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Mot de passe oublié ?Arts de l’Islam, pour construire un autre regard
« J’espère que cette opération sera une stimulation et un intérêt nouveau, commente Yannick Lintz, commissaire générale de l'exposition Arts de l'Islam, un passé pour un présent. C’est probablement permettre aussi à beaucoup de voir la civilisation islamique avec un autre regard que celui du terrorisme et de la radicalité ». Un soin particulier est engagé pour expliquer les défis et les enjeux de cet événement inédit qui s'adresse avant tout aux jeunes générations de l'Hexagone. Un livret d’une quinzaine de pages présente l'exposition, les cartels qui accompagnent chaque œuvre présentée sont particulièrement développés, et un film est projeté dans chaque lieu d’exposition, offrant une échappée dans les pays d’origine de ces œuvres. Pour enrichir la visite, chacun peut consulter sur son smartphone un site internet de ressources numériques. Enfin, un espace de discussion pouvant accueillir entre vingt et trente personnes est intégré à chaque lieu. Tout est construit pour étayer ces connaissances, susciter les questionnements, avec des conditions qui encouragent le dialogue.
Des collections valorisées. L’événement Arts de l’Islam rend compte de chefs d’œuvre de l’art islamique précieusement conservés dans les dix-huit villes où sont organisées les expositions. À Angoulême, par exemple, sera présenté un coran associé à un étui, il est le seul exemple marocain des dix-huit expositions. Face au fonds d'Angoulême, la création contemporaine est représentée par Lena Merhej dont dix planches de sa nouvelle édition Elle raconte et me dit... la vie des femmes au temps du califat abbaside sont présentées au Musée du papier de la ville. Née en 1977 en Allemagne, Lena Merhej a écrit et illustré plus de vingt albums pour enfants dans le monde arabe, et co-fondé Samandal, premier fanzine et éditeur de BD du monde arabe.
La création textile d’Iran et de Turquie, très présente dans les collections des musées Bargoin et Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand, aura pour écho contemporain Istanbul Obsession, une sculpture tabernacle avec laquelle l'artiste turque Füsun Onur célèbre cet art. Quelques-uns des chefs d’œuvres du musée de Dijon témoignent eux des échanges noués avec le continent européen. Ainsi, l’Occident islamique est représenté par de précieuses boîtes de toilettes en ivoire ayant appartenu aux duchesses de Bourgogne et un coffret, au décor virtuose de marqueterie, du royaume arabe de Grenade au XIVe siècle.
À Figeac, le musée Champollion, dédié aux écritures du monde, présente une belle diversité de créations, du manuscrit peint à l’astrolabe ou aux coupes pharmaceutiques. À Limoges, des trésors du musée national de la Porcelaine Adrien Dubouché sortent de l’oubli. Mantes-la Jolie retrouve, à travers un film immersif, le très ancien tapis iranien dit « de Mantes », conservé au Louvre depuis 1912. Ce chef-d’œuvre de près de huit mètres de long évoque à travers ses motifs les activités favorites des princes de l’époque, entre chasses et plaisirs du jardin. À Marseille, les expositions dessinent les contours d’un monde islamique multiforme. À Saint-Louis (La Réunion), le Musée des arts décoratifs, qui développe un tropisme sur les collections indiennes de l’époque de l’empire islamique moghol, appuiera des influences océaniques. Dans cette exposition, Myriam Omar Awadi leur apporte un regard contemporain avec son œuvre autour du tissu traditionnel comorien, Chiromani, boule à facettes.
À Blois, Nancy, Nantes, Narbonne, Rennes, Rilleux-la-Pape, Rouen, Saint-Denis, Toulouse et Tourcoing aussi, les objets issus d’un art savant, de cour ou religieux rivalisent de raffinement, et rappellent la diversité des communautés religieuses au sein du monde islamique.
