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Mot de passe oublié ?Amazônia, exposition du photographe franco-brésilien Sebastião Salgado, fait escale au Palais des papes d’Avignon jusqu’au 30 novembre. Après sept années de voyages au cœur de la forêt amazonienne brésilienne, au contact de la nature luxuriante et de ses habitants, l’artiste en ramène 200 clichés saisissants. Des paysages grandioses en grand format, mis en valeur sur des panneaux lumineux ; des formats plus petits pour rentrer dans l’intimité de la vie quotidienne de douze peuples autochtones qui l’ont accueilli. Ce travail entièrement réalisé en noir et blanc a déjà été présenté au Philarmonie de Paris en octobre dernier, à la veille de la tenue de la COP 26 de Glasgow. Il faut dire qu’au-delà de l’esthétisme remarquable des œuvres photographiques, cette exposition résonne comme un cri d’alarme face aux effets du réchauffement climatique et du pillage de la planète par les humains, soulignant la gravité de la situation écologique de la Terre tout entière.
Une scénographie immersive. Amazônia bénéficie d’une scénographie évocatrice de l’immensité de la forêt et de ses dédales. Le visiteur circule entre les photos comme il le ferait au cœur d’une végétation si vivace qu’après chaque pas il cherche vers où cheminer. Mais derrière cet apparent désordre la logique du parcours se dévoile bientôt. Thème par thème c’est tout l’écosystème de ce territoire aujourd’hui en danger qui apparaît : le cycle de l’eau avec les méandres du fleuve et de ses affluents, les violents orages qui soudain crèvent le ciel, les montagnes s’élevant au-dessus la mer de la canopée, la végétation impénétrable, les ressources naturelles qui nourrissent les peuples autochtones. A chaque étape du voyage dans ce labyrinthe, des panneaux supportent des textes à vocation pédagogique. Comme superposés à l’image, ils viennent apporter les explications permettant de décrypter le spectacle grandiose.
Avec les peuples autochtones. Au cœur de ce périple, trois espaces semi clos symbolisent les huttes communautaires dans lesquelles se réunissent les habitants des villages. Des deux côtés de la paroi, des photos : portraits, cérémonies rituelles, scènes de la vie quotidienne que l’artiste a pu ramener en vivant en immersion dans ces villages. La plupart de ses communautés sont entrées en contact avec le monde extérieur il y a relativement peu, une vingtaine d’années pour la plus ancienne, dix-huit mois à peine pour la plus récente au moment des prises de vue. A ces reportages de dimension ethnographique s’ajoutent des installations vidéos présentant des interviewes de chefs de village ou de chamans. Tous témoignent de la manière dont ils ont vu évoluer la forêt, de leur espace de vie qui va en se rétrécissant au fur-et-à-mesure que progresse la déforestation. Mais malgré leur manière de vivre apparemment primitive, tous sont bien informés des enjeux climatiques, de la perte de la biodiversité, qui ne concernent pas seulement leur territoire mais aussi le vaste monde. Tous, au cours de leur propos, dénoncent la politique menée par Jair Bolsonaro en Amazonie, le permis de laisser faire accorder aux orpailleurs, aux compagnies minières et tout ce qui conduit à la déforestation et à la perte de biodiversité.
Une création inédite de Jean-Michel Jarre. L’immersion est d’autant plus tangible que la visite est accompagnée par une création musicale inédite de Jean-Michel Jarre. Le compositeur met en exergue l’univers sonore amazonien en utilisant des sons enregistrés dans la forêt : le bruissement des arbres, le cri des animaux, l’explosion des nuages en averses diluviennes, le chant des oiseaux ou le fracas des eaux se précipitant du haut des montagnes. Cette création a fait l’objet d’un album. Après la Philarmonie de Paris et avant Avignon, Amazônia a fait une tournée quasi-mondiale. Elle a été montrée à São Polo, à Rio de Janeiro, à Rome, à Londres avec à chaque fois un même retentissement.