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Mot de passe oublié ?Trois filles, trois garçons. sur le plateau. Leurs corps d’abord s’entremêlent doucement, bien serrés. De cette curieuse spirale humaine qui se tient debout, seules se détachent les mains qui enserrent l’autre. Tous d’ailleurs manient à merveille le main à main. Leurs corps sont projetés avant d’être rattrapés in extremis. Les uns grimpent sur les autres, fabriquant un être curieux, à deux, trois, voire six têtes. Celui qui se trouve sur les épaules ou sur la tête d’un ou d’une autre se plaît à regarder de sa hauteur, et loin dans le public.
Le caractère de chacun se distingue et crée une dramaturgie. L’une aime guider, l’autre minauder, la troisième tenir sur les bras. Les garçons, au regard doux ou rêveur, ne jouent ni de leur force, ni de leur haute taille, soutenus comme soutenant l'autre. Le masculin joue du féminin, le féminin se joue du masculin. Unis ou séparément, tous forment à un rythme effréné des figures dans les airs, ne s’arrêtant qu’une fois assemblés ou semblables. Tous cultivent leur différence, laissant parler leur corps et leur tempérament. Leurs poses virtuoses arrachent le sourire tant ils jouent la décontraction, l’absurde. Le rapport au public est permanent. Après une série de prouesses, ils regardent la salle. C’est pour eux et pour nous.
Les membres de la compagnie Kaaos Kamos ("Le chaos de la nuit polaire" en finnois et à l'envers) viennent de Suède, de Finlande, d’Allemagne, du Chili, de Nouvelle Calédonie. Leurs langues aussi s’entremêlent sur le plateau. Avec l'acrobatie comme pratique commune, tous les six explorent une virtuosité réjouissante, impulsent un élan d’une vitalité communicative. Voir se répondre si prestement langues et corps si différents tient de l’utopie.