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Mot de passe oublié ?Boris Gibé maintient le spectateur dans le noir. Pour lui, il ne s’agit pas de montrer mais de faire percevoir. L’absence de lumière fait alors naître l’espace fantasmatique qui sied si bien aux constructions de l’esprit. Pour sa dernière création, L’absolu, l’artiste circassien est allé jusqu’à concevoir et réaliser de toutes pièces une architecture fantasque. Ce n’est ni sous un chapiteau, ni dans un théâtre qu’il installe le public mais dans un silo. Un à un, les spectateurs montent les marches accrochées à la paroi métallique et s’assoient à cheval sur un strapontin. L’effet en spirale des têtes penchées par-dessus une lisse en bois est un spectacle en soi. Soudain, les têtes se lèvent, attirées par un étrange faisceau lumineux. Alors que l’on commence à percevoir une silhouette au travers d’une sphère opaque accrochée sous le toit, celle-ci se déchire et laisse échapper… un corps. Cet homme, dont on ne perçoit, grâce à un éclairage très étudié, que la silhouette ou le visage, ou un bras, fait une chute vertigineuse. L’homme se débat et s’active dans les airs et dans les profondeurs. Le sol se remplit peu à peu d’un matériau meuble sous lequel on devine les mouvements d’un corps avant d’apercevoir une main, puis un visage. Un système de cordage le ramène dans les airs. Les lignes de lumière transpercent l’espace du plafond au sol, qui se dérobe ou se remplit. Une spirale lumineuse apparaît, se forme, puis disparaît. Nuageuse, grumeleuse, vaporeuse, elle figure un infini qui absorbe l’homme, et au final le désespère au point qu’il tente par divers moyens de se faire disparaître, en se consumant, en se jetant dans le vide. L’atmosphère est glaçante. Point de salut dans l'enfer poétique de L'absolu.