que met en scène Ivo van Hove, dont les festivaliers avaient découvert en 2022 une nouvelle version de Tartuffe interprétée par la troupe de la Comédie-Française. Du 1er au 4 juin, il reviendra à Charles Berling d’incarner une vision singulière qu’avait Bergman du théâtre et du métier de comédien, avec à ses côtés Emmanuelle Bercot. La création est portée par la cellule de production Cité du Théâtre Domaine d’O Montpellier/Printemps des Comédiens. En ouverture également, Julien Gosselin fera résonner la colère de Thomas Bernhard qui, dans Extinction, entreprend de « dézinguer tout ce qui a trait à l'Autriche, aux mensonges liés au nazisme, à la bourgeoisie culturelle, la fausse littérature, la violence sociale » comme l’exprime le metteur en scène et artiste associé de la Volksbühne. Sur scène, les comédiennes et comédiens de sa compagnie joueront avec celles et ceux du théâtre de Berlin. Toujours en ouverture, du 2 au 4 juin, le programme fait se succéder Rapport pour une académie, que Georges Lavaudant crée d’après Kafka, une Histoire(s) de larmes signée Laetitia Spigarelli et J’ai une épée de Léa Drouet.

 

Nouvelles formes, nouvelles écritures. De son côté, Sylvain Creuzevault en ayant fini avec Dostoïevski, s’empare de l’écriture de Peter Weiss, grand observateur de la montée du nazisme dans les années 30. Son Esthétique de la résistance sera l’occasion de découvrir la jeune Promotion 47 du TNS qui se mêlera aux actrices et acteurs de la compagnie de Creuzevault. Parmi les écritures contemporaines on entendra celle de Laurent Gaudé qui, répondant à une commande de Laétitia Guédon, a suspendu sa plume sur l’idée de fin. Créé à Montpellier, Même si Tout le monde meurt est né d’un processus lié à une étroite collaboration avec les équipes et la troupe du ThéâtredelaCité de Toulouse.

Léon Blum, une vie héroïque est l'adaptation des podcasts de l’émission de Philippe Collin sur France Inter. L'homme sera incarné par Charles Berling qui, pour cette adaptation, a voulu construire avec Philippe Collin non pas un spectacle sur Léon Blum, mais un « événement théâtral participatif », avec l’ambition de relier les univers sonores de la radio à ce qui fait théâtre. Très présentes, les écritures suisses seront la plume du plébiscité François Gremaud qui ira Sans savoir où, réinterprétera Giselle… et donnera, en première française, son idée de Carmen ; Séverine Chavrier, future directrice de la Comédie de Genève, a de nouveau puisé dans l’œuvre de William Faulkner, quand Julia Perazzini s’attachera de tout son corps à Faire résonner l’invisible. Kirill Serebrennikov clôturera le festival les 16 et 17 juin avec Der Wij (Le Vij). Le metteur en scène russe y questionne l’Ukraine d’aujourd’hui, exprimant combien le théâtre, l’art peut opérer un changement de notre regard sur la réalité.

Une programmation riche qui, si elle fait la part belle au texte, n’en oublie pas les arts du cirque, de Circus Baobab au merveilleux Boris Gibé, la performance, avec la compagnie chilienne La Re-Sentida, et la musique, avec Hartaqāt ou l’histoire mouvementée du Liban.

37e édition du Printemps des Comédiens, du 1er au 21 juin 2023.

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