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Populaire ? La première exposition permanente du Mucem

par Pierre Magnetto
Une simple bétonnière, récupérée sur un chantier de démolition, peinte selon des motifs traditionnels d’Albanie par Endri Dani © Endri Dani
Une simple bétonnière, récupérée sur un chantier de démolition, peinte selon des motifs traditionnels d’Albanie par Endri Dani © Endri Dani
Une boîte à neige, avec la Bonne Mère coincée dans la bulle. © Mucem/Marianne Kuhn.
Une boîte à neige, avec la Bonne Mère coincée dans la bulle. © Mucem/Marianne Kuhn.
Un espace immersif sous-marin pour évoquer à travers des récits fictifs des thèmes sociétaux. © Julie Cohen/Mucem
Un espace immersif sous-marin pour évoquer à travers des récits fictifs des thèmes sociétaux. © Julie Cohen/Mucem
Le street-art, tout un pan de l’espace dédié à la peinture avec, entre autre, cette œuvre de Miss. Tic. © Mucem/Marianne Kuhn.jpg
Le street-art, tout un pan de l’espace dédié à la peinture avec, entre autre, cette œuvre de Miss. Tic. © Mucem/Marianne Kuhn.jpg
Le peinture au service de la conception d’affiches promouvant des spectacles. © Julie Cohen/Mucem
Le peinture au service de la conception d’affiches promouvant des spectacles. © Julie Cohen/Mucem
Photographie représentant une famille à Alexandrie. Alain Leloup. 1997. Égypte, Alexandrie © Alain Leloup / Mucem
Photographie représentant une famille à Alexandrie. Alain Leloup. 1997. Égypte, Alexandrie © Alain Leloup / Mucem
Armoire. 1840. Zillertal, Tyrol, Autriche. Bois peint © Mucem / Marianne Kuhn
Armoire. 1840. Zillertal, Tyrol, Autriche. Bois peint © Mucem / Marianne Kuhn
Arts visuels Installation Publié le 14/12/2023
Le musée a sélectionné dans sa collection de près d’un million de pièces diverses, 1 200 objets du quotidien pour constituer sa première exposition permanente. A mi-parcours de l’année célébrant son 10e anniversaire, l’institution entend, avec cette expo à l’accès libre, toucher un public éloigné de la culture et témoigner du génie de l’humanité et de ses savoir-faire.

Avec Populaire ?, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille se dote pour la première fois d’une exposition permanente. Elle présente 1200 objets du quotidien sur autant de mètres carrés situés au rez-de-chaussée du bâtiment du J4. Ces objets ont été puisés dans son trésor précautionneusement gardé en son Centre de Conservation et de Ressources (CCR) du quartier de la Belle-de-Mai, comptant 335 000 objets, 450 000 photographies, 150 000 ouvrages et un kilomètre linéaire d’archives provenant des fonds historiques du Musée national des arts et traditions populaires, des collections du musée de l’Homme et des acquisitions du Mucem. Cette exposition gratuitement accessible au public constitue un moment fort de la célébration des 10 ans du Mucem. Cette année anniversaire débutée en juin 2023 s‘achèvera dans 6 mois et déjà quelques expositions-événement l'ont marquée, comme Une autre histoire du monde (jusqu’au 11 mars), Fashion folklore (jusqu’au 8 janvier), Au salon des arts ménagers (clôturée en novembre dernier) ou encore, mais au CCR cette fois, La vie secrète des collections (jusqu’au 8 mars).

 

S’adresser au public qui ne vient pas ou peu. « Populaire ? est une exposition qui porte une ambition, s’adresser à des publics qui viennent peu ou pas au Mucem. Évidemment c’est une exposition qui va aussi séduire nos fidèles mais on avait envie aussi pour ces 10 ans d’adresser un nouveau message à celles et ceux qui ne venaient pas, notamment celles et ceux du territoire. On voulait leur dire revenez nous voir, reposez-vous la question de votre lien avec le Mucem » explique Pierre-Olivier Costa. Le président du musée concède qu’il s’agit « d’une exposition particulière », montée « dans des délais difficiles car on a décidé d’entamer ce travail peu de temps après mon arrivée il y a moins d’un an ». Mais à projet exceptionnel moyens exceptionnels. Pas moins d’une quinzaine de personnes de l’équipe de conservation du Mucem (scientifiques et conservateurs) ont constitué le commissariat collectif ayant présidé au choix des objets – « ce sont plutôt les objets qui nous ont choisi et non pas nous qui les avons sélectionnés » dit en substance une des membres de l’équipe.

