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Emmanuel Gat, l’opéra comme décor musical

par Véronique Giraud
Emanuel Gat ©Julia Gat
Emanuel Gat ©Julia Gat
Arts vivants Danse Publié le 24/06/2022
Avec sa dernière pièce, qu'il présente au festival Montpellier Danse, Emanuel Gat juxtapose sa création chorégraphique au célèbre opéra "Tosca". Le drame musical enveloppe les corps de onze danseurs virtuoses.

Dans la salle baroque de l’Opéra Comédie, le noir se fait et la musique du 2ème acte de Tosca emplit l’espace et avec elle les voix de Maria Callas, Carlo Bergonzi, Tito Gobbi. Sur scène le rideau s’ouvre non pas sur un décor ni sur les personnages de cet opéra  de Puccini, mais sur le corps nu d’un danseur dont la lumière sculpte la musculature. À demi allongé, sa posture fait penser à l'Adam que Michel-Ange a peint au plafond de la Sixtine. Ses mouvements et ses gestes soigneusement chorégraphiés le mènent à vitesse folle à parcourir le plateau. Lorsque depuis les coulisses apparaît une danseuse qui s’approche au plus près des spectateurs, il sort de scène. Suivent les mouvements trépidants de la danseuse. Tout au long de la pièce, Emanuel Gat fait apparaître et disparaître ses onze danseuses et danseurs en va-et-vient virtuoses. Les pas de danse ne sont en rien guidés par la partition musicale. Alors que le piège tendu par le baron Sciarpia se referme sur Tosca, les 2ème et 3ème actes sont conduits par Georges Prêtre dans un enregistrement de 1965. Si l’ouïe du spectateur est happée par la beauté des voix et des instruments, le regard est lui captivé par les ondulations de la chevelure dénouée des interprètes, par leurs muscles travaillés.

Habitué du festival, et très apprécié du public de Montpellier Danse, le chorégraphe israélien livre ici une création qui contraste avec sa dramaturgie habituelle. S’appuyant sur la familiarité que le public entretient avec la Tosca, Emanuel Gat expérimente la façon dont sa création chorégraphique résonne avec l'opéra. Sans qu’aucun lien visible ne se forme entre musique et danse. Pour percevoir un lien, il faut comprendre l’émotion que l’artiste entretient avec Tosca, née de son expérience en 2002 en tant que danseur pour la pièce du chorégraphe Javier de Frutos, qui utilisait le deuxième acte de l'opéra. Deux ans plus tard, la chorégraphie de sa pièce SACRE s’était déjà éloignée des thèmes du Sacre du printemps de Stravinski.

Ce parti pris radical semble être une évidence pour Emanuel Gat, servi par des danseurs exceptionnels qui se donnent, guidés par leurs propres émotions. Le spectateur n’y a bien sûr pas accès, pourtant un lien se construit tout au long de l’œuvre, invisible, indicible.

 

Act II&III or The Unexpected Return Of Heaven And Earth, une pièce d’Emanuel Gat. Créé avec et interprété par : Eglantine Bart, Thomas Bradley, Robert Bridger, Gilad Jerusalmy, Péter Juhász, Michael Loehr, Emma  Mouton, Eddie Oroyan, Rindra Rasoaveloson, Ichiro Sugae, Sara Wilhelmsson. Montpellier Danse, Opéra Comédie 22 et 23  juin 2022 à 21h.

 

Artiste associé à Chaillot – Théâtre national de la Danse en 2018-2019, Emmanuel Gat est actuellement artiste associé à l’Arsenal – Cité Musicale de Metz.

En 2020, en pleine pandémie, il crée pour le festival Montpellier Danse LOVETRAIN2020, une œuvre pour quatorze danseurs sur la musique de Tears for Fears. Le chorégraphe a été accueilli en résidence à l’Agora – Cité internationale de la Danse à Montpellier.

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