espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Portrait > L’art d’Ernest Pignon-Ernest : une image, un lieu

L’art d’Ernest Pignon-Ernest : une image, un lieu

par Véronique Giraud
Ernst Pignon-Ernest,
Ernst Pignon-Ernest, " Durban, Soweto" 2002. Après la révolte de Soweto du 16 Juin 1976, manifestation d’écoliers et de lycéens noirs réprimée dans le sang par la police blanche de l’apartheid, une photo de Hector Petersen, 12 ans, que l’on voit sans vie dans les bras d’un homme fait le tour du monde. Ernest Pignon-Ernest reprend cette scène en la transformant. La différence : le mourant a été fauché par le sida. L'artiste est allé coller ses sérigraphies sur les murs de Soweto et de Warwick, un quartier de Durban. ©Ernest Pignon-Ernest
Arts visuels Arts plastiques Publié le 23/11/2016
À 74 ans, Ernest Pignon-Ernest fait plus que jamais l'actualité. Non pas dans le sens que celle-ci a prise avec la frénésie de l'ère Internet, non pas avec des images qui font le buzz puis s'oublient. Ses images sont des dessins et, dans les lieux du monde où elles sont collées, font œuvre d'humanité.

Pionnier de l'art urbain à la fin des années 60, Ernest Pignon-Ernest regarde les artistes du street-art comme une évidence. Alors qu'il a débuté à une époque où la contestation était un moteur des expressions artistiques, il n'a jamais collé d'affiches dans la rue, il conçoit des images. Inspirées par les histoires d'hommes dont il fait des portraits saisissants, grandeur nature. Inspirées aussi par des endroits où le passé n'a pas laissé de trace mais que son dessin fait interroger. Ses images, il les colle la nuit, après avoir avoir longuement repéré et inspecté les lieux. La matière du mur, le rapport à la lumière et aux aller venues des passants, à l'histoire oubliée, tout cela compte dans l'intervention du sujet dessiné.

Celui qui se rêvait peintre. Ultra-sensible aux combats individuels, poétiques et politiques, Ernest Pignon-Ernest a vite ressenti que le dessin était un geste plus engagé que la peinture, parce que plus empreint d'humanité. Sa première émotion d'artiste de l'image, il l'a eue dans le Vaucluse où il était venu s'installer pour s'entourer des beautés du paysage. À cet endroit, devait s'implanter la première usine nucléaire française. Avec l'intuition que son art pouvait proposer une vision parallèle de l'événement, le dessin s'est imposé devant la peinture. Ses grandes images, quand elles sont posées au-dessus d'une autoroute du sud de France ou dans une ruelle de Naples n'ont pas le même sens, ou plutôt une multiplicité de sens.

Son actualité est foisonnante elle aussi. Depuis juin, une rétrospective de son œuvre, 50 ans de travail, est organisée jusqu'en janvier 2017 au Mamac de Nice, la ville où son père est venu se réfugier, tout comme celui de Christian Estrosi, rappelle-t-il. Après avoir été collé à Rome, Naples, Matera et Ostia, son dessin "Si je reviens" : Pasolini assassiné (2015) a fait plusieurs étapes, il s'arrête à Genève jusqu'au 25 novembre. Enfin, à partir d'aujourd'hui, la galerie Lelong à Paris présente une sélection de ses "Estampes récentes", de son "Arthur Rimbaud" (1978) à ses "Extases" (2008) et à "Pasolini" (2015). Des tirages réalisés au Studio Franck Bordas à Paris et édités par Lelong Editions.

Partager sur
à lire aussi

Quand Ernest Pignon-Ernest fait resurgir Pasolini sur la plage d'Ostie
Fermer