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Avignon : la cie Shindô emprunte le narcissisme de Marguerite Duras

par Élisabeth Pan
Là où je croyais être il n'y avait personne, conception, texte Anais Muller, Bertrand Poncet avec Anais Muller, Bertrand Poncet. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Là où je croyais être il n'y avait personne, conception, texte Anais Muller, Bertrand Poncet avec Anais Muller, Bertrand Poncet. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Là où je croyais être il n'y avait personne, conception, texte Anais Muller, Bertrand Poncet avec Anais Muller, Bertrand Poncet. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Là où je croyais être il n'y avait personne, conception, texte Anais Muller, Bertrand Poncet avec Anais Muller, Bertrand Poncet. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Là où je croyais être il n'y avait personne, conception, texte Anais Muller, Bertrand Poncet avec Anais Muller, Bertrand Poncet. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Là où je croyais être il n'y avait personne, conception, texte Anais Muller, Bertrand Poncet avec Anais Muller, Bertrand Poncet. © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon
Arts vivants Théâtre Publié le 20/07/2022
"Là où je croyais être il n’y avait personne" est le second volet des Traités de la perdition, créations de la Compagnie Shindô. Prix Impatience 2021, la saga du duo comique Ange et Bert en appelle à Marguerite Duras pour questionner cette fois le narcissisme.

Dans ce second spectacle, le frère et la sœur Ange et Bert se prennent de fascination pour Marguerite Duras. Sous son nom de plume, l’autrice et scénariste Marguerite Donnadieu a bousculé le monde du théâtre au XXème siècle en explorant des thèmes comme l’amour, la sensualité féminine, l’alcool… C’est sur sa pièce Agatha, qui conte l’histoire d’un frère et d’une sœur tombant amoureux, que se concentrent les deux protagonistes. S'interrogeant sur le sujet et commençant à remettre en question leurs propres liens. Tandis que leur premier volet Un jour j’ai rêvé d’être toi faisait la critique du narcissisme et questionnait le fantasme d’être l’autre, ce second opus voit Ange se prendre pour Marguerite Duras au point de peut-être se perdre elle-même.

C’est pour son narcissisme, précisément, que le duo a choisi l’écrivaine. Bertrand Poncet, qui incarne Bert, l'évoque ainsi : « Elle parlait d’elle à la troisième personne. » Sa partenaire de jeu et d’écriture, Anaïs Muller, ajoute « Marguerite Duras avait la singularité de donner son avis sur beaucoup de domaines. En bien ou en mal. » Les deux dramaturges ne cherchent pas à faire ici un biopic, mais parlent de Marguerite Duras comme elle parlait d’elle-même. Ils tentent de voir le monde à travers ses yeux et d’incarner une part de ce qu’elle a été. Ils expliquent : « en allant sur les traces de Marguerite c’est sur notre propre chemin que nous écrivons. »

Les auteurs se retrouvent fascinés par cette femme pleine de liberté et de fantaisie. « Elle ne se censurait pas et c’est ce que nous essayons aussi de faire dans notre démarche d’écriture » explique Poncet. Après s’être penchés sur la représentation théâtrale dans leur premier opus, les auteurs se penchent ici sur les mécanismes de l’écriture. Se mettant à l’écriture après avoir tenté de lire L’Homme sans qualités de Robert Musil, l'ouvrage qui inspira à Duras sa pièce Agatha. « Cette répétition de l’intrigue va entraîner les personnages dans une sorte de trouble identitaire où ils auront de plus en plus de peine à démêler le vrai du faux » explique Muller. Apparaissent alors des questionnements sur l’interdit, le désir, la quête de la transgression.

Les personnages fétiches de la Compagnie Shindô entraînent alors les spectateurs dans une aventure touchante, pleine d’humour et de rebondissements. Brisant sans cesse le quatrième mur tout en restant dans leur univers, les protagonistes embarquent le public avec eux sans qu’il s’en aperçoive, et lui permettent de faire partie intégrante de leur monde le temps d’une pièce. « Ils sont un peu nous-mêmes et ils nous permettent d’être en permanence dans l’autodérision et de jouer avec le public. » dit Anaïs Muller pour les décrire. Elle poursuit : « Ces personnages nous permettent de parler du narcissisme, de l’avidité ou encore de la quête de gloire en jouant du décalage entre le fond et la forme. » La pièce a reçu le prix du jury du Festival Impatience 2021.

 

 

Là où je croyais être il n’y avait personne, de et avec Anaïs Muller et Bertrand Poncet, Cie Shindô. Gymnase du lycée Saint-Joseph, 22, 23, 24, 25 juillet.

En tournée : du 18 au 21 janvier 2023 au 104-Paris, du 15 au 16 mars à Poitiers, du 21 au 25 mars à Bordeaux, le 28 avril à Ferney-Voltaire, du 21 au 26 novembre à Reims. En octobre, la trilogie des Traités de la perdition se jouera au théâtre de Châtillon.

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