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Avignon : « Au cœur », Thierry Thieû Niang

par Véronique Giraud
"Au cœur"- La Chapelle des Pénitents Blancs à Avignon © Christophe Raynaud de Lage
"Au cœur" - La Chapelle des Pénitents Blancs à Avignon © Christophe Raynaud de Lage
Arts vivants Danse Publié le 08/07/2016
Tierry Thieû Niang est allé au plus profond de notre être pour dire la douceur du monde. En réunissant sur la scène les corps et les gestes d’enfants et d’adolescents, il ouvre une voie parallèle à celle de la colère.

Thierry Thieû Niang nous emmène loin des codes habituels du théâtre et de la danse. Le chorégraphe n’a pas choisi de montrer la virtuosité, la performance physique, il exerce son art avec des corps peu représentés, non professionnels, des corps vieillis, privés de liberté ou fragiles. En dernier lieu, ce sont les corps de collégiens et de lycéens, âgés de 8 à 18 ans. Un grand écart aujourd’hui où l’âge de l’enfance et celui de l’adolescence sont nettement distincts. Le chorégraphe a justement voulu les réunir sur la scène pour mener à bien six mois de travail qui ont abouti avec Au cœur.

Cette partition, élaborée avec treize jeunes et un musicien, Robin Pharo, à la viole de gambe, donne à voir une grande douceur, un défaut d’assurance presque apaisant. Pour les mots, il a fait appel à l'écrivain Linda Lê, elle aussi enfant de migrants et originaire du Vietnam comme Thierry Thieû Niang. Une œuvre de Claude Lévêque, en fond, exerce quelques apparitions lumineuses. L’écoute et le regard attentifs de Thierry Thieû Niang sont très perceptibles. On réalise que le chorégraphe n’a pas instrumentalisé les corps comme peut le faire la danse, il les a au contraire interrogé et trouvé leur propre langage gestuel, faisant sens et empathie. Il ne s’agit pourtant pas de montrer l’angélisme d’un âge des possibles, les gestes sont souvent arrêtés, les corps tombent, les visages se détournent, une jeune fille est même ensevelie sous des monceaux de vêtements. Ces tableaux sont appuyés par la puissance d’évocation de la viole de gambe. Le mal-être, le besoin d’amour, la douleur de ne pas être vu et écouté cheminent, doucement. Les voix s’élèvent en un harmonieux chant primat pour lequel la chanteuse Camille les a accompagnés. Un moment rare, suspendu, dans notre océan de colère.

Ce projet est destiné à être repris et retravaillé avec d'autres enfants et adolescents. Après l'été, Thierry Thiel Niang ira à Saint-Denis pour préparer avec des réfugiés primo-arrivants un Au cœur qui sera présenté en novembre au théâtre Gérard Philippe puis au théâtre Paris-Villette. En décembre, Au cœur sera au centre chorégraphique de Belfort puis en mai 2017 à Besançon aux 2 Scènes.

 

Au cœur - Chorégraphie : Thierry Thieu Niang - Scénographie : Claude Lévêque - Texte : Linda Lé - Musique : Robin Pharo - Chants travaillés : Camille Dalmais - Lumières et régie : Jimmy Boury - Avec en alternance : Pauline Abossolo - Eliott Allwright - Zoé Clément - Camille Deniau - Camille Dufour - Shana Lempereur - Thimothé Lopacki - Loris Mercatelli - Anna Razzia - Quentin Maximin - Mathieu Maximin - Dorine Parma - Pierre Tailleferd - et le musicien Robin PHARO (viole de gambe). Création 2016 : les 7, 8 et 9 juillet à la Chapelle des Pénitents Blancs - Avignon ; les 15, 16 et 17 juillet à l'église de la Chartreuse de Villeneuve les Avignon - les 21, 22 et 23 juillet à la Collection Lambert à Avignon.

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