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Avec la BIAC, le cirque d’auteur s’impose dans tout le sud

par Véronique Giraud
Brame de la Cie Libertivore, une création de Fanny Soriano, artiste à l'honneur de la BIAC 2023. À découvrir au théâtre Le Zef, scène nationale de Marseille. © Jérémy Paulin
Brame de la Cie Libertivore, une création de Fanny Soriano, artiste à l'honneur de la BIAC 2023. À découvrir au théâtre Le Zef, scène nationale de Marseille. © Jérémy Paulin
Arts vivants Cirque Publié le 09/11/2022
Le village des chapiteaux de la Biennale internationale des arts du cirque retrouvera les plages du Prado du 23 janvier au 22 février 2023. Depuis ce point d'ancrage marseillais, le cirque contemporain s'étend dans 34 villes du Sud. La femme est à l'honneur avec l'autrice Fanny Soriano.

Le cirque contemporain accomplit des pas de géants pour dire le monde d’aujourd’hui. A coups d’acrobaties, de danse, de portées, sur un fil, sur les mains, sur la tête, les corps virtuoses des circassiens prennent tous les risques et bouleversent nos sociétés sédentaires, apeurées, en quête d’identité et de sobriété.

À Marseille, où la compagnie Archaos de Guy Carrara et Rache de Andrade a amené il y a trente ans un art renouvelé sous les chapiteaux, c’est la cinquième Biennale internationale des arts du cirque. La BIAC, que le duo a créée en 2013 dans la métropole alors capitale européenne de la culture. C’est que, après avoir contribué à réinventer la discipline dans les années 80 aux côtés du Cirque Plume, Guy Carrara et Raquel Rache de Andrade sont convaincus qu’il est temps d’écrire l’histoire des trente dernières années du cirque contemporain, son répertoire, ses esthétiques et ses valeurs.

D’un festival à l’autre, d’une résidence à une autre, le duo a imposé les rendez-vous avec les autrices et auteurs de cirque, séduit les collectivités territoriales, convaincu de plus en plus de structures culturelles à accueillir cet art encore trop méconnu.

En 2023, avec pour point d’ancrage Marseille, le cirque se répand dans 34 villes de la région PACA grâce à l'accueil de 49 théâtres, salles, musées partenaires. Pendant le mois de la BIAC et ses 240 représentations, 100 000 spectateurs sont attendus. « La région est en train de devenir la région de référence pour le cirque contemporain » se réjouit Guy Carrara. Ajoutant que « le 16 novembre, nous recevons une délégation suédoise désireuse de créer une BIAC dans leur territoire ».

 

Suivez la femme. Parce que la création circassienne colle au plus près de la société et son actualité, on se réjouit que, pour la première fois dans l'histoire de la BIAC, une artiste femme soit à l’honneur avec une rétrospective de ses œuvres. Fanny Soriano n’est pas une inconnue à Marseille où elle a reçu le soutien et les encouragements d’Archaos, de la scène nationale Le ZEF et bien d'autres partenaires régionaux. Formée au Centre national des arts du cirque (CNAC) à la danse et à l’acrobatie aérienne, Fanny Soriano développe avec sa compagnie Libertivore un langage qui entremêle danse et cirque dans une exploration des liens entre l’homme, la nature, l’animal. Des interrogations et des préoccupations très actuelles… Après un triptyque consacré à la nature, composé de Hêtre (2015), du duo Phasmes (2017) et de Fractales (2019), pièce pour 5 acrobates, les relations humaines sont au cœur de Éther, une pièce que la pandémie a malheureusement privée de visibilité. « Nous allons produire tous les spectacles de la compagnie » annonce Raquel qui confie : « Moi et Fanny nous avons partagé la piste pour un spectacle d’Archaos, In Vitro. Je suis contente de voir ces éléments du répertoire repris ». Pour Fanny Soriano « Cette biennale est très importante. Ce seront les dernières représentations de Fractales à La Criée, et les premières de Brâme au Zef ». Cette ultime création, dont le public marseillais aura la primeur les 26 et 27 janvier, parle d’amour et met en scène des parades de séduction. Le spectacle est interprété par huit artistes dans une scénographie composée de quatre cordes lisses et quatre mâts chinois. Deux disciplines de cirque qui relient le ciel à la terre, l’espace aérien et le sol.

La femme sera aussi au cœur d’une des tables rondes entre professionnels qui, animées par deux circassiennes, questionnera la prise de risque de la femme au cirque avec les difficultés liées à la maternité.

 

Les premiers pas. « Soutenir les premiers pas d’un artiste c’est important », rappelle Isabelle Giordano, responsable du mécénat du groupe BNP Paribas et déléguée générale de la Fondation, rare mécène à soutenir les arts du cirque. C’est bien ce que réalise la biennale qui marque son soutien à cinq créations : celle d’une jeune compagnie guinéenne, Cie Circus Baobab, qui tourne en Europe avec son spectacle Yé !, puis I love two, déclaration d’amour de la compagnie nordique Circus I love you, et celle du collectif brésilien Instrumento de Ver, 23 fragments de ces derniers jours, qu’accompagne la circographe Maroussia Diaz Verbèke pour composer une nouvelle manière de faire du cirque, pièce par pièce, fragment par fragment, s’emparant d’objets du quotidien pour se donner la force de reconstruire ce qui se voit détruit dans leur pays. Enfin, Cœurs sauvages, dernière création de la Cie Les Colporteurs, explorera l’animalité humaine en cirque et en musique.

 

La Suisse à Marseille. Cette 5ème biennale ouvre grand ses chapiteaux au cirque helvétique. En invitant le Centre culturel suisse fermé pour travaux pendant deux ans à Marseille, le public pourra découvrir quelques spécimen de la nouvelle génération d’artistes. On y verra Marc Osteroff, avec Les promesses de l’incertitude, Julian Vogel sera à Arles pour une performance autour du diabolo qu’il fabrique en céramique. Arno Ferrara et La Horde dans les pavés seront eux à la Friche Belle de Mai : le premier pour Cuir, un corps à corps masculin évoluant entre traction et attraction, le second pour un parcours acrobatique dans la cour de la Friche.

Sous le chapiteau Magic Mirror du Village, une installation vidéo présentera en plusieurs courts métrages l’art singulier, comique et fantasque, de Martin Zimmermann qui, depuis plus de 20 ans, invente, chorégraphie et met en scène un théâtre visuel et physique sans paroles, mélange de cirque, de danse, de théâtre et d’installations scéniques spectaculaires.

 

Une BIAC engagée. Outre le souci de la diversité des lieux et des spectacles, les valeurs de la BIAC s'expriment sur plusieurs fronts. D’abord un engagement pour faciliter l’accès de tous au cirque avec 3 500 places vendues à 3 euros sous le chapiteau de la BIAC, et de nombreux spectacles de plein air gratuits. Engagée dans les défis écologiques et sociétaux RSO sur une durée de dix ans, la biennale rêve d’un chapiteau végétalisé avec énergie autonome et, concrètement, multiplie les actions éco responsables comme le chauffage du chapiteau avec la technique du brassage d’air, l’éclairage des spectacles et du site avec de la LED dernière génération et des relevés quotidiens, la réduction des déchets, l’utilisation d’une vaisselle réutilisable, le tri sélectif, etc. Côté restauration, le circuit court, les produits bio et la cuisine végétarienne sont privilégiés. Pour partager les expériences et poursuivre la réflexion, des tables rondes auront pour thème un management éco responsable, l’impact écologique dans le cirque.

 

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