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Montpellier Danse : Pina Bausch revient avec Palermo Palermo

par Véronique Giraud
Palermo Palermo, Pina Bausch © Evangelos Rodoulis
Palermo Palermo, Pina Bausch © Evangelos Rodoulis
Arts vivants Danse Publié le 03/07/2023
Pina Bausch est au panthéon de cette 43e édition de Montpellier Danse qui porte haut et fort la mémoire des grands créateurs de la danse contemporaine. Le choix de "Palermo Palermo" s’est imposé, profession de foi d’une chorégraphe qui a influencé de nombreux artistes.

Quelques semaines passées à Palerme avec sa compagnie, entre rencontres et résidence de travail, ont donné lieu en 1989 à une création de Pina Bausch. Cette évocation de la capitale de Sicile n’est pas un portrait de la ville mais met en forme les émotions, les souvenirs de ce voyage, les observations partagées, la complexité du rapport homme femme, les états intérieurs de danseurs et de danseuses. Sur scène, ils sont vingt-deux. En groupe harmonieux, en confrontation, en solo, les morceaux défilent, faisant parfois se chevaucher les temporalités. Chacune et chacun raconte, en gestes, en mots, chaque moment sensible déclenche un geste dansé. Nul besoin de comprendre ce qui se trame dans l’esprit et la mémoire des interprètes, le langage gestuel est particulièrement éloquent, abouti. Cette œuvre emblématique du Tanztheater de Wupperthal, que Pina Bausch inventa, résiste bien au temps. Le public la retrouve ou la découvre sur la grande scène de l’opéra Berlioz, au programme d’une édition de Montpellier Danse qui inscrit le répertoire et la mémoire comme fil conducteur.

La première mondiale de Palermo Palermo fut donnée à l’opéra de Wupperthal, où est installée la compagnie. La pièce fit comme toutes les autres le tour du monde, toujours bien accueillie. Près de trente ans plus tard, l’intelligence, l’acuité, et la sensibilité qui préside à l’œuvre est toujours là. Aux premiers instants de la pièce, un immense mur tombe. Les danseurs vont évoluer au milieu des ruines, les rencontres se jouent, les personnages se dessinent, des cris percent la salle. Les groupes de femmes ne forment qu’un seul corps, les groupes d’hommes aussi, composant des tableaux qui marquent l’esprit et impriment la créativité d’une chorégraphe dont le statut d’exception est toujours vif. Ces tableaux marquent le tempo d’une force nouvelle, d’une résistance organisée qui suscite le geste dansé.

Palermo Palermo est un voyage intérieur turbulent, fantasque, cruel, risible. Il met à nu l’inconscient des danseurs que, du regard et d’expressions encourageantes, Pina met en ordre. Et dans la salle de l’opéra Berlioz du Corum, la généreuse acuité de Pina Bausch se ressent partout sur scène.

 

 

Palermo Palermo, une pièce de Pina Bausch. Mise en scène et chorégraphie : Pina Bausch. Avec Andrey Berezin, Dean Biosca, Naomi Brito, Maria Giovanna Delle Donne, Taylor Drury, Çağdaş Ermiş, Letizia Galloni, Christoph Iacono, Simon Le Borgne, Reginald Levebvre, Alexander Lopez Guerra, Nicholas Losada, Eddie Martinez, Nazareth Panadero, Franko Schmidt, Azusa Seyama-Prioville, Julie Shanahan, Ekaterina Shushakova, Julie Anne Stanzak, Oleg Stepanov, Julian Stierle, Christopher Tandy, Tsai-Wei Tien, Tsai-Chin Yu.

Les 29 et 30 juin, le 1er juillet, Opéra Berlioz / Le Corum dans le cadre de la 43e édition de Montpellier Danse.

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