le journal des créations du 21eVous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous
Mot de passe oublié ?« 4 » de Rodrigo Garcia, humain très humain
Rodrigo Garcia est un inventeur d’histoires à voir. Sa dernière création, 4, est construite un peu comme les feuilletons radiophoniques d’Amérique latine décrits par Vargas Llosa dans La Tante Julia et le scribouillard. Les textes du dramaturge argentin réinventent ici la poésie du quotidien. Son expression est sobre, efficace, souvent très drôle. Pour 4, ses mots s'affichent en gros caractères un écran panoramique qui ferme la scène et sont dits, en espagnol, par les comédiens performeurs.
La pièce débute avec quatre personnages, quatre corps reliés par les fils ténus d’une toile d’araignée (allégorie de la toile d’Internet ?) et avancent au son des grelots dont leurs pieds sont parés (bruits incessants de la ville ?). C'est la nuit : « La nuit tombe comme une merde ». S’ensuivent une série de petits récits scéniques dont les corps des performers s’emparent magnifiquement. Au fil du spectacle et de la narration, le spectateur est émerveillé, attendri, gêné, par les nombreuses trouvailles scéniques, comme autant d'exutoires. Violence (faite à la femme), dérision (exprimée par le dandinement de deux lolitas prépubères), colère (illustrée par les célèbres de Mac Enroe), jeux sensuels (le savon de Marseille géant n’attend que deux corps et un jet d’eau pour devenir lieu de plaisir). Et la puissante symbiose de l’image et du son trouve un paroxysme génial quand un détail du tableau de Courbet, L’origine du monde, est pris pour cible par un joueur de tennis, et compose un cocktail assourdissant.
Rodrigo Garcia ne peut se passer des symboles animaliers. Ici ce sont deux poules et deux coqs, ridiculement chaussés de baskets colorées, à la démarche des humains d’aujourd’hui, et un loup guitariste. Mais ce que l'auteur dépose sur la scène, il le livre au spectateur comme un gros paquet de choses à penser, à rire, à se choquer, à se moquer, à pleurer aussi. Le spectacle laisse la sensation qu’un instant magique de l’imaginaire vient de s’achever. C'est aussi ce que suggère l’une des dernières phrases de la pièce « Toute la magie a lieu hors de chez soi ». Au théâtre sans doute.
4 – Du 5 au 7 novembre au hTh, Domaine de Grammont, Montpellier / Avec : Gonzalo Cunill, Nùria Lloansi , Juan Navarro, Juan Loriente / Création vidéo : Ramon Diago, Daniel Romero / Création son : Daniel Romero, Serge Monségu / Scénographie lumière : Sylvie Mélis / assistant à la mise en scène : John Romào / Costumes : Marie Delphin / Production déléguée : Humain trop humain – CDN Montpellier.
Tournée : Du 12 au 15 novembre et du 17 au 22 novembre 2015 au CDN - Nanterre - Amandiers (dans le cadre du Festival d’Automne à Paris) - Le 26 novembre 2015 au Théâtre Le Phénix / Valenciennes - Le 5 décembre 2015 au Théâtre National de Lisbonne / Portugal - Le 11 décembre 2015 au Théâtre Municipal de Porto / Portugal - Les 15 et 16 décembre 2015 à La Comédie de Caen - CDN de Normandie
Du 8 au 9 janvier et du 13 au 16 janvier 2016 au Théâtre Garonne à Toulouse - Les 20 et 21 janvier 2016 à Bonlieu Scène nationale Annecy - Les 28 et 29 janvier 2016 à La Maison de la culture d’Amiens - Les 4 et 5 février et du 9 au 11 février 2016 à hTh – CDN Montpellier - Du 16 au 18 mars 2016 au Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine (TNbA) - Les 31 mars et 1er avril 2016 au Centre Dramatique National de Haute Normandie / Rouen.
