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Épinal trace un portrait de la BD

par Jacques Mucchielli
Détail d’une planche de 1901 signée Benjamin Rabier pour l’éditeur Pellerin à Épinal. DR
Détail d’une planche de 1901 signée Benjamin Rabier pour l’éditeur Pellerin à Épinal. DR
Arts visuels Arts plastiques Publié le 08/06/2021
L’exposition estivale du musée d’Épinal "L’imagerie populaire aux origines de la bande dessinée" trace un portrait historique de la BD et de ses lointains précurseurs. Une reconstitution passionnante de l’image et de ses pouvoirs.

L’image est désormais bien ancrée dans notre culture quotidienne, relayant l’information, imposant son esthétique, proposant sa lecture du monde. Un rôle qui n’est pas tout à fait nouveau, comme le rappelle L’imagerie populaire aux origines de la bande dessinée, l’exposition temporaire qui s’ouvre le 26 juin au musée d’Épinal. Édification à partir d’images religieuses, cartouches à teneur morale à l’attention de la jeunesse, caricatures à caractère politique ou social : dès ses origines, l’idée d’un continuum d’images faisant histoire, avec ou sans bulles, s’attachent aux valeurs de la société.

Christelle Rochette, commissaire de l’exposition et directrice du musée, donne d’abord à voir des dessins du XVIIIe siècle en une seule image avec un texte qui décrit la scène. Elle rappelle l’usage médiéval du phylactère, ces bulles qui donnaient paroles aux figures de nobles et de saints. D’autres images du début du XIXe siècle commentent tout autant l’actualité politique que les faits de société, comme cette image avec bulles datée de 1797 qui illustre la Grande querelle entre le mari et l’épouse, à qui portera la culotte et commandera dans le ménage.

 

Le terme « bande dessinée » ne fait son apparition qu’en 1930. Ce format est alors réservé aux enfants et prend son essor avec Tintin, puis Spirou, à la fois personnages et journaux pour la jeunesse. Il faudra attendre les années 70, avec des auteurs comme Hugo Pratt, pour atteindre un public plus adulte, devenu aujourd’hui premier lecteur de BD.

Mais le concept est bien plus ancien. Il émerge déjà dans l’image dite « à vignettes », plusieurs images commentées sur un seul feuillet, qui séduit à cette époque les imagiers parisiens, vite imités par ceux des provinces comme Pellerin, ou Castiaux et Bloquel à Lille. Le travail se complexifie avec les historiettes « en gaufrier » regroupant une douzaine d’images sur une seule planche. C’est le Suisse Rodolphe Töpffer (1799-1846) qui fait faire un bond considérable à cette imagerie souvent enfantine et moraliste en créant des scénarios de fiction. Ses planches sont publiées dans les journaux et, déjà, sous forme d’albums, ce qui en fait le père incontesté de la bande dessinée.

La presse satirique, avec Caran d’Ache, Willette ou Benjamin Rabier, va se saisir de ce mode d’expression ironique et populaire et faire le succès d’éditeurs avant la première guerre mondiale. C’est en 1908 que paraît la première aventure des Pieds nickelés de Louis Forton, adressée à un public jeune mais déjà subversive. La bande dessinée contemporaine y acquiert ses formes actuelles.

 

Cinq dessinateurs et publicitaires à l’honneur. L’exposition du musée de l'image honore d'un focus cinq dessinateurs précurseurs de la bande dessinée de la fin du XIXe siècle. Ils furent également des publicitaires de renom. Marius Rossillon, dit O’Galop, est connu pour son Bibendum Michelin. À Théophile Alexandre Steinlein on doit la célèbre affiche du Chat noir pour le cabaret parisien du même nom et de nombreuses planches enfantines, comme Firmin Bouisset, créateur de l’écolier LU et de la fillette du Chocolat Poulain. Christophe, de son vrai nom Georges Collomb, est l’auteur des aventures de la famille Fenouillard et du Sapeur Camember. Enfin Benjamin Rabier, par ailleurs dessinateur animalier réputé, créa la Baleine du sel des Salins.

 

L’imagerie populaire aux origines de la bande dessinée. Exposition du Musée de l'image, Épinal du 26 juin au 2 janvier 2022.

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