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Mot de passe oublié ?Architecture et design sont indissociables du lieu et du projet du nouveau Design Museum de Londres. Le Néerlandais Rem Koolhaas l’a dessiné, le Britannique Sir Terence Conran l’a conçu. L'homme d’affaires et mécène avait fondé en 1989 le premier Design Museum dans un ancien entrepôt sur les berges de la Tamise. Cette fois, c’est sur la très chic Kensington High Street qu’il lui a donné ses quartiers. L’illustre designer, à qui l’on doit les magasins Habitat, les boutiques Conran Shop et une constellation de restaurants à la mode, en est le principal financeur à travers sa fondation.
Le bâtiment, d’une austérité et d’une humilité inhabituelles en France, est posé comme une énigme dans la verdure. Rien d’ostentatoire donc, c’est à l’intérieur que tout se joue. Un immense atrium central et lumineux, d’immenses escaliers donnant accès aux coursives et aux salles alentour, des couleurs pop acidulées contrastant avec la douceur des bois clairs. Les espaces sont nombreux, leurs volumes variés selon leurs fonctions : immenses et sans cloisons pour les expositions, cosi et petits pour les salons des membres, ouverts et aménagés en atelier workshop au dernier étage.
De la petite cuillère à la ville. Quelques semaines après son ouverture, l’heure est encore à la découverte : de l’exposition inaugurale Fear and Love (lire l'article), en place jusqu’au 23 avril, aux installations de jeunes designers au dernier étage, réunies sous un titre qui ne manque pas d’humour, New Old : Designing for our futures selves (lire l'article).
De part et d’autre, le design se révèle frontalement, avec sa capacité de séduction, de réflexion, d'invention. Des panneaux exposent les principes de la recherche du designer, qu’elles soient textiles, matériaux, urbanisme, etc. Ici, faire (making) est plus qu’un mot, c’est une expérience. L’espace design Maker User a pris la forme d’un labo de designer, à la fois exposition et invitation à expérimenter. Ici chacun peut s’attabler pour dessiner sur une feuille de papier puis adapter sur ordinateur. Une phrase introduit judicieusement cet espace : « Le design est un processus porté par les gens, pour les gens. En son cœur s’établit un dialogue entre trois participants clés : le designer, le fabriquant, l’usager ». Très concrète, la formule permet sans doute de mieux appréhender ce qu’il est complexe d’expliquer : le design se renouvelle sans cesse, il est toujours en train de se faire. Suivant l’évolution permanente de nos sociétés.
La pluridisciplinarité s’étale sous nos yeux, c'est la grande réussite du lieu. Histoire de rappeler que le design n’est pas que mobilier, architecture et mode, mais concerne tous nos usages, De la petite cuillère à la ville. Né à l’aube du XXe siècle avec les innovations en matière de mobilier, de verres et de céramique, le design est entré peu à peu dans une grande diversité d’applications pour intégrer aujourd’hui le transport, la santé, la sécurité… Une vidéo retrace, très vite mais parfaitement, cette diversité. Faisant défiler tous les effets du design sur nos comportements, nos usages, nos objets du quotidien. Démontrant, telle une utopie, que la compréhension de nos besoins est la matière première du designer.
Un vivier so british. Paul Smith, Tom Dixon, Terence Conran…, la Grande Bretagne compte de très grands designers. En janvier 2017, au Salon Maison & Objet de Paris, ce sont d’ailleurs six jeunes designer parmi les plus prometteurs du Royaume-Uni qui ont été mis à l'honneur. On a pu découvrir les broderies et textiles de John Booth, les objets de luxe conçus à partir de déchets de Studio Swine, les sculptures en résine de Zuza Mengham, les matériaux innovants de Giles Miller, les meubles en résine de Marcin Rusak, les objets en bois signés Sebastian Cox.
Le fait que le designer Terence Conran porte le Design Museum est un signe très encourageant pour les jeunes générations. De la réussite internationale d'un entrepreneur bien sûr, mais surtout de la reconnaissance d'une activité qui n’en a pas fini de grandir et recèle sans doute bien des solutions pour les années à venir. Tant elle répond, dans son principe, aux attentes et aux besoins formulés du citoyen acteur-consommateur.