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Mot de passe oublié ?Le destin d’un frère et d’une sœur bascule alors que leur mère, dont ils ne veulent plus rien savoir, vient de mourir et qu’un notaire les convoque pour faire entendre son testament.
À travers le destin de Jeanne et Simon, confrontés aux secrets effroyables de leur mère, la pièce révèle combien le tragique traverse les générations. « C’est cette résonance actuelle, cette lecture d’un monde contemporain hanté par ses propres fantômes et déchiré par des conflits sans fin, que nous voulons faire entendre » exprime le Collectif 1-110 qui présente la pièce de Wajdi Mouawad, Incendies, dans le OFF d’Avignon du 5 au 26 juillet au Théâtre du Collège de La Salle.
« Pour porter cette parole, nous avons imaginé un théâtre brut, essentiel, qui donne toute sa place au jeu ». Répartis autour d’un grand cercle rouge tracé au sol, six chaises, un portant de costumes, un tableau à craie composent un semblant de décor. Les comédiens et les comédiens se préparent sous le regard du public, s’habillent, se maquillent à vue. Ils seront présents sur scène pendant toute la représentation. Le cercle délimite l’aire du jeu, où s’enchâssent les temps, les lieux, les destins. Espace frontière, vide puis occupé par un ou plusieurs personnages. D’abord un notaire fantasque et volubile, chargé par la mère, Nawal Marwan, de lire son testament aux jumeaux orphelins. Ses efforts se heurtent à la colère du fils et au mutisme de la fille, tous deux brisés par la vie. Alternant éloquence administrative et réflexions intimes, le notaire parvient à faire entrer les deux héritiers dans le cercle. Ce qu’apprendront ces deux derniers du passé de leur mère, son lourd secret, va changer leur vie, répondra à leur questionnement, mais cet « héritage » ne les réconciliera pas avec le monde. Incompréhension, frustration, colère, s’imposent avec vigueur face au discours du notaire qui tente de pacifier, d’atténuer la colère, en appelant à l’amour maternel, au respect des dernières volontés d’un mort. La peur, la violence, la haine sont attisés, la consolation du lien brisé est une épreuve qu’il leur faudra traverser longtemps, long voyage vers une renaissance, par la grâce d’une émancipation des drames familiaux, du poids des origines.
Seize ans après que Wajdi Mouawad a présenté Incendies au Festival d’Avignon, l’urgence de dire ses mots, de se rassembler en troupe autour d’eux, de les jouer, les mettre en scène, les partager avec le public, dit beaucoup de la démarche du Collectif 1-110 qui s’est constitué à l’issue de leur formation à l’École Alsacienne. Avec un jeu impeccable, cette jeunesse porte haut le message initiatique du dramaturge.