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Mot de passe oublié ?La Fab, portrait d’Agnès B en coups de cœur artistiques
Les artistes la fascinent depuis toujours. Dans les années 70, alors que la jeune styliste au Magazine Elle crée une mode simple et pratique qu’elle signe Agnès B, Agnès Troublé a l'habitude de côtoyer les artistes américains et européens. Ce sont eux qui nourrissent son imaginaire et font écho à son propre besoin de liberté émancipatrice. Depuis ses débuts, les collections et l’implantation de ses boutiques ont toujours été accompagnées, soulignées, environnées de ses coups de cœur pour les artistes contemporains. Dans sa première boutique du 3 rue du jour, dans le quartier des Halles à Paris, Agnès B réserve les murs aux créations achetées ou prêtées. Alors que sa marque de vêtements quasi intemporelle se distingue dans l’univers de la mode, c’est par l’art qu’Agnès B fait aujourd'hui le plus parler d’elle. Constituée tout au long de sa vie, sa collection se compose de plus de 5000 pièces.
Styliste collectionneuse. Peu à peu les modèles se sont effacés, laissant la place aux œuvres d'artistes, et la galerie du jour a façonné la renommée de la collectionneuse, saluée en 2016 à travers l’exposition Vivre ! au musée national de l’histoire de l’immigration, puis l’été 2017 par la Collection Lambert à Avignon. C’est par son soutien permanent aux jeunes artistes, cinéastes, photographes et plasticiens, d'hier et d'aujourd'hui que son influence est perceptible. Il serait par ailleurs fastidieux de citer le nombre de films, d’expositions d’inconnus qu’elle a rendu possibles, d’événements pour lesquels elle a assuré la présidence. En dernier lieu, celle du Prix de la fondation Caritas, tout juste créé pour promouvoir les photographes qui œuvrent à rendre visible la pauvreté, la précarité.
« Ce qui m’importe c’est la force d’une œuvre, sa beauté et non pas sa « valeur »… C’est pourquoi j’aime découvrir de jeunes artistes empreints de doute, d’espérance aussi… souvent timides, peu habitués à être appréciés… J’ai fait de merveilleuses rencontres ». Il semble que rien n’est parvenu à éteindre cette étincelle merveilleuse depuis les années 80. Le sentiment d’immanence domine ses collections de prêt à porter comme il domine l’énergie qu’Agnès B déploie pour déceler des talents artistiques et les sortir de l’anonymat.
Un lieu sous contrôle. Cette alchimie transparaît dans La Fab, lieu refuge de tout ce qui compose l’univers de la styliste et collectionneuse, parisienne et internationale. On y entre par une exposition temporaire, trois sont programmées chaque année, et on poursuit le parcours des salles particulièrement spacieuses par une annexe de la galerie Point du jour. Tout Agnès B est là. Installée dans un lieu improbable du XIVe arrondissement de Paris. Elle aurait pu confier à une agence le soin de l’imaginer, elle préfère s’entourer d’une équipe, qu’elle remercie par un autographe à l’entrée de La Fab. Hormis sur les cartels apposés aux œuvres, l'élégante écriture d'Agnès B revêt les murs, sa marque, La Fab. Tout est sous contrôle.
L’exposition inaugurale parle de ses choix depuis ses débuts. Rien d’éclatant, mais les grands talents du moment sont là. De Jean-Michel Basquiat (sa première acquisition en 1983) à Hélène Tabouret, de Gilbert&George et Jean Claracq, chaque œuvre recèle une grande délicatesse, entre déchirure et effroi, entre allusion à un joli moment de vie et revendication. On perçoit le coup de cœur d'Agnès B pour chacune. Pas de calcul, juste l’envie d’accompagner, de soutenir, de préserver le souvenir d’une belle rencontre.
