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Ex Africa, un manifeste d’art contemporain au Quai Branly

par Véronique Giraud
Arts visuels Arts plastiques Publié le 22/06/2021
Philippe Dagen a sollicité 39 artistes, africains ou dont le travail est en lien avec l'Afrique, pour réfléchir aux liens qu'entretient l'art contemporain avec l'art africain classique. Les points de vue, émancipés de toute récupération, éclairent une incompréhension entretenue par les Occidentaux.

Ex Africa est une invitation aux artistes, africains ou dont le travail est en lien avec l’Afrique, à revendiquer, renommer, reformuler leurs liens à l’art africain classique. Il en résulte un dialogue formel qui apprend beaucoup sur les « fétiches » et « objets » collectés au XXe siècle par les Européens vivant de la traite des esclaves. Relégués dans un « primitivisme » et ainsi éloignés à jamais de leur histoire et de la connaissance de leurs auteurs, ces objets ont pourtant inspiré le plus grand bouleversement esthétique du XXe siècle. L’exposition met en regard plus de 150 œuvres d’artistes contemporains de toutes générations et origines pour décrypter les relations qui unissent la scène actuelle et les arts africains anciens depuis la fin du 20e siècle.

Alors que se pose pour les musées, dont le quai Branly dédié aux arts premiers, la question de la restitution dans leur pays d’origine des œuvres spoliées, Ex Africa exprime la belle vitalité des arts africains et leurs cultures, heureusement sans cesse interrogées par des artistes, dont les histoires et les spiritualités furent ignorées par les Occidentaux qui les collectionnaient pour leur exotisme. S’émancipant de toute récupération, les 36 artistes contemporains réunis par l’historien d’art Philippe Dagen, commissaire de l’exposition, expriment leurs liens avec l’art d’Afrique : Chéri Samba interpellant Picasso dont les œuvres les plus radicales s’inspirèrent de l’ « art nègre », Bertrand Lavier reproduisant les formes iconiques africaines avec des matériaux industriels, les frères Chapman exposant le ridicule d’œuvres pastiches célébrant les icônes de consommation planétaires (Mac Do en particulier), Kader Attia s’emparant une fois encore de la notion de réparation. Des créations nouvelles, d’Annette Messager, Gloria Friedmann, Myriam Mihindou, Kader Attia, Pascale Marthine Tayou, Romuald Hazoumè, Théo Mercier ou Emo de Medeiros, ont été conçues pour l’exposition. Le dispositif Trophée de Myriam Mihindou, qui associe vidéos, sculpture et photographies, évoque les destructions engendrées par la Révolution Française et le sens des objets de mémoire. Pour l’artiste née en 1964 au Gabon, les masques anciens africains « c’est une culture de l’immatériel, une culture d’initiés ».

Auteur de deux ouvrages sur le « primitivisme », Philippe Dagen assène un grand coup à cette notion et ses sous-entendus en faisant débuter le parcours de l’exposition par une confrontation magistrale des œuvres de A.R. Penck, Jean-Michel Basquiat, Antoni Clavé et James Brown à celles de Chéri Samba.

 

Ex Africa, présences africaines dans l’art d’aujourd’hui. Jusqu’au 27 juin Galerie jardin, Musée du Quai Branly.

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