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Mot de passe oublié ?Des mots et des arts, la visite guidée 2.0 dans Paris
Morgane Pfligersdorffer est historienne de l’art, Laure Benacin diplômée d’une grande école de commerce. Le discours trop souvent académique des visites classiques au musée, l'absence de médiation en galerie qui laisse le public démuni face à certaines propositions en art contemporain, ont décidé les deux jeunes femmes à créer leur entreprise en 2012. Des mots et des arts est née de l’envie de renouveler la visite guidée, d'offrir au métier de guide conférencier un nouveau ton, d’amener le public à mieux comprendre et ressentir les choses face aux œuvres d’art contemporain. « Les gens ne savent pas toujours qu’ils peuvent entrer librement dans les galeries, les aider à passer la porte, leur dire qu’ils peuvent s’adresser au galeriste pour lui poser des questions », c’est ce que souhaitait Morgane après avoir travaillé plusieurs années à la galerie Daniel Templon.
Un accès adapté. La société, qui privilégie les nouvelles expositions temporaires, s’articule autour d’une équipe d’historiens de l’art. « Chacun est spécialisé dans une période de l’histoire de l’art, nous concevons avec eux un programme de visites culturelles dans Paris pour visiter les expositions temporaires, découvrir des galeries d’art, explique Laure. La dimension humaine nous animait, et continue de nous animer, dans cette création entrepreneuriale. Nous avions à cœur de valoriser le travail de recherche de notre équipe d’historiens de l’art. Ensuite avec le public, on aime que se crée un échange au cours de la visite. »
Les événements d’actualité sont sélectionnés par Laure et Morgane, les parcours de galeries sont laissés à l’initiative des guides. « Nous apprécions que l’intervenant spécialisé dans tel domaine de l’art contemporain fasse la sélection qui lui semble la plus pertinente », explique Morgane. Il y a aussi le "midi galerie", un rendez-vous mensuel proposé un mardi de 13h à 14h : une heure dans une galerie pour découvrir l’exposition en cours, accompagné par un intervenant spécialisé. En mai, le rendez-vous était donné dans la toute nouvelle galerie BS, en présence de l’artiste exposé. « Nous voulons faciliter l’accès à ces visites. Nos créneaux sont adaptés aux gens qui travaillent, avec de nombreuses visites nocturnes, d’autres à l’heure du déjeuner », précise Morgane. Les visites, organisées pour 20 à 25 personnes, durent en général 1h30. Actuellement, Klee à Beaubourg, Apollinaire à l’Orangerie, Douanier Rousseau au musée d’Orsay, Seydou Keïta et Carambolages au Grand Palais…
Une économie de la culture. À une association, Laure et Morgane ont préféré la création d’une société, et tenté de trouver une économie de la culture. Après deux années de lancement et de structuration, Des mots et des arts a trouvé l’équilibre. « Les gens acceptent de payer pour une visite de qualité, avec une vraie valeur ajoutée à faire une visite d’exposition seul. Après leur première visite, les gens nous font toujours d’excellents retours », constate Laure. Après la visite, l’historien de l’art transmet une petite fiche à tous les participants, retraçant le contexte historique et descriptif de la visite. Un prolongement de la visite très apprécié ».
Côté musées, ces visites sont bien accueillies, des partenariats se sont même noués. C’est le cas avec le musée Jacquemard-André pour lequel les historiens de Des mots et des arts organisent les visites guidées des expositions temporaires, et les visites en famille quatre fois par an. Les galeries sont aussi bienveillantes, en les prévenant bien sûr à l’avance. Pour les petites galeries ou les nouvelles, c’est aussi une façon de se faire connaître auprès d’un nouveau public.
Des rendez-vous 2.0. Le site web desmotsetdesarts.com est bien sûr moteur pour l’entreprise. On y choisit les visites soit par thématique soit par date. L’inscription se fait en quelques clics, il suffit ensuite de se présenter le jour de la visite. « Nous avons voulu que le site soit facile à utiliser et le plus souple possible, pour un curieux ou pour un amateur d’art. Nul besoin de constituer un groupe de dix personnes ni d’appeler un musée pour savoir à quelle heure sont les créneaux », explique Laure. Les deux jeunes chefs d’entreprise réfléchissent d’ores et déjà à des projets de développement, des visites en anglais devraient être proposées cet été.
