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Aix-en-Provence 2021 : Année double pour le festival d’art lyrique

par Jacques Moulins
Le 30 juin, l’ouverture du festival se fera dans la tradition, au Théâtre de l’Archevêché et avec un opéra de Mozart, Les Noces de Figaro. DR
Le 30 juin, l’ouverture du festival se fera dans la tradition, au Théâtre de l’Archevêché et avec un opéra de Mozart, Les Noces de Figaro. DR
Musique Opéra Publié le 03/06/2021
Huit œuvres lyriques, dont deux créations mondiales, sont au programme exceptionnel du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence qui s’étend sur un mois, du 30 juin au 25 juillet.

Le festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence « redouble d’ambition pour son édition 2021 qu’il souhaite exceptionnelle » dit son directeur général Pierre Audi. On ne saurait mieux présenter le programme de cet été, car la formulation n’est pas qu’intention, elle est à prendre au pied de la lettre. À la différence d’un concert de musiques actuelles, dont les organisateurs contractent avec des tourneurs proposant différents groupes qui iront se produire le même été en plusieurs lieux, une production d’opéra se prépare des années à l’avance pour un lieu. Il n’est donc pas question de rayer d’un trait de plume l’important travail fait pour une édition du festival d’Aix-en-Provence qui conserve à l’appellation « festival » son obligation de produire des créations originales.

2021 sera donc une année bénie, même si les conditions d’accueil du public rendent la fête moins conviviale et pèsent sur les finances. Le festivalier, toujours passionné à Aix, pourra assister à un double programme, celui de l’année noire 2020 complétant celui initialement prévu cet été. Ce ne sera pas moins de sept opéras, auquel il faut ajouter une production en version concert, qui seront donnés dans la cité du roi René. Une neuvième œuvre lyrique était même annoncée, Woman at Point Zero de la jeune compositrice libanaise Bushra El-Turk, mais sa création mondiale au festival All Arias d’Anvers ayant été annulée pour des raisons sanitaires, sa création française prévue à Aix les 9 et 10 juillet a également été déprogrammée. On pourra certainement l’apprécier dans une prochaine édition, assure le festival. Seize concerts complètent cette promesse gourmande.

 

Deux créations contemporaines. Le festival n’en réduit pas moins son ambition contemporaine tout au long de ce mois de juillet où Aix résonnera des notes des milliers d’instruments convoqués. Il a passé commande à une compositrice finlandaise et à un compositeur israelo-palestinien. Kaija Saariaho signe Innocence, opéra choral créé avec la complicité de l’écrivaine Sofi Oksanen connue des lecteurs français pour son roman Purge qui a obtenu le Femina. L’argument situe le drame lors d’un repas de noces. Mise en scène par Simon Stone, l’œuvre est un des rendez-vous les plus attendus de cet été. Elle sera présentée au Grand théâtre de Provence entre le 3 et le 12 juillet.

C’est une autre écrivaine qui a inspiré la compositrice Samir Odeh-Tamini. La poétesse américano-libanaise Ethel Adnan a écrit L’Apocalypse arabe en 1975, lors de la guerre civile au Liban. Cette ode à la tolérance peint la violente attaque contre une culture qu’on ne peut pourtant détruire. « Chants entrecoupés de dessins mystérieux » prenant la forme d’un théâtre musical, L’Apocalypse arabe sera mise en scène les 4 et 5 juillet par le directeur du festival, Pierre Audi, lui-même né à Beyrouth.

 

Ouverture mozartienne. Mais, le 30 juin, l’ouverture du festival se fera dans la tradition, au Théâtre de l’Archevêché et avec un opéra de Mozart, Les Noces de Figaro. Là sans doute prendra fin le respect des coutumes, car la mise en scène de la néerlandaise Lotte de Beer, comme la direction de Thomas Hengelbrock, font pressentir un ancrage assumé dans la contemporanéité. Cette création mondiale, coproduite par le théâtre royal de Madrid, promet de rendre à l’adaptation que Lorenzo da Ponte fit de la pièce de Beaumarchais sa verdeur et sa provocation à travers les siècles quant à la morale conservatrice plaçant toujours l’ordre social au-dessus des sentiments et de la justice sociale. Andrè Schuen assurera le rôle-titre d’amoureux de Susanna, interprétée par la prodigieuse Julie Fuchs.

Figaro sera suivi, le lendemain toujours à l’archevêché, d’un autre personnage mythique, Falstaff, le personnage étalon du bouffon créé par Shakespeare. Verdi a composé à la fin de sa vie ce rare opéra bouffe pour lequel Barrie Kosky et Daniele Rustioni, le chef de l’Opéra de Lyon, dirigeront Christopher Purves et Stéphane Degout, Carmen Giannattasio et Daniela Barcellona.

 

Wagner, Monteverdi, Rimski-Korsakov. C’est à nouveau à l’australien Simon Stone qu’a été confiée la mission de mettre en scène le Tristan et Isolde de Wagner, opéra qui n’avait jamais été monté à Aix. Le maître Simon Rattle, dont la direction musicale à la tête du London Symphony Orchestra est toujours un événement, l’accompagnera dans cette création mondiale, lui qui avait signé le Ring der Nibelungen pour l’inauguration du Grand théâtre de Provence il y a quinze ans. Sur cette même scène, Simon Stone s’attaque donc à un autre des chefs d’œuvre wagnérien inspiré du roman médiéval. La soprano suédoise Nina Stemme et le ténor Stuart Skelton incarnent les rôles titre.

Licencié de son poste au conservatoire de Saint-Petersbourg pour avoir soutenu les révolutionnaires de 1905, Nicolaï Rimski-Korsakov compose Le Coq d’or, satire du pouvoir du tsar, sur une musique empreinte d’orientalisme. Cette nouvelle production du festival, initialement programmée pour l’édition 2020, voit le jour grâce aux répétitions techniques effectuées l’an dernier au théâtre de l’Archevêché par Barrie Kosky, et à sa création à l’Opéra national de Lyon en mai dernier sous la baguette de Daniele Rustioni, qui assurera à Aix la direction musicale.

Dernière œuvre lyrique présentée pour cette 73e édition, Combattimento, la théorie du cygne noir est une « méditation symbolique et baroque » imaginée par le chef Sébastien Daucé et la metteuse en scène Silvia Costa autour de compositions de Monteverdi, Rossi et Francesco Cavalli.

 

Seize concerts. Donné en version concert sous la direction de Daniele Rustioni, I due Fiscari  achève le cycle sur Verdi du chef de l’Opéra de Lyon, avec la complicité de belles voix verdiennes, le baryton Leo Nucci, la soprano lettone Marina Rebeka, Francesco Meli, Jean Teitgen, Adèle Charvet et Valentin Thill.

Seize concerts ponctueront ce mois de juillet aixois où l’art lyrique fait voyager en notes à travers les beautés mais aussi les conflits de notre monde. La mezzo-soprano Magdalena Kozena, servie par Simon Rattle et le London Symphony, chantera Richard Strauss et Gustav Malher. L’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Makela, le Balthasar Neumann Ensemble conduit par Thomas Hengelbrock et Duncan Ward sont également au programme avec des récitals de Nina Stemme, du contre-ténor Jakub Josef Orlinski, de la soprano Barbara Hannigan et de la violoniste Patricia Kopastchinkaja.

 

Festival d'Aix-en-Provence, du 30 juin au 25 juillet

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