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Mot de passe oublié ?Le numérique nous concerne tous, mais quand les artistes s’en mêlent, le regard sur la technologie se fait critique. Les formes spectaculaires, sensibles, qu’elle leur inspire ont la force de s’adresser au plus grand nombre. Leurs langages formels renvoient, comme autant de miroirs réfléchissants, les potentiels vertigineux de ces innovations comme les dangers auxquels ces mêmes innovations exposent. Sollicitant les imaginaires, ce sont les usages communs et quotidiens que les artistes décryptent. Ces créations, la Biennale des imaginaires numériques les diffuse depuis sa première édition en 2018 à Marseille et Aix-en-Provence (un duo rare), et cette année à Avignon, Istres et Arles. En parallèle, un premier Marché des Imaginaires Numériques contribuera, entre salon et rencontres professionnelles avec les institutions et les entreprises, à représenter le poids sociétal et économique de la création numérique, ses modes de financement, et à interroger la question de la coopération à travers ses modes de collaborations souvent pionniers. Plus de 40 nationalités participeront à ce tout nouveau rendez-vous.
Nouvelles dimensions dans l’espace public. L’événement se veut rassembleur et plusieurs incursions dans l’espace public marqueront les esprits. En particulier à Aix-en-Provence où les jardins du Pavillon Vendôme et de la villa Sacem, le Cours Mirabeau, la place d’Albertas et la fontaine de la Rotonde se pareront les 8 et 9 novembre des créations lumières d’artistes internationaux, du mapping de Jùlia Lema Barros à Architecture Social Club, 1024 Architecture et d’autres. Un parcours des œuvres s’offre aux visiteurs, il est gratuit sur réservation.
De performances en expositions. Si les créations numériques se font spectaculaires, emportant l’adhésion et l’admiration du public dans la ville, les nombreuses expositions partagent les recherches et réflexions d’artistes menées autour de l’impact du numérique sur l’identité, la sécurité, l’intelligence artificielle, autant de pratiques entrées dans nos quotidiens mais pas toujours bien comprises. Elles occuperont musées, théâtres, centres d’art, deux chapelles, un couvent… Ces créations témoignent de la porosité entre les disciplines, renouvelant les techniques et les esthétiques. Elles concentrent la vidéo, la photographie, la sculpture (Jenny Kristina Nilsson), l’installation, l’art vivant, la photographie, la musique… Interrogent la littérature (Rachel M. Cholz), le jeu vidéo comme instrument politique, le piratage (Addie Wagenknecht), les sites de rencontres (, le corps (Martin Messier), nos sens, la vie privée, le sport (performance Sprts Group), l’environnement… Spectaculaires aussi les performances et les concerts au programme de l’édition du 6 novembre au 19 janvier 2025. Au total quelque 136 artistes à voir et à entendre, répartis dans 32 lieux.
Le plaisir en commun. Les organisateurs ont voulu cette année réunir le public autour de la notion de plaisir. En entrée en matière, l’œuvre Délices du trio d’artistes numériques néerlandais Smack. Leur trilogie de nos vies contemporaines, qui s’inspire du triptyque de Jérôme Bosch, le jardin des délices, occupera avec malice l’espace Panorama de la Friche la Belle de Mai. « Le plaisir est souvent utilisé comme un moyen de contrôle politique, estime Mathieu Vabre, directeur artistique de la Biennale et fondateur de la biennale. À l’ère numérique, la question du plaisir se fait encore plus prégnante car elle se manifeste au travers des algorithmes de recommandation et de personnalisation ».
Collaborant étroitement avec Mathieu Vabre, commissaire des événements artistiques, Céline Berthomieux, co-directrice de la Biennale, a développé des partenariats avec les entreprises et les institutions du territoire. Le duo a en commun de percevoir dans la création numérique un champ pluridisciplinaire qui dépasse largement les limites de l’artistique pour plonger directement dans les comportements sociétaux de nos contemporains.
La reconnaissance de la biennale évolue rapidement. Pour cette édition, Chroniques a reçu quelques 900 dossiers de candidatures. Ils étaient 300 il y a deux ans. Les initiatives de la biennale des imaginaires numériques rejoignent celles de Gilles Alvarez, directeur de NEMO, biennale internationale d’Île-de-France créée en 2015.
Ces deux festivals sont les seuls en France à programmer des artistes et chercheurs de l'univers numérique. Ils offrent une ampleur à ce phénomène créatif passionnant, et un temps conséquent pour que le grand public ait la possibilité d’appréhender réflexions et imaginaires d’artistes qui portent leur regard sur la société contemporains et ses usages du numérique.
Biennale des Imaginaires Numériques. Aix-en-Provence, Marseille, Avignon, Arles, Istres, du 7 novembre 2024 au 19 janvier 2025.