 

Une trace du quotidien des humains. Avec une scénographie parfois éloignée des codes habituels de mise en scène d’une expo, un choix de code couleurs facilitant le cheminement tout au long de 8 sections thématiques (Naturalia, Peinture, Architecture et Immobilier, Sculpture, Mode, Céramique, Métal, Verre), Populaire ? surprend et captive. Les objets sélectionnés « parfois reconnaissables car on les a vus dans nos maisons quand d’autres ont perdu leur usage et qu’il faut réinventer leur vie, leur lien avec les Hommes » sont porteurs d’émotions, de poésie, car ils constituent une trace du quotidien des humains dans des périodes pas forcément très reculées. « Nous avons voulu les mettre en condition particulière pour faire dégager une certaine émotion, en tout cas une certaine poétique » poursuit le président du Mucem. Quatre écrivains se sont attachés à la rédaction des cartels qui présentent ces objets, racontent leur vie, au besoin en faisant appel à leur imaginaire pour révéler des implicites. « Il n’y a pas que la Joconde ou les tableaux des grands maîtres qui sont beaux, une fontaine de propreté peut aussi avoir un caractère magique » s’enthousiasme l’un d’eux, Arthur Dreyfus. Une autre, Lucile Bordes, dévoile toute la charge émotionnelle et esthétique que lui inspire une bétonnière, récupérée sur un chantier de démolition et peinte par l’artiste albanais Endri Dani avec des motifs aux couleurs vives issus de la tradition de son pays.

 

Un espace immersif sous la mer. Parmi les trouvailles de Populaire ? cet espace immersif, un écran incurvé sur 180 degrés représentant un décor sous-marin avec son fond sablonneux, ses algues, ses protubérances et une luminescence propre aux faibles profondeurs. Les objets aperçus illustrent sept thèmes de l’histoire contemporaine tels les déchets, les migrations, le féminisme, le foot, le street-art, le hip-hop et le genre. Muni d’écouteurs le visiteur se déplace dans cet espace circulaire mi-clos pour écouter des récits fictifs qui racontent l’histoire de ces objets tombés au fond de l’eau (une poupée, un ballon, un blouson, une bombe de peinture...). « Ces récits expliquent au visiteur pourquoi le Mucem garde dans ses collections des objets qui pourraient paraitre anodins. En fait ils sont rattachés à des sujets de société et on s’en saisit pour évoquer ces sujets » explique Nathalie Bely en charge de la production audio-visuelle du Mucem.

 

Empêcher le temps de tout faire disparaitre. Ainsi se poursuit la pérégrination du visiteur à travers cette multitude d’objets, mobiliers, costumes, vaisselle, peintures religieuses, publicités anciennes, affiches, coiffures… des objets qui ont en commun un savoir-faire humain, témoin de son époque, de l’état de l’art à ce moment-là, mais aussi qui portent l’usage de matériaux, des plus nobles aux plus anodins. « Pour faire ce lien avec ce public que nous voulons voir venir au Mucem nous avons choisi des objets qui ont vécu avec les hommes, qui ont quelque chose de familier, qui ne demandent pas d’avoir fait quelques années d’études pour bien comprendre ce que l’on veut dire" reprend Pierre-Olivier Costa. « On avait envie de compter sur des objets qui suscitent l’émotion. Pourquoi sont-ils là ? Pourquoi les a-t-on gardés ? Qu’est-ce que le Mucem ? Un musée de société ? Pourquoi à un moment ce musée se met à garder, à sauvegarder, des objets qui sont dans nos maisons ? Parce qu’il a une vocation, empêcher le temps de tout faire disparaître. Pouvoir garder, pouvoir comme ça conserver les souvenirs des uns et des autres, pour pouvoir le partager avec les uns avec les autres ». C’est tout le sens de Populaire ?

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Armoire. 1840. Zillertal, Tyrol, Autriche. Bois peint © Mucem / Marianne Kuhn
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