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Circulation(s) 2021 : Pero Negro de Bruno Silva, déambulations en noir et blanc

par Élisabeth Pan
Arts visuels Photographie Publié le 17/03/2021
Le photographe portugais Bruno Silva suit depuis 2017 le cours de la rivière Rio Tinto, s’intéressant autant à son environnement qu’aux personnes qu’il rencontre en chemin et aux objets qu’il y trouve.

Bruno Silva travaille depuis plusieurs années sur ce projet, tout en exposant régulièrement au Portugal. Pour sa première exposition en France, il choisit de présenter des fragments déconstruits de sa série. « Je l’ai appelée Pero Negro, du nom du village où se trouve la rivière. C’est un nom sombre, qui signifie Cloaque Noir » explique-t-il. « J’ai trouvé que c’était un bon titre et j’ai décidé de ne pas le traduire, car j’aime comment il sonne en portugais. »

« Je me suis servi de la rivière comme guide pour photographier son environnement, puis j’ai découvert des histoires sur le territoire » commente le photographe qui a ainsi appris que, selon la légende, Rio Tinto était un lieu de guerre entre chrétiens et musulmans au Xème siècle, et qu’elle fut surnommée « Red river » (la rivière rouge), en raison du sang qui teinta son eau.

 

En suivant la rivière. Ces dix dernières années, ce n’est plus à une légende mais à la réalité que se trouve confrontée cette rivière : elle est la plus polluée du nord de Porto. « L’idée était de suivre la rivière pour montrer le problème de la pollution grâce au medium photographique » poursuit l’artiste. Au fil du temps, Bruno Silva récolte les objets qu’il rencontre sur son chemin. Il les scanne ensuite afin de leur donner un contraste noir et blanc saisissant. Il cultive ainsi son attrait pour l’ambiance du film noir, qu’il met dans chaque image. « Le noir et blanc sera toujours ma passion. Pas seulement les photographies, mais tout le procédé. Prendre son temps, penser, écouter de la musique, c’est lent. » Enseignant à Porto, spécialiste de la chambre noire, il raconte « J’ai séché certaines de mes photos dans l’eau de la rivière pour essayer d’y saisir l’impact écologique. »

 

Préserver l'intemporel. Pour Bruno Silva, ce qui prévaut est l’atmosphère que portent ses photographies. « J’ai essayé de montrer une perspective différente » dit-il en commentant son choix de mise en scène pour l’exposition du Centquatre. « Je suis obsédé par la scénographie » confie-t-il. Il est important pour lui que ses œuvres soient disposées de façon déconstruite, sans ordre de présentation, afin que les images ne puissent être situées dans le temps. C’est d’ailleurs ce qui l'a décidé à mettre en pause son projet pendant la pandémie. « J’aime l’idée de ne pas mettre de dates sur mes photos. On ne peut pas savoir quand elles ont été prises, et je pense que ça donne plus de puissance à mon travail. » dit-il. « Si je photographie quelqu’un avec un masque, je dis : ça date de 2020. Ce n’est pas ce que je veux. »

 

BIO : Bruno Silva est un photographe portugais né en 1983 travaillant dans les sphères du documentaire et de l’intime. Depuis 2017, il expose régulièrement son travail au Portugal. Cette même année, il est également lauréat de la bourse Emerging Documentary Photography by Manifesto de l’Institut de Production Culturelle et d’Images de Porto. En 2018, il remporte le grand prix du festival Estação Imagem de Coimbra au Portugal. Coimbra, ancienne capitale figée à l’ombre d’une des plus anciennes universités d’Europe, est aujourd’hui la troisième ville du Portugal. Comme tant d’autres étudiants portugais, Bruno Silva y a vécu ses années de jeunesse, et il y a même découvert sa vocation de photographe. De retour en 2018, il conçoit un journal nocturne où il capte le côté spectral d’un monde disparu.

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