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Festival d’Avignon, un 70e anniversaire très politique

par Véronique Giraud
Affiche 2016 Festival d'Avignon
Affiche 2016 Festival d'Avignon
Arts vivants Théâtre Publié le 07/07/2016
En créant le Festival d'Avignon, Jean Vilar portait loin de Paris les auteurs classiques, et les plus grands comédiens du moment. En ce XXIe siècle, les auteurs contemporains sont flores, le metteur en scène est devenu la vedette. Le festival tente de faire écho à une actualité débordante, de créations et de thématiques brûlantes, de révolutions en marche et de libertés bafouées.

« Quand la révolution est impossible, il reste le théâtre », avance Olivier Py. Pour celui qui dirige le Festival d'Avignon depuis 2014, au théâtre sont préservées « les forces vives du changement à l’échelle de l’individu ». Le public en quête d’idées novatrices, de résistance intellectuelle devrait être comblé avec le programme annoncé.

 

Focus sur le Moyen-Orient. Offrir la tribune du festival à une région du globe défavorisée, tel est l'un des credo d'Olivier Py. Cette année, un focus est mis sur le Moyen-Orient avec six spectacles, un programme cinématographique et des lectures. Le syrien Abusaada met en scène un texte de Mohammad al Attar, Alors que j’attendais, l’histoire d’un jeune homme tombé dans le comas à la suite d’une bagarre, l’occasion pour la société syrienne de se retrouver autour de lui. La pièce, qui offre une vision intime et contemporaine d’une société qu’on ne connaît plus qu’à travers les conflits, est donnée au gymnase Paul Gérard, entièrement rénové.

De Beyrouth, sont proposés deux spectacles du chorégraphe libanais Ali Chahrour. Sa pièce Fatmeh est inspirée par deux grandes figures : Fatima, fille du prophète et à l’origine du schisme sunnite/chiite, et la grande chanteuse égyptienne Oum Kalsoum. Mêlant danse et chant, le spectacle évoque l’origine de la violence du Moyen-Orient. Pour son second spectacle, musical, il a demandé à une pleureuse de faire revivre sur scène les chants cultuels et cérémoniaux qu’elle a composés durant sa longue carrière.

Avec son spectacle Hearing, l’iranien Amir Reza Koohestani, raconte les douleurs de la vie à Téhéran par le truchement astucieux de l’interrogatoire de deux jeunes filles.

 

Un théâtre très politique. Mis bout à bout, des thème politiques émergent des spectacles programmés, comme un lien. Ils reviennent chez plusieurs auteurs, dans des pays très éloignés les uns des autres, de la Suède au Moyen-Orient. Le thème de l’impuissance politique est récurrent. Son corollaire, l'engagement, est porté par la nouvelle génération. L’autre thème qui revient souvent est celui de la montée des nationalismes ou du populisme. Une interrogation de l’Europe et bien au delà.

Ceux qui errent ne se trompent pas, la pièce de Kevin Keiss (éditée par Actes Sud Papiers), traite précisément de l’impuissance politique quand l’auteur se demande ce qu’il advient alors que, lors de l’élection nationale dans un pays imaginaire, la majorité des électeurs vote blanc. Pour Maëlle Poésy, qui met en scène le texte, « c’était l’envie pour la compagnie de travailler sur la question de l’aveuglement, autant politique que climatique. »

La Cour d’honneur ouvrira cette édition décidément très politique avec Les damnés de Luchino Visconti, dans une adaptation de Ivo Van Hove. Le metteur en scène belge, qui avait déjà adapté du cinéaste italien Ludwig et Rocco et ses frères, n’a pas voulu revoir le film, préférant travailler à partir du scénario comme s’il s’agissait d’une pièce de théâtre. Si dans son scénario des Damnés, Visconti évoque la montée du nazisme et la complicité des grandes puissances financières, nul doute que Van Hove y aura trouvé une analogie avec la société contemporaine.

C'est par cette représentation que la Comédie Française fait son retour au Festival d’Avignon. Olivier Py avait lancé l’invitation en fin de festival l’an dernier. Son comparse Eric Ruff, administrateur général de la célèbre troupe, a choisi Ivo Van Hove pour ces retrouvailles -  la dernière fois c’était il y a 23 ans. La Comédie française affrontera la Cour d’honneur avec une distribution étourdissante, Sylvia Bergé, Denis Podalydès, Guillaume Gallienne, Elsa Lepoivre, Didier Sandre… Une façon de donner un coup de jeune à la maison de Molière, comme l'évoque Eric Ruff dans une interview à l'Express : "Au Festival d'Avignon, nous allons nous mesurer à ce qui se fait de mieux en Europe. Nous aurons aussi la possibilité de toucher un public qui n'est pas le nôtre. Et, si le spectacle est réussi, il incitera sûrement de nouveaux metteurs en scène à venir créer des pièces chez nous. Notre maison doit revenir dans le concert des nations théâtrales".

 

Festival d'Avignon - Du 6 au 24 juillet

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