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Art et sport : six mois d’Olympiade culturelle

par Pierre Magnetto
Dans le cadre de l’Olympiade Culturelle de Paris 2024, Clément Hervieu-Léger, sociétaire de la Comédie-Française, Bruno Bouché, chorégraphe et directeur du ballet de l'Opéra national du Rhin, et Daniel San Pedro, metteur en scène, se sont associés pour monter la pièce
Dans le cadre de l’Olympiade Culturelle de Paris 2024, Clément Hervieu-Léger, sociétaire de la Comédie-Française, Bruno Bouché, chorégraphe et directeur du ballet de l'Opéra national du Rhin, et Daniel San Pedro, metteur en scène, se sont associés pour monter la pièce "On achève bien les chevaux" inspirée du roman d’Horace Mc Coy sur les marathons de danse aux Etats-Unis. © Clément Hervieux-Léger / Paris 2024
Hors-Champs Croisement Publié le 15/03/2024
Les lieux culturels n’éteindront pas les lumières pendant les JO. Jusqu’au mois de septembre, plus de 2 100 événements artistiques et culturels se déroulent partout en France sous le label "Olympiade culturelle". Gratuitement, pour les ouvrir au public le plus large.

Un chef, Dylan Colay, qui dirige son orchestre juché sur un vélo, les conférences du Collège de France sur le sport à écouter sur France Culture, un grand spectacle d’art numérique à Saint-Denis autour d’un siècle de sports… De la danse, du cinéma, des concerts, du théâtre… Jusqu’au mois de septembre, ce sont pas moins de 2 100 manifestations culturelles qui sont proposées sous le label Olympiade culturelle. Les artistes, créateurs et institutions culturelles ont saisi l’occasion et les budgets dispensés pour viser un large public dans les lieux les plus divers autour des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ces manifestations sont libres d’accès et nul besoin d’être le théâtre de rencontres sportives pour prétendre au label. Si 43% des projets labellisés sont en région parisienne, plus de 1000 collectivités et communes en métropole et outre-mer sont concernées.

 

Un héritage du baron. Le projet lancé en 2021, soit la première année de l’olympiade définie comme la période quadriennale précédant les Jeux, est piloté par la Direction de la culture de Paris 2024, instance liée au comité d’organisation et dotée d’un budget de 13 millions d’euros, dont les deux tiers vont aux artistes et instances culturelles. Le ministère de la Culture apporte pour sa part 9 millions d’euros. L’objectif est de parvenir à élaborer une programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire n’excluant aucune discipline artistique. Certains commentateurs voient dans cette initiative une sorte de compensation pour atténuer l’impact des JO sur nombre de festivals et événements estivaux empêchés ou gênés du fait de la mobilisation quasi-exclusive des forces de sécurité sur les Jeux. Pour autant, pour obtenir le label, un projet doit satisfaire à au moins un des trois critères définis : « utiliser le sport comme thématique », « se tenir dans un lieu sportif ou en lien avec un événement sportif », « mettre en lumière les valeurs communes entre sport et culture ».

Les liens entre les arts et les Jeux Olympiques sont beaucoup plus étroits qu’on ne le croit et cela du fait de Pierre de Coubertin lui-même. 5 disciplines artistiques ont fait l’objet d’épreuves olympiques entre 1912 et 1948, date où elles sont abandonnées. Alors qu'il était président du Comité international olympique depuis 1896, Pierre de Coubertin obtint que plusieurs disciplines artistiques tiennent leur place dans la programmation des Jeux. En 1912 l’architecture, la peinture, la musique, la sculpture et la littérature firent leur entrée aux Jeux de Stockholm. Tout au long des éditions qui suivirent, l’impact sur le public connut des fortunes diverses. Les Jeux de Los Angeles en 1932 ont eu un retentissement incontestable, avec 1 100 œuvres créées pour l’occasion et la visite de près de 400 000 personnes au Los Angeles Museum. En 1936, aux Jeux de Berlin, les œuvres artistiques vont servir la propagande nazie, avec notamment la présentation du film Les dieux du stade de Leni Rienfestahl, cinéaste proche du régime. Après le peu de succès des compétitions artistiques de Londres en 1948, les Jeux d’Helsinki tirèrent un trait définitif en 1952 laissant place aux seules disciplines sportives.

 

Mobiliser le monde de la culture pour tous les publics. Les arts font un retour timide en marge des JO de 1954 avant de revenir en force avec le XXIe siècle où s’instaure enfin un dialogue entre art et sport. L’un et l‘autre ont beaucoup en commun, « des valeurs d’émancipation et de partage, le pouvoir de faire naître des émotions uniques, de nourrir des imaginaires communs, de nous rassembler et de laisser dans nos vies une trace impérissable », souligne la Direction de la culture. On pourrait ajouter à ces valeurs celles du dépassement de soi, de l’inclusion, de l’universalisme, de la recherche de l’excellence même si une différence demeure entre les deux mondes, l’Olympiade culturelle n’est pas une compétition.

L’Olympiade mobilise le monde de la culture dans son ensemble, les compagnies, créatrices et créateurs, écoles d’art, établissements culturels, clubs sportifs, collectivités… Les labellisations ont été accordées par vagues successives sur appel à candidature. Ont d’abord été visées les grandes institutions comme le Musée du Quai Branly qui présente le Parcours 2024, une sélection d’œuvres d’Océanie, d’Asie, d’Afrique et des Amériques mettant à l’honneur la pratique sportive, le corps en mouvement. Puis les collectivités territoriales sont entrées en partenariat pour des expositions, des spectacles, des résidences d’artistes, des performances en lien avec le parcours de la flamme olympique, lançant également leurs propres appels à projets en coordination avec la direction de la culture.

 

L’entrée du breaking en tant que compétition sportive. Du coup, les projets fleurissent. En Seine-Saint-Denis, huit lieux de création et de diffusion du spectacle vivant ont fondé le collectif La beauté du geste pour préparer des parades (On ne va pas se défiler) associant jeunes artistes contemporains et habitants du département. A Marseille, le FRAC, le MUCEM et le Musée d’art contemporain proposent Olympique, une expo en 3 volets interrogeant les liaisons entre art et sport à travers un grand nombre d’œuvres, de trophées, tableaux et photos sur la thématique du sport… Difficile de faire le tour de toutes les initiatives, aussi mieux vaut se tourner vers le site officiel de l’Olympiade culturelle pour consulter la carte de France des événements. Mais c’’est aussi avec l’arrivée de la flamme olympique, le 8 mai à Marseille, que les manifestations culturelles vont s’intensifier tout au long du parcours et des 65 relais, avec 400 villes traversées jusqu’au 26 juillet. Les 33e Jeux Olympiques seront alors déclarés ouverts. Ils accueillent cette année une nouvelle discipline, le breakdance (ou breaking, issu du hip-hop), preuve supplémentaire de la porosité entre culture et sport.

 

 

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