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Mot de passe oublié ?Sivadier réenchante l’histoire des Atrides pour l’amour du jeu
C’est un exploit qu’accomplit Jean-François Sivadier dans sa pièce Portrait de famille, une histoire des Atrides, en résumant en 3h30 cet arbre généalogique fourmillant des atrocités d'une famille maudite. Un autre exploit est de faire de cette tragédie grecque une comédie plaisante, rendant ainsi les épisodes dramatiques d’autant plus forts. Le dramaturge dit s’être inspiré pour cela des auteurs grecs, Eschyle, Euripide, Sophocle, Sénèque, connus pour teinter d’ironie les situations les plus tragiques, afin de permettre au spectateur de respirer un peu. Malgré le côté dramatique des scènes, les enjeux apparaissent puérils. Sivadier revient sur la trivialité de l’origine même de la fameuse guerre de Troie : Ménélas a été quitté par sa femme. Cette scène de ménage mènera à certaines des pires atrocités de la mythologie, et à une des plus grandes guerres jamais contées.
Le metteur en scène a, à l'origine, créé cette pièce pour un des spectacles de sortie de la promotion 2023 du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (CNSAD) de Paris. Avec une distribution composée de quatorze comédien.nes fraichement diplômé.es du CNSAD, Sivadier met en avant ces jeunes artistes, et les fait rayonner chacun à sa façon, pour mettre en avant leurs singularités. C’est mission accomplie. Chacun.e montre différents registres de jeu au long de la pièce, et la palette est impressionnante. Passant de la joie au désespoir, les comédien.nes font ressentir chacune des émotions de son rôle au public, et parviennent à faire rire sans tourner leur personnage en ridicule. Chaque personnage mythologique a ainsi l’air convaincu d’avoir raison, et de faire pour le mieux, seul le public se moque de ses décisions pauvres de réflexions.
Brisant souvent le quatrième mur, Sivadier aime attirer les spectateurs dans son monde, capter leur intérêt. Sa façon de moderniser l’histoire des Atrides, de la présenter comme un conflit politique actuel, avec des vues et des réactions actuelles, rend la pièce d’autant plus compréhensible. Le dramaturge met en avant l’absurdité des personnages de la mythologie justifiant chacune de leurs actions par la volonté des dieux quand c’est l’ego des hommes qui les pousse à des crimes injustifiables, et des dégâts irréparables.
Jean-François Sivadier signe ici une pièce à la fois intelligente et distrayante, qui donne envie d’en voir plus. Portrait de Famille partira en tournée, après ses débuts au Printemps des Comédiens de Montpellier en juin. Du 18 au 29 septembre, elle sera au Théâtre de la Commune, CDN Aubervillers. Elle se jouera ensuite au Carré Sainte Maxime les 4 et 5 octobre, puis à La Coursive Scène Nationale de La Rochelle les 13 et 14 novembre. En 2025, elle sera accueillie au TAP, Scène Nationale de Poitiers les 7 et 8 février, puis du 19 au 21 mars à la Comédie de Béthune, CDN Hauts de France, et du 19 au 29 juin au Théâtre du Rond-Point à Paris.
