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L’art en MRAC

par Élisabeth Pan
Aurélie Piau, Poulette 2, 2018. Huile sur carton entoilé, 30 × 21 cm. Courtesy de l’artiste. Photo : Pauline Rosen Cros.
Aurélie Piau, Poulette 2, 2018. Huile sur carton entoilé, 30 × 21 cm. Courtesy de l’artiste. Photo : Pauline Rosen Cros.
Aurelie Piau, Femmes triomphantes et joyeuses sautant sur des poulets. ©EPan
Aurelie Piau, Femmes triomphantes et joyeuses sautant sur des poulets. ©EPan
Naomi Maury, Cocon ©EPan/NAJA
Naomi Maury, Cocon ©EPan/NAJA
Naomi Maury, Exosquelettes de fer et néons de couleurs © EGuibert
Naomi Maury, Exosquelettes de fer et néons de couleurs © EGuibert
Anne-Marie Schneider, Portraits couleurs. ©EPan/NAJA
Anne-Marie Schneider, Portraits couleurs. ©EPan/NAJA
Anne-Marie Schneider, Monstres et silhouettes.© EPan/NAJA
Anne-Marie Schneider, Monstres et silhouettes.© EPan/NAJA
Aurélie Piau, le poulet dans tous ses états. © EPan/NAJA
Aurélie Piau, le poulet dans tous ses états. © EPan/NAJA
Arts visuels Arts plastiques Publié le 21/10/2023
Pas moins de trois expositions tout en couleurs pour la saison automne-hiver du Musée Régional d’Art Contemporain (MRAC) de Sérignan. Trois artistes femmes sous le commissariat du directeur artistique du musée, Clément Nouet, accompagné de Thierry Leviez pour l’exposition d’Anne-Marie Schneider et de Anaïs Bonnel pour celle d’Aurélie Piau.

Naomi Maury met en lumière les exosquelettes. Le parcours de la nouvelle exposition du MRAC de Sérignan débute au rez-de-chaussée avec la création de Naomi Maury intitulée Exoskeletlight. L’œuvre s’intéresse aux transformations du corps face aux machines et aux autres êtres vivants, comme on peut le voir dans le domaine médical avec, entre autres, les prothèses. L’artiste fut lauréate de l’édition 2022 du Prix Occitanie – Médicis, consacré depuis 2018 à la découverte, au soutien et à la promotion des talents de la région Occitanie à l’international. Depuis cette année, cette distinction est établie en collaboration avec la Villa Médicis, offrant aux lauréats une résidence de trois mois dans la Villa de Rome et une bourse décernée par la Région Occitanie, qui prend en charge l’hébergement.

Le travail issu de cette résidence est ensuite régulièrement exposé au MRAC ou au CRAC (Centre Régional d’Art Contemporain de Sète). Cette fois, c’est à Sérignan que les squelettes métalliques illuminés de néons colorés de Naomi Maury sont montrés. Ces « halos lumineux » s’accompagnent d’une performance durant laquelle les sculptures sont portées par des performeurs qui les déplacent dans l’espace. La salle est emplie des sons de grillons et de chants lointains. L’installation est accompagnée d’un cocon dans lequel est projeté le film de l’artiste « dans un futur proche » dans lequel des individus tentent de prendre soin d’un environnement naturel rempli de détritus, exprimant ce que pourrait être la vie si les êtres humains prenaient soin des espaces qui les entourent. L’artiste interroge dans son travail le soin que les individus accordent, à la fois à leur corps, à ceux d’autres êtres vivants et à leur environnement.

 

Aurélie Piau remporte le défi. C'est avec son exposition Va y’avoir du sport, titre inspiré de la chanson Va y avoir du sport mais moi j’reste tranquille de Silmarils, qu'Aurélie Piau est entrée en collaboration avec le MRAC. Pour ce projet, l’artiste a passé quatre mois en résidence dans le lycée Marc Bloch, établissement polyvalent de Sérignan identifié Arts et Tertiaire, où toutes les œuvres ont été créées. Pour aller jusqu’au bout de l'immersion, l’artiste dormait à l’internat, mangeait à la cantine, et bénéficiait d’un espace au sein du lycée pour exercer son art. Elle a ainsi pu passer du temps avec la direction et avec les lycéens. Elle leur a montré combien l’art est un mode d’expression du débat et des émotions, surtout à un âge où cela semble le plus difficile. Pour l'occasion, Aurélie a cherché à mettre en valeur l’injustice de la compétition et du sport, dans lequel ce n’est pas le plus fort mais le plus violent qui est récompensé. Pour l'artiste, la force devrait être représentée par la capacité de protéger, plutôt que par la capacité de violence que célèbre indirectement notre société. Le mur de l’installation est habillé d’un papier peint dont chaque détail annonce la couleur de l’exposition, et avec lequel Aurélie Piau interroge : « Est-ce que l’artiste est là pour décorer le désastre ? ». Dans ses créations, elle propose plusieurs références, pour le regard avisé des connaisseurs sportifs, à l'instar des chaussettes noires sur lesquelles sont représentés les deux sportifs Tommie Smith et John Carlos, qui furent interdits de compétition après avoir exprimé leur soutien aux Black Panthers sur le podium en 1968. « Les hommes forts sont punis par des hommes violents » déclare-t-elle. Le public y retrouve aussi des blagues telles, que des « couilles en or » (littéralement), et plusieurs œuvres faites avec des objets du quotidien (comme des bouchons de crème chantilly). Un mur de femmes sportives les représente fortes, victorieuses, et surtout joyeuses. Sur un autre mur, tapi d’affiches « Applause Please » (applaudissez s’il-vous-plaît) c’est le conditionnement du public par la société qu'interroge Aurélie Piau, qui note l’évolution du rapport au public : « ce n’est plus du divertissement, on en est au niveau de la distraction maintenant. »

 

Redécouverte de l’œuvre d’Anne-Marie Schneider. Jouissant d’une belle notoriété dans le milieu artistique, Anne-Marie Schneider est pourtant peu exposée en France. Le MRAC propose ici un des plus grands ensembles de ses œuvres jamais présenté dans le pays. Clément Nouet, directeur du MRAC, la décrit comme « une artiste confidentielle » expliquant que, même lors de cette collaboration, la créatrice était restée assez discrète et leur avait donné carte blanche sur le choix des œuvres exposées, se contentant de choisir le titre, Le cercle est le monde. La santé physique et mentale fragile de l’artiste l’oblige à souvent être hospitalisée, une situation qu’elle utilise entre autres dans son travail. Ses inspirations variées vont de l’actualité aux contes de fée, de sa formation de violoniste à son désir d’une famille idéale qui se reflète dans son questionnement de l’enfance et des traumatismes qui lui sont liés. « Je travaille avec le conscient et l’inconscient en même temps » explique l’artiste. Il y a une très grande part d’interpénétration dans ses œuvres, et elles sont ici disposées de façon à se répondre les unes aux autres, grâce à une installation organisée en partenariat avec un scénographe de l'école de Monaco Décors, dans le cadre d’un programme offrant à de jeunes scénographes une première expérience professionnelle.

 

Exoskeletlight de Naomi Maury / Le cercle est le monde d’Anne-Marie Schneider /Va y’avoir du sport d’Aurélie Piau. Du 14 octobre au 7 Janvier 2024. MRAC de Sérignan (Hérault).

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