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Fishbone : le retour des précurseurs du rock fusion

par Pierre Magnetto
Wishbone au Bataclan le 16 juin en clôture de leur tournée française. © Naja
Wishbone au Bataclan le 16 juin en clôture de leur tournée française. © Naja
Musique Rock-Pop Publié le 18/06/2023
Après plus de 10 ans d’absence, le groupe Los Angélien qui a réalisé la fusion des planètes rock, punk, reggae, funk, ska… dans les années 1980, était en tournée en France en juin. Mal récompensés sur le plan de la notoriété malgré des critiques dithyrambiques et un contingent de fans inconditionnels, les musiciens font figure de précurseurs, cités aujourd'hui comme influence majeure par de nombreux artistes.

Au moins 10 ans qu’ils n’avaient plus mis les pieds en France et vendredi 16 juin, c’était la dernière date d’une tournée de 10 concerts pour le groupe Fishbone. Ça se passait à Paris, au Bataclan, pour la première édition du festival Wall of Clan monté par la salle de spectacle et le tourneur d’Ille-et-Vilaine Rage Tour porteur d’un catalogue international issu à l’origine d’une niche musicale punk, métal et hardcore. Pour le groupe créé en 1979 à Los Angeles par des musiciens d’origine afro-américaine, cette tournée était non seulement l’occasion de renouer avec l’Hexagone et leurs fans aux tempes souvent grisonnantes, mais aussi d’en conquérir de nouveaux. « La France est le premier pays dans lequel nous avons joué en Europe. Nous avons toujours eu un très bon accueil ici car le public est très curieux et très réceptif vis-à-vis de notre musique qui puise dans différents styles musicaux historiques », commente Chris Dowd (clavier, trombone et chant), un des fondateurs du groupe.

Un groupe inclassable Il faut dire que Fishbone a un style assez déroutant. Leur tournée les a conduits sur la scène d’Helfest, le festival dédié au métal à Clisson en Loire Atlantique. Arte, qui a retransmis leur concert, les présente comme « probablement, le groupe le plus inclassable du Hellfest ». C’est le moins que l’on puisse dire de leur présence sur cet événement où l’on est accueilli par une statue de Lemmy, le chanteur du groupe Motörhead. Il n’empêche, Fishbone était programmé sur la Warzone, la scène principale du festival, complètement retournée à l’issue du spectacle.

Une musique fusion Dès sa création le groupe a marqué par une musique fusion qui emprunte à beaucoup de styles : rock, blues, reggae, hard-rock, metal, punk, funk…, alternant les inspirations d’un titre à l’autre ou, empruntant à plusieurs genres dans un même morceau. De fil rouge il n’y en a pas vraiment, si ce n’est des propositions musicales toujours maîtrisées et particulièrement rythmées, qui font montre d’une sacrée énergie pour des presque papis du rock qui approchent de la soixantaine. « Nous avons de nombreux amis musiciens dont les influences musicales sont très variées et ça nous inspire énormément », confie Chris Dowd.

Un bel accueil de la critique et des fans inconditionnels A l’époque du post-punk alors qu’émergeaient de nouvelles tendances, le groupe a plutôt cartonné. Leurs 3 premiers albums, In your face (1986), Truth and soul (1988) et The reality of my surroundings (1991), ont reçu un accueil dithyrambique de la part de la critique et ont permis au groupe de se forger une importante base de fans toujours inconditionnelle. Mais le groupe n'a pas réussi à transformer cette reconnaissance en ventes. Leurs 4 albums studios suivants sortis entre 1996 et 2006 n’ont pas touché le grand public, malgré toujours de bonnes critiques. Le groupe s’est concentré sur la scène, il faut dire que sa musique semble davantage façonnée pour le live et le dance floor que pour l’écoute sur canapé dans un salon douillet.

Des EP pour relier les époques Durant toutes ces années qui les séparent du dernier album studio, Fishbone n’a pas chômé, sortant plusieurs albums enregistrés en public et produisant plusieurs EP, ces disques au format compris entre le single et l’album, ne comprenant que quelques titres. Le dernier en date vient de sortir. Sobrement intitulé Fishbone comme pour un tout premier disque, il contient 5 titres avec toujours les mêmes inspirations musicales. Avec All we have is now, I don’t care, Estranged fruit, Cublicle, Wake up my child, les musiciens naviguent entre reggae, ska, punk-rock, funk latino…

Des précurseurs mal récompensés Chris Dowd et les autres membres du groupe, Angelo Moore (chant-saxophone), Walter Kibby II (voix-trompette), John Norwoof Fisher (basse-voix), John Steward (batterie) et Marks Philip (guitare) : les arrêtes de poissons (traduction littérale du nom du groupe), conservent tout leur piquant. Mais Fishbone c'est l'habituelle saga des précurseurs mal récompensés. En effet, le groupe est cité comme une influence majeure par de nombreux autres groupes : Red Hot Chili Peppers, No Doubt, Primus, FFF, Silmarils, Shakaponk…  Leur notoriété ne ruisselle pas sur celle de Fishbone, c’est sans doute un peu injuste, mais c’est le destin de ces musiciens visionnaires. Dans ce contexte de tournée internationale leur maison de disque va rééditer les albums des musiciens d'ici la fin de l'année. Et puis, le groupe reviendra en France au mois d’octobre, dans le cadre du festival Carnavolorock à Saint-Brieuc, avant de nouveaux concerts lors de festivals rock mais… en 2024.

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Wishbone au Bataclan le 16 juin en clôture de leur tournée française. © Naja
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