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Avec Variations (Copies!) l’absurde monte en gamme

par Véronique Giraud
La 6eme édition du festival WET° s'est déroulée du au mars 2022 à Tours. © Gabriela Cais Burdmann
La 6eme édition du festival WET° s'est déroulée du au mars 2022 à Tours. © Gabriela Cais Burdmann
Arts vivants Théâtre Publié le 31/03/2022
Le festival WET° a programmé un curieux objet théâtral. Réglée comme du papier à musique, la pièce Variation (copies!), montée par la compagnie tourangelle FEU UN RAT!, défend un comique de répétition où le bizarre le dispute à la vengeance.

Sur le plateau, une scénographie à l’esthétique rigoureuse de symétrie exacerbe le contraste du rouge et du blanc. Dans cet environnement clinique à l’éclairage idoine, deux figures féminines attendent, raides sur leur chaise, de part et d'autre d'une porte d'évacuation surmontée d'un panneau lumineux Exit. Puis, chacune se meut en gestes saccadés, automatisés, telles deux poupées. Le silence est juste ponctué d’interjections, de courtes phrases que chacune ou l'autre répète mécaniquement, variant subtilement d’intention, modulant le ton.

 

Variations (Copies!). L'écriture de la comédie tient du dramaturge argentin Copi, dont Théophile Dubus a voulu s'inspirer. Le jeune metteur en scène, comédien et dramaturge a fait du processus d'inspiration d'œuvres anciennes sa marque de fabrique, point d'ancrage à sa propre partition théâtrale.

L’intrigue, mue par ces deux esprits malins, vêtus d’un rouge écarlate, aux gestes élégants, se répète sans vraiment se répéter, faisant s'étirer le temps et éloigner la réalité. Magde et Ludmilla boivent souvent du thé, changent de sexe, et auront en commun d'exécuter… un plan. Un plan conçu pour dominer l'autre, qui évoluera, de faux-semblant en mensonge, d'illusion en désillusion, jusqu'au crime. Faisant se côtoyer le sang et l'immaculé, puis apparaître de façon impromptue un doux Jésus descendu de la croix.

 

La musicalité. Les échanges entre l'étrange duo, mais sont-ce vraiment des échanges, créent une radicalité de pensée et d’être. La musicalité du langage, la précision de la gestuelle dominent et, si au début, l’intrigue titille nos esprits rationnels, elle est assez vite délaissée, remplacée par la danse agitée des deux figures robotiques. Rendant vain un sens qu’on croyait avoir capté.

Variations prend alors sa saveur sémantique. « Passer d’un état à un autre ». Ici de l'espoir au désespoir, du calme mutique à la violence assassine. Le long cheminement de la perte de sens fait alors théâtre. La performance audacieuse et singulière est servie par deux comédiennes irréprochables.

 

Variation(Copies!), un projet de, pour et par Miglé Bereikaité, Jeanne Bonenfant et Théophile Dubus. Texte et mise en scène Théophile Dubus, interprétation Blanche Adilon-Lonardoni et Jeanne Bonenfant. Représentations à Thélème, samedi 26 mars à 19h30 et dimanche 27 mars à 13h30. Dans le cadre de la 6e édition du festival WET° à Tours.

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