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À Montpellier, la danse contemporaine en mémoire et à vif

par Véronique Giraud
Désert d'amour, de Dominique Bagouet, repris par Sarah Matry-Guerre ©Marson - Métropole  ©Marson Métropole
Désert d'amour, de Dominique Bagouet, repris par Sarah Matry-Guerre ©Marson - Métropole ©Marson Métropole
Arts vivants Danse Publié le 04/07/2023
Angelin Preljocaj, Jean-Claude Gallotta, Pina Bausch, Dominique Bagouet auront marqué la 43e édition du festival Montpellier Danse. Sans occulter les nouveaux talents et les émergents, leur mise en perspective a dressé un portrait à vif de la danse contemporaine.

Jean-Claude Montanari a composé une édition autour de la transmission et/ou du répertoire. En accord avec le temps de la danse contemporaine. Il s’est en effet passé plusieurs décennies depuis les premières grandes créations des années 80. Est venu le moment de les inscrire au répertoire, de les faire renaître devant le public et de les transmettre à la nouvelle génération de danseurs. La précision d’écriture de Dominique Bagouet, le théâtre dansé de Pina Bausch, les premiers jets incarnés de Gallotta et de Preljocaj, donnent à cette 43e édition les saveurs de la danse contemporaine depuis ses origines. L'autorisant ainsi à évoluer avec son passé.

 

Jean-Claude Gallotta était à Grenoble lorsqu’il créa Ulysse en 1981, pour huit danseurs. La pièce a été jouée de nombreuses fois depuis, revisitée par son concepteur en variations et réappropriée par de nouveaux corps. Pour Montpellier Danse, Gallotta a voulu « être au plus près de sa création ». La pièce avait d’ailleurs été programmée au festival de Montpellier Danse par Dominique Bagouet, elle apporta à son concepteur la reconnaissance de la critique et du public. Jean-Paul Montanari a demandé pour Montpellier Danse 2023 « quelque chose de différent ». Gallotta y a ajouté un prologue, issu de sa dernière création, Pénélope. Devenue Ulysse grand large, la pièce est programmée au théâtre de l’Agora, en plein air.

 

La pièce de Bagouet, Désert d'amour, fait faire elle aussi un grand saut dans le temps. Celui des moments pionniers de la danse contemporaine en France, celui aussi de la naissance d'un festival confié à un jeune chorégraphe par l'édile de la ville. Quarante ans plus tard, les années Bagouet impriment toujours le festival et cette mémoire originelle résonne d'une manière singulière avec aujourd’hui. La perte de boussole des sociétés occidentales, les mois de pandémie la rendent nécessaire.

C’est précisément pendant les mois de confinement, qui ont obligé Sarah Matry-Guerre à rester à Montpellier plus longtemps que prévu. « Revenir à Montpellier, revenir aux racines », puis repartir à Mexico où elle est installée, a incité la chorégraphe à se rapprocher des Carnets Bagouet, collectif qui recense les archives et ravive régulièrement l’héritage du chorégraphe. « J’ai eu envie de me replonger dans cet univers ». Née à Montpellier et formée au conservatoire de la ville, ce moment a déclenché en elle l’envie de le faire revivre. Sarah s’est alors rapprochée de Jean-Pierre Alvarez, interprète dans la compagnie Bagouet et membre des Carnets Bagouet, puis de Jean-Paul Montanari qui accueillit le projet avec enthousiasme, lui qui vécut les premiers moments du festival aux côtés du chorégraphe avant d’en prendre la direction en 1983. Une telle reprise s’accordait parfaitement avec la thématique de la mémoire qui parcourt cette édition. Déserts d’amour avait ouvert le festival en 1984, et le clôture en 2023. D’une grande complexité, la pièce a été écrite pour neuf danseurs qui évoluent en continu sur une partition d’une grande précision et avec un rapport très étroit à la musique. Sa reprise aura permis à Sarah de faire connaître l’esthétique du pionnier Bagouet à Mexico City où elle co-dirige la W.E Cie, également basée à Montpellier. Gageons que la pièce, que Sarah a fait renaître en la faisant évoluer avec des techniques audiovisuelles du XXIe, aura été une vraie découverte pour une grande partie du public de l’opéra Comédie où elle est donnée deux fois, les 3 et 4 juillet.

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