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Avignon : Richard III ou l’assurance magistrale d’Ostermeier

par Jacques Moulins
Lars Eidinger, magistral Richard III dirigé par Thomas Ostermeier © Arno Declair
Lars Eidinger, magistral Richard III dirigé par Thomas Ostermeier © Arno Declair
Arts vivants Théâtre Publié le 23/07/2015
En présentant au festival d’Avignon le Richard III créé à la Schaubühne de Berlin en février, Thomas Ostermeier affirme une nouvelle scène théâtrale européenne.

Thomas Ostermeier a plusieurs fois monté des pièces de Shakespeare au festival d’Avignon, notamment en 2008 dans la Cour d’honneur, avec un Hamlet particulièrement remarqué. L’acteur qui tenait le rôle titre, Lars Eidinger, avait alors emballé le public. Ces deux maîtres de la Schaubühne de Berlin, le metteur en scène et l’acteur, ont renouvelé leur exploit cette année à l’Opéra-comédie d’Avignon.

Depuis quatre siècles, les interprétations de Richard III n’ont pas manqué. Tantôt incarnation du mal absolu, tantôt Machiavel avant l’heure, souvent roi fou rendu méchant par son handicap alors appelé difformité. Richard III a aussi été revisité à l’aune des études historiques qui en font un roi ni pire ni meilleur que ses prédécesseurs, frères, oncles ou cousins, et surtout avili par la « communication » de son successeur Henri VII. Le dernier des Plantegenêt, et dernier roi de la famille York, en perdant la bataille de Bosworth, scène finale de la pièce, va laisser la place à la dynastie des Tudor. D’une réplique aussi connue que radicale, d’abord sussurée en rêve sur la scène avignonnaise : « My kingdom for a horse ».

 

Humain parmi les humains. Ce n’est en fait aucune de ces interprétations qui intéressent Thomas Ostermeier. Le metteur en scène a demandé à l'auteur Marius von Mayenburg de traduire la pièce en allemand en passant librement du vers originel à une prose plus directe, plus immédiate et en délestant la pièce de nombre de ses rôles secondaires, notamment le futur Henri VII. De la même façon qu’à Avignon cette année ont fait Olivier Py avec Le Roi Lear et Tiago Rodrigues avec Antonio i Cleopatra. La représentation des assassinats, complots et trahisons, qui font les relations entre les York et les Lancastre, est pourtant radicalement actuelle. D’abord parce que Richard III est un homme. Un humain comme nous, étranger au lyrisme et aux déclamations qui ont tant séparé la scène du public. En les rapprochant, Ostermeier ramène le roi maudit à sa condition humaine. Richard, ses frères Edouard et Georges, sa belle-sœur Elizabeth, les frères et fidèles de celles-ci Dorsey et Rivers, son cousin Buckingham, semblent venir poser leur royal contentieux au milieu de l’arène publique, ce flot d’autres humains spectateurs qui semblent comme une opinion publique silencieuse mais toujours interpellée, par des œillades, des digressions sur l’actualité (la venue de Manuel Valls ne pouvait être manquée par cette compagnie si fervente de politique). Si bien que les manœuvres de Richard pour accéder au pouvoir, les promesses faites mais non tenues à ses « électeurs », sa chute enfin pour avoir dépassé les bornes d’un certain consensus, ne dépaysent guère le public.

 

Proximité. Cette impression est encore accentuée par la proximité qu’impose la mise en scène aux jeux des acteurs. Richard peut être exagéré jusque dans sa voracité, il reste toujours l’un des nôtres. Une prouesse qui doit beaucoup à Lars Eidinger, acteur fabuleux, d’une aisance et d’une élégance si séduisantes. Mais également à toute la distribution, tant les acteurs semblent faire cause commune au service de la pièce et du théâtre, par delà leurs personnages. Non seulement la représentation est intelligemment orchestrée (au sens propre d’ailleurs, une batterie scandant les actes), mais en plus du plaisir qu’offre le spectacle, en plus d’une fidélité renouvelée à Shakespeare et à son œuvre inscrite dans l’actualité, elle confirme un théâtre qui se rapproche du public et entretient constamment une réelle complicité avec lui. Pas à la manière des années post-soixante-huit pavé de bonnes intentions et de discours péremptoires. Celui d’un siècle aux rapports plus immédiats avec les enjeux sociaux de son temps et les éternels humains, l’amour, la mort, la maladie dont Richard III n’est pas exempt.

 

 

Richard III a été créé en février dernier la Schaubühne de Berlin dont Thomas Ostermeier est le directeur depuis 16 ans. Sa relation avec le festival Avignon est constante. Dès 2001, avec une pièce de Marius von Mayenburg qui signe la traduction de Ricahrd III et la Mort de Danton de Büchner. Puis, en 2003, Une maison de poupée et un Woyzeck acclamé par le public. Parmi ces nombreuses représentations à Avignon, citons Hamlet en 2008 et, pour l’édition 2012, Un ennemi du peuple d’Ibsen. Outre Lars Eidinger, Richard III est interprété par Thomas Bading, Robert Beyer, Christoph Gawenda, Moritz Gottwald, Jenny König (Lady Anne), Laurenz Laufenberg, Eva Meckbach (Elizabeth) Sebastian Schwarz et le batteur Thomas Witte.

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RICHARD III. von William Shakespeare
Regie  Thomas Ostermeier
Bühne Jan Pappelbaum
Kostüme Florence von Gerkan
Mitarbeit Kostüme Ralf Tristan Scezsny
Musik Nils Ostendorf
Video Sébastien Dupouey
Dramaturgie Florian Borchmeyer
Licht Erich Schneider
Kampfchoreographie René Lay
Puppenbau Ingo Mewes, Karin Tiefensee
Puppentraining Susanne Claus, Dorothee Metz

Premiere am 7.2.2015
Schaubühne am Lehniner Platz, Berlin

Richard III - Lars Eidinger

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