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Montpellier Danse : Gorecki par Kader Attou

par Jacques Moulins
"Symfonia Piesni Zalosnych", Kader Attou. ©Damien Bourletsis
Arts vivants Danse Publié le 01/07/2023
"Symfonia Piesni Zalosnych", ballet créé en 2010 et repris à l’Opéra Comédie pour Montpellier Danse, est une œuvre emblématique du travail de Kader Attou. Le chorégraphe, guidé par la musique de Gorecki, y développe son écriture post hip-hop.

C’est un peu le leitmotiv de Montpellier Danse pour sa 43e édition : la reprise d’une pièce qui a marqué l’œuvre d’un artiste, en l’occurrence Kader Attou. Le chorégraphe lyonnais est connu pour avoir réussi, dans les années 90, à mettre sur scène le hip-hop, danse de rue par excellence. La gestuelle s’est ainsi codifiée et a gagné en notoriété auprès de tous les publics, sans conserver pour autant le défi que se lancent les jeunes danseurs de hip-hop dans de brefs solos à même le trottoir. La performance se mêle ici à d’autres écritures de la danse contemporaine, au jeu des lumières de scène, aux longs manteaux qui sont éléments chorégraphiques et surtout à une musique bien éloignée du rap.

Car Symfonia Piesni Zalosnych, créée en 2010 et reprise à l’Opéra Comédie pour trois représentations, est structurée par la musique de Gorecki. La 3e symphonie du compositeur polonais sert de colonne vertébrale à la composition chorégraphique servie par cinq danseuses formées à des écoles diverses, dont la danse classique, à qui répondent six danseurs plus imprégnés de la culture hip-hop. Cela a son importance : de nombreux solos vont rythmer une pièce où la présence féminine est première.

Surnommée Symphonie des Chants plaintifs, l’œuvre lancinante est inspirée des rapports entre mère et fils avec une incursion dans la sphère religieuse, particulièrement dans le troisième mouvement où Marie pleure la mort de son fils. Les chœurs traditionnels de la Pologne rurale et la voix de la soprano Dawn Upshaw donnent à cette symphonie une puissance inédite qui a valu à son auteur une notoriété internationale. On imagine aisément, et avec un peu de regret, ce qu’aurait pu être la représentation avec un orchestre dans la fosse et une soprano sur place.

 

La pièce avait été créée pour le festival Montpellier Danse dans l’ancien lycée professionnel Mendès-France. L’Opéra Comédie lui confère bien sûr une autre allure, plus classique, plus lyrique. Kader Attou s’est appliqué à proposer son interprétation chorégraphique de la musique hautement sensible de Gorecki, dans le même esprit qu’il l’a fait ensuite avec le Requiem de Mozart. D’aucuns pourraient regretter que le mouvement ne soit pas inverse : une écriture chorégraphique première soutenue par un cadre musical. Ce n’est pas le choix de Kader Attou qui préfère confronter son écriture aux compositions musicales qui ont marqué son imaginaire.

 

Symfonia Piesni Zalosnych, chorégraphie : Kader Attou. Musique : Henryk Mikołaj Górecki, Symphonie n°3 pour soprane et orchestre, opus 36 Éditions Chester / Éditions Mario Bois-Paris. Lumière : Françoise Michel. Costumes : Nadia Genez. Avec Aïda Boudrigua, Amine Boussa, Capucine Goust, Erwan Godard, Salem Mouhajir, Ioulia Plotnikova, Sébastien Vela Lopez, Nicolas Majou, Vaishali Trivedi, Majid Yahyaoui.

Les 28, 29 et 30 juin à l'opéra Comédie, dans le cadre de Montpellier Danse.

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