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« Tout est possible », le message lumineux de Pone au Mucem

par Lucie Goar
Le phare diffusera le message de Pone jusqu’en juillet © Mucem / Brognon Rollin / Julie Cohen
Le phare diffusera le message de Pone jusqu’en juillet © Mucem / Brognon Rollin / Julie Cohen
Stéphanie Rollin et David Brognon © dirtymonitor
Stéphanie Rollin et David Brognon © dirtymonitor
Arts visuels Installation Publié le 13/01/2024
Un signal vient éclairer le ciel marseillais depuis la tour du fanal du fort Saint-Jean à Marseille. C’est un message de Pone, le fondateur de la Fonky Family atteint par la maladie de Charcot, qui ne communique plus que par l’intermédiaire d’un ordinateur et la captation de ses mouvements oculaires. Le ballet de lumière reproduit celui de ses pupilles quand il écrit son message.

Ce vendredi 12 janvier le Mucem a mis en place du haut de la tour du fanal (que les Marseillais appellent la Tourette) dominant le fort Saint-Jean à l’entrée du Vieux-Port de Marseille une installation très particulière : Le phare. Tous les matins une heure avant le lever du soleil et tous les soirs une heure après son coucher, et ce jusqu’au mois de juillet, le public pourra observer le curieux ballet d’un rayon lumineux dont les feux ne seront pas tournés vers la mer pour aviser les marins, mais vers la ville pour interpeller habitants et touristes. Cette installation est le fruit d’une collaboration entre le duo d’artistes franco-belge David Brognon et Stéphanie Rollin et, Pone, cofondateur du groupe de rap né à Marseille, Fonky Family. Depuis 2015 le rappeur est atteint de la maladie de Charcot, une maladie dégénérative qu’on ne peut guérir et qui, petit à petit, conduit à une paralysie totale du corps et à l’impossibilité de s’exprimer oralement. Si au terme de la maladie le cerveau et les yeux fonctionnent encore on ne peut survivre que grâce à l’installation d’un système de ventilation artificielle.

Le projet d’un duo d’artistes franco-belge Pone est aussi appareillé d’une technique informatique d’enregistrement des mouvements des yeux lui permettant de naviguer seul sur internet, d’écrire, de composer et donc de communiquer avec ses proches en écrivant des messages sur son ordinateur.  Malgré la maladie Pone n’a pas renoncé à ses activités artistiques. Avec l’assistance informatique il a en 2019 composé et mixé l’album Kate & Me, puis l’EP Vision et Listen and Donate. Il vient également de publier Un peu plus loin, une autobiographie aux éditions JC Lattès. David Brognon et Stéphanie Rollin, eux, produisent des œuvres aux formes diverses (installations, sculptures, vidéos, photo, performances) dont l’humain et la rencontre sont les sujets principaux. A travers des situations réelles ils cherchent à donner une forme plastique à l’expérience vécue. Leur travail a fait l’objet d’expositions et d’installations au Mac Val de Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne, au Musée Pompidou, au Centre national des arts plastiques… et rayonne aussi à l’international Luxembourg, Belgique, États-Unis (Los Angeles) et prochainement en Irlande (Dublin).

Le phare projet lumineux Frappé par l’esprit de résilience de Pone le duo a pu rencontrer ce dernier, communiquer avec lui et élaborer le projet Le phare. « Nous avons eu l’idée d’enregistrer le déplacement de sa pupille lorsqu’il s’exprime et de ne capter qu’une seule phrase, une punchline, qu’on allait ensuite reproduire en bord de mer via la lumière d’un phare », expliquent les deux artistes. Les mouvements du phare n’ont donc rien d’aléatoire, ils reproduisent le déplacement des pupilles du musicien. Encore fallait-il trouver un phare. Leur projet a été soutenu par le programme Mondes nouveaux mis en place par le ministère de la Culture au lendemain de la crise sanitaire pour soutenir la création artistique, ce qui lui a donné une certaine visibilité. Pour le Mucem qui dispose d’un pôle « Sport et santé ». « Ce projet s’inscrit pleinement dans l’engagement du musée autour de la question du soin et de la santé, qui se reflète dans ses collections », explique Justine Bohbote, co-commisssaire de l’installation avec Hélia Paukner.

Un message d’espoir Quant à Pone, de son vrai nom Guilhem Gallart, il vit aujourd’hui à Toulouse, la ville où il est né et où il est retourné après ses années marseillaises. Dans un message adressé au public il dit son « incommensurable fierté » de voir Le phare monté à Marseille. « Moi qui suis arrivé à Marseille à 18 ans, qui ai habité le centre-ville, fréquenté le Panier… Quel retour ! ». Quant au message diffusé par les rayons lumineux il est on s’en doute porteur d’espoir : « Je pense dire un truc bateau, mais tellement vrai me concernant, tout est possible ".

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